Il s'agit de la plus grave crise politique que l'Égypte a connue
depuis l'élection en juin de Mohamed Morsi à la tête de l'État. En s'arrogeant
le pouvoir judiciaire, en plus de l'exécutif et du législatif, le président
islamiste s'est engagé dans une épreuve de force avec les laïcs et les
libéraux. Frères musulmans et opposants prévoient de jauger leurs forces lors
de grandes manifestations, le 27 novembre.
Le président Mohamed Morsi a-t-il réussi le tour de force de ranimer la flamme de la révolution… contre lui ? Depuis qu’il s’est doté, le 22 novembre dernier, du pouvoir judiciaire en plus des pouvoirs exécutif et législatif, la rue égyptienne gronde un peu partout dans le pays. Un premier mort a ainsi été signalé le 25 novembre à Damanhour, au sud d'Alexandrie, parmi les militants islamistes qui défendaient le siège des Frères musulmans, que des opposants tentaient de prendre depuis trois jours.
Petit à petit, le climat de fronde gagne le pays. Des juges et des journalistes ont décidé d'une grève pour protester
contre les décisions du président qui, dans une « déclaration constitutionnelle
» du 22 novembre s'est arrogé le droit de « prendre toute décision ou mesure
pour protéger la révolution » de 2011. Objectif officiel : accélérer les
réformes démocratiques, et la rédaction d'une nouvelle Constitution attendue
mi-février.
Morsi a cependant dû lâcher un peu de lest, le 25
novembre, expliquant que l’élargissement de ses pouvoirs était « temporaire »
et appelant à un « dialogue démocratique ». Selon le porte-parole du président,
Yasser Ali, Morsi doit rencontrer le 26 novembre les membres du Haut conseil de
la magistrature, avec lequel le ministre de la Justice Ahmed Mekki a eu une
première réunion la veille.
Protéger la Commission constitutionnelle
« La présidence réaffirme la nature temporaire de ces
mesures, qui ne sont pas destinées à concentrer tous les pouvoirs mais au
contraire à les remettre
à un Parlement démocratiquement élu et à éviter toute
tentative de mettre en cause ou de faire disparaître deux institutions élues
démocratiquement, la Haute chambre du Parlement et l'Assemblée constituante »,
a indiqué le 25 novembre la présidence, dans un communiqué.
Un des objectifs de Morsi est de protéger la
commission chargée de rédiger la future Constitution, commission critiquée en
raison de la prédominance des islamistes, et dont la composition fait l'objet
d'un recours devant la Haute cour constitutionnelle. Or, selon le décret
présidentiel, aucune instance judiciaire ne pourrait désormais dissoudre la
commission. Du côté des Frères musulmans, on prétend que le pouvoir judiciaire
est contrôlé en sous-mains par les pro-Moubarak.
Nouveau "pharaon"
Quant aux détracteurs du président, ils l'accusent de
se comporter comme un nouveau « pharaon » et de mettre en péril les acquis de
la révolution et l'indépendance du pouvoir judiciaire. Signe de l’importance de
cette crise - la plus grande depuis l’élection en juin de Morsi à la tête du
pays -, la Bourse du Caire a chuté de 9,59%, le principal indice, l'EGX-30,
clôturant à 4.917,73 points.
Pendant ce temps, sur le terrain, l’épreuve de force
se poursuit. Prenant la tête du mouvement de contestation, le Club des juges a
appelé à une grève des tribunaux du pays. Le syndicat des journalistes a
également appelé le 25 novembre à une grève générale, sans fixer de date. Selon
le juge Issam al-Tobgi, les « assemblées générales » des tribunaux dans chacune
des 27 provinces, à l'exception de celles d'Alexandrie et Beheira (nord) qui
ont déjà annoncé un arrêt de travail, ont entamé des réunions pour décider de
suivre ou non l'appel à la grève.
En réaction, les Frères
musulmans, dont est issu le président, ont appelé à une manifestation massive le
27 novembre au Caire. Le lieu de rassemblement
initialement prévu a été modifié, dans une apparente tentative de rester
éloigné de la place Tahrir où les opposants au président prévoient un grand
rassemblement le même jour. Le sit-in entamé le 23 novembre soir par des
protestataires laïcs et libéraux se poursuivait sur la place Tahrir, où une
trentaine de tentes ont été érigées. Aux abords de la place, verrouillée par
les forces de l’ordre, des heurts se sont poursuivis hier entre policiers et
manifestants.
Egypte : le peuple dit oui à la Constitution selon les Frères musulmans
RépondreSupprimerhttp://www.saphirnews.com/Egypte-le-peuple-dit-oui-a-la-Constitution-selon-les-Freres-musulmans_a15890.html
Seule la moitié des électeurs étaient appelés à voter samedi dernier soit 13 millions. Avec une participation d'environ 33%, les 56.5% ne représentent donc que 2.42 millions de votants.
David ROY