La partition du plus grand pays d'Afrique en deux nations intervient six mois après un référendum sur la sécession du Sud-Soudan prévu dans l'accord de paix global (CPA), signé en janvier 2005 au Kenya, qui stipulait l'organisation de ce vote et accordait une large autonomie à cette région pendant six ans. Le référendum organisé du 9 au 15 janvier a été approuvé par 99% des citoyens qui se sont prononcés pour la création d'un nouvel Etat lors de ce scrutin organisé sans incident majeur et dont Khartoum a promis qu'il respecterait les résultats.
Aujourd’hui, des millions de Sud-Soudanais, ainsi que 30 dirigeants africains et de hauts responsables d'autres pays assisteront à Juba (capitale sudiste) aux cérémonies marquant la naissance, de la plus jeune nation au monde et du 54e Etat souverain du continent. Le président soudanais, Omar al-Bachir, qui s'était engagé au lendemain du référendum, à maintenir "de bonnes relations avec le Sud fondées sur la coopération" a confirmé sa participation aux célébrations de Juba où, selon des responsables sudistes, il sera l'invité d'honneur.
Au programme des célébrations, des parades militaires, des danses traditionnelles, une cérémonie pour hisser le drapeau de la République du Sud-Soudan et la signature de la Constitution transitoire par le premier président du nouveau pays, Salva Kiir, selon les organisateurs.
"C'est quelque chose que les gens attendaient depuis plusieurs années. C'est un moment que nous célébrerons avec joie", a affirmé récemment à la presse Mangar Gordon Marial, un porte-parole officiel du gouvernement du Sud-Soudan qualifiant le jour de l'indépendance du Sud-Soudan de "jour de la liberté".
Pour le ministre de l'Information sud-soudanais Barnaba Marial Benjamin, cet évènement "sera une occasion historique pour tout le peuple qui a traversé cette route longue et difficile en vue de la naissance de cette nation". "Nous savons tous que nous allons faire face à plusieurs défis. Nous y ferons face unis, en paix et indépendants et nous construirons un pays stable et prospère", a-t-il affirmé. Ces défis sont notamment des heurts armés sanglants à la frontière, des indicateurs sociaux qui font de la région l'une des moins développées de la planète et des différends avec Khartoum concernant la période post-scission, des questions qui feront l'objet de négociations entre le Nord et le Sud, selon l'Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l'est (IGAD).
Cette organisation, qui groupe six pays d'Afrique de l'est, a tenu lundi dernier une réunion au sommet d'une journée à Addis Abeba à laquelle ont assisté le président el-Bachir et son homologue du Sud, Salva Kiir. Dans un communiqué, l'IGAD a "félicité vivement" les deux dirigeants "d'avoir accepté de poursuivre les négociations" après le 9 juillet (jour de l'indépendance du Sud-Soudan) pour résoudre toutes les questions en suspens dans le cadre de l'accord de paix global, signé en janvier 2005 entre les deux parties, y compris sur le statut de la région disputée d'Abyei, sur la délimitation des frontières, le pétrole et la dette. Les tensions sont montées d'un cran après l'occupation par les Nordistes le 21 mai de la région d'Abyei poussant 117.000 Sudistes à fuir. Un accord pour démilitariser Abyei et pour y déployer 4.200 casques bleus éthiopiens a été conclu le 20 juin. Deux semaines après l'occupation d'Abyei, le Kordofan-Sud, territoire également frontalier a été la proie de violents affrontements entre les forces nordistes et la branche nordiste de la SPLM (Mouvement populaire de libération du Soudan, ex-rebelles sudistes) qui ont fait des centaines de morts.
Par ailleurs, la question de l'adhésion du Sud-Soudan à l'ONU comme le 193e Etat membre, sera au centre d'une réunion, le 13 juillet, du Conseil de sécurité de l'ONU. Selon le représentant permanent de l'Allemagne auprès des Nations unies, Peter Wittig, qui occupe la présidence tournante du Conseil de sécurité pour le mois de juillet, l'ONU se prépare à la prochaine phase de son rôle dans la région, à la fois sur le terrain et au siège des Nations unies à New York avec l'arrivée de ce nouvel Etat membre.
Source : Elmoudjahid

«Soudan du Sud : processus en cours pour devenir le 193e Etat membre de l'ONU», Centre d’Actualité de l’ONU, 11 juillet 2011
Le Président du Conseil de sécurité de l'ONU a soumis le 11 juillet la candidature de la République du Soudan du Sud pour devenir un nouvel Etat membre des Nations Unies à l'organe chargé d'examiner une telle demande.
Le Comité du Conseil sur l'admission de nouveaux membres s'est réuni le 11 juillet après-midi pour examiner la candidature, qui a été soumise par le Président du Soudan du Sud, Salva Kiir, le 9 juillet, le jour où la nouvelle nation a proclamé son indépendance et sa sécession du Soudan.
« J'ai l'honneur, au nom de la République du Soudan du Sud et de son peuple, en ma capacité de Président, de soumettre cette candidature pour devenir un Etat membre à part entière de cet organe respecté », a écrit M. Kiir dans une lettre adressée au Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
« La République du Soudan du Sud accepte les obligations contenues dans la Charte des Nations Unies et s'engage solennellement à les remplir », a-t-il ajouté dans cette lettre, qui a été transmise par Ban Ki-moon aux Présidents du Conseil et de l'Assemblée générale de l'ONU.
Toute recommandation pour l'admission d'un nouvel Etat membre doit recevoir neuf votes favorables sur les 15 membres du Conseil de sécurité. Il faut également qu'aucun des membres permanents (la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume Uni et la Russie) ne vote contre.
Si le Conseil de sécurité recommande l'admission, cette recommandation est présentée à l'Assemblée générale réunissant les 192 Etats membres. Il faut l'approbation des deux tiers des membres présents et ayant voté pour admettre un nouvel Etat.
Si sa candidature est approuvée par le Conseil de sécurité et ensuite par l'Assemblée générale, le Soudan du Sud, qui compte 8 millions d'habitants, deviendra le 193e Etat membre de l'ONU.
Par ailleurs, le Conseil de sécurité a décidé lundi le retrait effectif de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) le 11 juillet 2011. La MINUS avait été créée en 2005 par la résolution 1590 du Conseil.
Aux termes de la résolution 1997 adoptée à l'unanimité de ses 15 membres, telle qu'oralement amendée, le Conseil demande également que le Secrétaire général transfère le personnel, le matériel, les fournitures et les autres biens appropriés de la MINUS à la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et à la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA).
Le Conseil de sécurité souligne en outre la nécessité d'une transition sans heurt de la MINUS à la MINUSS ainsi qu'à la FISNUA.
Par ailleurs, le Conseil prie le Secrétaire général de consulter le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l'Union africaine et les autres partenaires et de lui présenter des options concernant l'appui des Nations Unies aux nouveaux arrangements sécuritaires dans les États du Nil bleu et du Sud-Kordofan, « conformément à l'Accord-cadre du 28 juin entre le gouvernement du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan (Nord) ».
Source : ONU