Les femmes, aux côtés des hommes, ont été actrices des mouvements contestataires qui ont secoué le monde arabe en 2011 demandant l’avènement de sociétés démocratiques fondées sur la liberté, l’égalité, la justice et le respect des droits humains. Elles ont, comme les hommes, payé et continuent de payer dans plusieurs pays, le prix fort pour cet engagement. Elles devraient aujourd'hui pouvoir participer pleinement à la vie politique de leur pays. En effet, la participation égale des hommes et des femmes dans toutes les sphères de la société demeure une condition essentielle pour la démocratie et la justice sociale, revendiquées par tous les manifestants.
Les révolutions et les mouvements de contestation représentent de véritables opportunités pour faire évoluer les droits des femmes dans des pays où semblait régner un ordre immuable. Cependant, les événements récents montrent qu'il faut rester vigilant. En effet, les femmes font face à des risques de confiscation d'une révolution qui était aussi la leur. Alors que tous les efforts se focalisent aujourd'hui sur la chute des régimes et le démantèlement des anciens appareils d'État, les revendications relatives aux droits des femmes ont tendance à être marginalisées. Or, l'histoire récente nous rappelle douloureusement que la présence massive des femmes dans l'espace public pendant les révolutions ne leur garantit en aucun cas un rôle dans la vie politique. Au contraire, ces moments d'effervescence peuvent même conduire à un véritable recul de leurs droits.
Si la situation des femmes varie selon les pays concernés, les menaces convergent. Les femmes sont aujourd'hui confrontées à des tentatives d'exclusion de la vie publique par certains acteurs de la transition et à des discriminations et des violences de la part de groupes extrémistes, ou des forces de sécurité le plus souvent en toute impunité. Dans ce contexte de transition, où l'on observe déjà une montée en puissance des forces conservatrices, il est plus que jamais nécessaire de prendre des mesures pour consacrer l'égalité entre hommes et femmes, fondement indispensable d'une société démocratique.
Les organisations signataires de cet appel demandent aux autorités nationales et aux parlements de mettre en œuvre les « 20 mesures pour l’égalité » qui suivent.
Elles appellent également les acteurs de la communauté internationale à soutenir la mise en œuvre de ces mesures en soutenant les mouvements nationaux et régionaux de défense des droits des femmes et les organisations de la société civile, en incluant systématiquement les droits des femmes dans les dialogues politiques bilatéraux et/ou multilatéraux avec les pays concernés; en incluant systématiquement la dimension genre avec des objectifs et des indicateurs spécifiques dans tous les programmes de coopération, quel que soit le secteur.