Le premier porte un nom fort connu : Ali Triki, l’ex-ministre des Affaires étrangères et des Affaires africaines et représentant de la Libye aux Nations unies jusqu’en 2009 avant de présider l’Assemblée générale de l’ONU jusqu’à fin décembre. Le conseiller du colonel Kadhafi n’a pas dit s’il allait passer à l’opposition qui veut chasser le leader libyen du pouvoir.
Le second est Abdelati Laabidi. Le vice-ministre des Affaires étrangères et vice-ministre pour les Affaires européennes est arrivé en début de semaine au poste-frontière tuniso-libyen de Ras Jdir, dans une voiture officielle libyenne avec un véhicule d’escorte.
Le 28 mars dernier, Kadhafi a perdu l’un de ses hommes de confiance de la même manière. Moussa Koussa, le ministre des Affaires étrangères était arrivé en Tunisie par le même chemin accompagné de Abdelati Laâbidi. Officiellement pour une «visite privée» à Djerba. Deux jours plus tard, l’ex-chef des services de renseignement a pris un vol Swissair pour Londres et le vice-ministre a regagné Tripoli par route.
Ces défections en cascade laissent perplexes sur plus d’un plan, notamment leur agenda. Curieusement, elles coïncident avec l’arrivée à Londres de Jean Ping, le président de la Commission de l’Union africaine, pour des entretiens avec le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, et le ministre d’Etat chargé du Développement international, Andrew Mitchell, avant de se rendre au siège de l’Otan à Bruxelles pour expliquer la Feuille de route proposée par le comité ad hoc formé par l’organisation panafricaine pour résoudre cette crise, l’arrivée à Benghazi d’une «délégation» britannique pour une «mission secrète», selon Moustapha Gheriani, le porte-parole du Conseil national de transition, et l’offre du prix Nobel de la paix sud-africain, Desmond Tutu. Ce dernier a suggéré comme porte de sortie à la crise libyenne de donner la garantie à Kadhafi qu’il échappera à la justice.
Comme pour confirmer que l’issue de cette crise sera politique, le président américain Obama a réduit hier drastiquement sa participation militaire à l’opération de l’Otan en retirant, en particulier, les avions A10-Thunderbolt et AC-130, que les Français et les Britanniques n’ont pas et sans lesquels l’opposition ne pourra pas prendre Tripoli. Argument avancé par Obama : la mission de l’Otan est de protéger les populations civiles et de créer les conditions d’un changement politique et non de provoquer ou de renverser Kadhafi.
La crise libyenne connaîtra-t-elle une issue politique dans les prochains jours avant qu’elle ne s’«irakise» ou ne succombe à l’offensive de charme d’Al-Qaïda ?