« Si nous n’agissions pas, la famine va se propager aux huit régions du sud de la Somalie dans les deux mois à cause des mauvaises récoltes et des épidémies de maladies infectieuses », a déclaré le Coordinateur humanitaire des Nations Unies pour la Somalie, Mark Bowden.
« Nous n’avons toujours pas toutes les ressources en alimentation, en eau potable, abris et services de santé pour sauver des vies de centaines de milliers de Somaliens dans le besoin », a-t-il ajouté.
« Chaque jour de retard dans l’assistance signifie littéralement la mort d’enfants et de leurs familles dans les zones affectées par la famine », a-t-il prévenu.
L’agence onusienne précise que la famine est déclarée lorsque les taux de malnutrition aigüe des enfants dépassent 30%, que plus de deux personnes sur 10.000 meurent par jour et que la population n’est pas en mesure d’avoir accès à la nourriture.
Marc Bowden a tiré la sonnette d’alarme sur les taux de malnutrition qui sont aujourd’hui les plus élevés au monde, avec des pics à 50%, dans certaines zones du sud de la Somalie. Dans le sud de la région de Bakool et du Bas Shabelle, les taux de malnutrition aigüe des enfants dépassent les 30%, avec dans certaines zones plus de 6 enfants de moins de cinq ans sur 10.000 mourant chaque jour. Ces derniers mois, des dizaines de milliers de personnes sont mortes des causes liées à la malnutrition, la majorité sont des enfants.
Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a déclaré le 20 juillet que 11,3 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire en raison de la sécheresse dans la Corne de l'Afrique. Le PAM a également érigé la situation au rang de priorité absolue nécessitant le plus haut niveau d’action, tout en soulignant ses inquiétudes quant à la possible envolée des taux de mortalité.
« Le PAM, avec le soutien de nombreux partenaires, renforce depuis six mois ses efforts afin d’agir concrètement sur les effets de cette sécheresse,» a déclaré la Directrice exécutive du PAM, Josette Sheeran.
« L’ampleur de la crise, couplée à l’incapacité de plusieurs agences humanitaires d’accéder à toutes les zones touchées, a érigé cette situation au rang de d’urgence alimentaire et nutritionnelle absolue, nécessitant une réponse humanitaire renforcée rapide », a-t-elle ajouté.
Cette annonce du PAM fait suite à la déclaration du Coordinateur humanitaire des Nations Unies pour la Somalie, selon laquelle la famine sévit dans le sud du pays, dans des zones où l'accès humanitaire a été limité.
« Le PAM se félicite de la récente annonce de ceux qui contrôlent l'accès à une grande partie du sud de la Somalie. Elle indique la possibilité d’un accès humanitaire accru à ces zones afin de venir en aide à ceux qui se trouvent dans les régions les plus touchées par la sécheresse » a déclaré Mme Sheeran.
« Le PAM est prêt à négocier avec les comités sur la sécheresse afin d'assurer des conditions de sécurité adéquates pour notre personnel pour que la nourriture et les aliments nutritionnels complémentaires atteignent les plus vulnérables – et surtout les enfants ».
Parmi les options envisagées par l’agence onusienne se trouvent le transport aérien de biscuits énergétiques et d’aliments complémentaires hautement nutritifs supplémentaires - pour les enfants vulnérables et les mères enceintes ou allaitantes - dans des endroits stratégiques dans le sud de la Somalie. Ils y seraient distribués à ceux qui souffrent de la faim par les ONG locales et internationales opérant dans les zones où les besoins en nourriture sont les plus élevés.
Le PAM prévoit de mobiliser des produits alimentaires complémentaires pour les enfants pour répondre à la crise dans la Corne de l’Afrique. Cela constituerait la plus grande opération jamais entreprise afin de livrer de tels produits, lesquels sont extrêmement efficaces pour traiter la malnutrition au cours des 1.000 premiers jours d’une vie.
« Les opérations en Somalie sont parmi les plus dangereuses au monde, et le PAM y a perdu 14 travailleurs humanitaires depuis 2008 » a ajouté Mme Sheeran. « Nous allons poursuivre agressivement nos efforts pour atténuer les risques, à travers des évaluations et une surveillance robustes. Néanmoins, je lance un appel à tous les acteurs pour qu'ils tiennent compte des risques inévitables présents dans le sud de la Somalie ».
Mme Sheeran est actuellement en Éthiopie où elle participe à des réunions de haut niveau avec les autorités gouvernementales et l'Union africaine. Elle se rendra en Somalie et au Kenya dans les prochains jours afin de visiter les zones touchées par la sécheresse, évaluer les opérations du PAM, et parler aux victimes de la sécheresse.
Source : ONU