D’une part, elle connaît des disparités économiques et sociales entre Etats qui ont donné lieu à des revendications très fortes dès les années 1950 avec les premières décolonisations. Ces inégalités, auxquelles participent désormais certains grands Etats émergents, demeurent criantes aujourd’hui et posent toujours le problème de l’écart entre égalité formelle et égalité réelle. D’autre part, elle est de plus en plus confrontée à des revendications d’ordre culturel et identitaire qui instaurent cette fois-ci une tension entre égalité et différence. Les Etats défavorisés, ceux qui se sentent stigmatisés, mais aussi les peuples autochtones, les ethnies, les minorités, les femmes aspirent aujourd’hui à la reconnaissance de leur égale dignité mais aussi de leurs identités et de leurs droits spécifiques ou même, pour certains, à la réparation des injustices nées de la violation de leurs identités et la confiscation de leurs biens ou de leurs terres.
Or, pour répondre à ces deux types de revendications, les sujets de la société internationale ont élaboré deux types de remèdes traduits en règles juridiques : le droit relatif au développement et le droit relatif à la reconnaissance. Ces deux droits ne sont pas des branches juridiques parfaitement autonomes et individualisées ni des ensembles de règles formalisés, ils sont imparfaits et suscitent de réelles difficultés en raison de leurs dark side, mais ils peuvent néanmoins être interprétés comme instaurant les premiers jalons de ce que pourrait être une société internationale plus juste qui soit à la fois équitable (réponse aux injustices socio-économiques) et décente (réponse aux injustices culturelles).
L’objectif de ce livre est à la fois de mettre en exergue une telle évolution et de la questionner en la remettant dans sa perspective historique et en la soumettant à une analyse critique de ses présupposés et de ses implications.

PARTIE I- DROIT INTERNATIONAL ET DEVELOPPEMENT
Une société internationale équitable ?
I - Le droit international classique relatif au développement
II - Le droit relatif a la diversité culturelle
III - Bilan du droit international relatif au développement
IV - Perspectives et alternatives
PARTIE II - DROIT INTERNATIONAL ET RECONNAISSANCE
Une société internationale décente ?
I - Evolution de la reconnaissance au plan international
II - Le droit relatif a la diversité culturelle
III - La reconnaissance par les droits
IV - La réparation des préjudices historiques : les leçons de Durban
V - Le droit international relatif à la reconnaissance face au droit international du développement et au droit international économique
CONCLUSION : Une société internationale équitable et décente ?

Emmanuelle JOUANNET, Qu'est ce qu'une société internationale juste ?, Paris, Pedone, 2011 (306 pages)
Emmanuelle JOUANNET est professeure à l’Université Paris I (Ecole de droit de la Sorbonne) où elle dirige le programme « Droit international et justice dans un monde global » au sein de l’IREDIES. Ses principales publications sont Le droit international libéral-providence. Une histoire du droit international (Bruxelles, Bruylant, 2011) et Emer de Vattel et l’émergence doctrinale du droit international classique (Paris, Pedone, 1998).