22 mars 2013

ACTU : Forum mondial des femmes francophones (20 mars 2013)

Catherine MAIA

La journée internationale de la Francophonie a été célébrée le 20 mars 2013, comme chaque année dans le monde entier, et plus particulièrement dans les 77 pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Cette date commémore la signature, le 20 mars 1970, de la convention de Niamey à l’origine du regroupement des États francophones.

La langue française - langue d’enseignement et de communication mais aussi de développement et d’échanges économiques de plus de 220 millions de locuteurs dans le monde - est au cœur de ces célébrations.

Cette édition 2013 a mis les femmes francophones à l’honneur, à l’initiative de la France avec le soutien de l’OIF et en partenariat avec l’Unesco et Onu Femmes. Le premier Forum mondial des femmes francophones a réuni à Paris 400 participantes issues de la société civile des États membres de la Francophonie. À l’étranger, l'OIF s’est également mobilisé pour montrer la diversité de l’espace francophone, le dynamisme de sa création culturelle et promouvoir les valeurs de la Francophonie : respect de l’État de droit et des droits de l’Homme, égalité hommes-femmes, solidarité et diversité culturelle.


  • Pourquoi un Forum mondial des femmes francophones ?

Un objectif : défendre les droits des femmes
 
Le Forum mondial des femmes francophones part du constat de la régression du droit des femmes dans le monde, et notamment dans l’espace francophone. Il y a aujourd’hui 120 millions de femmes francophones dans le monde ; elles seront plus de 350 millions en 2050.

Dans les conflits armés au Mali ou en République démocratique du Congo, dans les crises politiques, les femmes sont souvent les premières victimes. On constate ainsi un recul de leurs droits dans de nombreux pays, recul qui peut prendre des chemins détournés tels que ces glissements sémantiques où le mot "égalité" est remplacé par "complémentarité", l’obligation d’être voilées-cachées, ou encore la remise en question récurrente du droit à l’éducation. 

Dans l’espace francophone, des disparités flagrantes sont constatées d’un pays à un autre. Dans les pays développés ou émergents, les femmes poursuivent leur combats pour que leurs droits soient reconnus dans les domaines de l’emploi, de l’égalité ou des acquis sociaux. Dans d’autres pays plus pauvres, les femmes doivent lutter au quotidien pour faire reconnaître leurs droits les plus élémentaires.

De nombreux Etats ont prévu des outils pour placer la condition des femmes au coeur de leurs politiques publiques, mais les moyens manquent souvent à la mise en oeuvre d’actions globales dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle, de la santé, de l’accès à la culture. 

Dans d’autres pays encore, les femmes sont sans aucun droit, subissant au quotidien des exactions, des violences de toute sorte, n’ont aucune protection juridique ou sanitaire, sont exclues des systèmes scolaires quand ils existent. 

Un événement : réunir pour la première fois 400 combattantes francophones du monde entier 

Le Forum mondial des femmes francophones a accueilli 400 femmes issues de la société civile, venues du monde entier. Ces femmes mènent au quotidien des combats pour le respect de leurs droits fondamentaux, l’accès à l’école et à l’éducation, l’égalité des genres, la représentation des femmes dans la sphère politique. Elles sont venues apporter leurs témoignages et proposer, toutes ensemble, à la France de soumettre aux instances de la Francophonie un plan d’action pour les femmes francophones.

Durant cette journée, les travaux autour de trois tables rondes ont permis de :

- récolter les témoignages, les expériences, les idées et les propositions des 400 femmes présentes ;

- promouvoir la parole des femmes, dont certaines gardent dans leur chair les stigmates des violences et des droits bafoués. D’autres ont proposé des pistes de réflexion pour œuvrer à plus de solidarité entre les femmes, d’autres encore ont esquissé des solutions en vue d’une amélioration effective de la qualité de vie des femmes et des hommes francophones et pour assurer l’égalité des droits et la dignité des femmes. Les conclusions seront synthétisées dans un document qui sera remis au Président de la République et au Secrétaire général de la Francophonie ;

- créer un réseau actif pour mobiliser dans l’espace francophone et au-delà.


  • Mobiliser la société civile pour peser davantage à la table des négociations 

Depuis quelques années la montée des conservatismes est une réalité
 
Au niveau international, les débats sont marqués par la remise en question des acquis internationaux relatifs aux droits des femmes et aux droits sexuels et reproductifs. Lors de la dernière Commission sur le statut des femmes (CSW) des Nations unies en mars 2012, les Etats avaient échoué à adopter des conclusions agréées. Les dissensions ont porté principalement sur la reconnaissance des droits sexuels et reproductifs, sur l’éducation à la sexualité et les pratiques culturelles néfastes. Plus largement, certains Etats remettent en question le caractère universel des droits des femmes et revendiquent différentes formes de relativisme culturel. Ces dissensions se sont confirmées lors de la Conférence des Nations unies sur le développement durable, appelée "Rio+20", en juin 2012.

A cet égard, la déclaration sur « l'élimination et la prévention de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles », adoptée au terme de la 57e session de la Commission de la condition de la femme de l'ONU (4-15 mars 2013) par plus de 130 Etats Membres représente une grande avancée. Les prochaines échéances internationales revêtiront également une importance stratégique particulière où la mobilisation de la société civile sera indispensable.

Le cap de 2015
 
A moyen terme, la célébration des 20 ans de la Commission Population et développement, en avril 2014 et du Plan d’action du Caire qui définit et reconnaît les droits sexuels et reproductifs, sera un évènement international majeur.

En 2014 se tiendra à Dakar le XVe Sommet de la Francophonie, qui sera un rendez-vous important. 

En mars 2015, nous fêterons les 20 ans du Plan d’action de Pékin sur l’autonomisation des femmes et le développement. Le débat est en cours sur la tenue éventuelle de la 5ème Conférence mondiale des femmes.

Enfin, des pourparlers sont en cours, en prévision de la fin des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), définis en 2000, et qui seront réactualisés en 2015. Le maintien d’un objectif ambitieux en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’égalité femmes-hommes doit être obtenu.

Continuer à mobiliser l’espace francophone !

Le Forum mondial des femmes francophones a la volonté de s’inscrire comme une étape sur ce chemin vers 2015. L’OIF a toujours mis en avant les droits de l’Homme, la liberté d’expression et œuvre pour une plus grande autonomie des femmes. Sur ces fondements, tous les membres de la Francophonie ont adopté en 2000 la Déclaration de Luxembourg qui affirme le droit fondamental des femmes de participer à la vie politique et sociale, d’avoir accès à l’éducation, à la formation et au marché de l’emploi et de contribuer au développement économique et durable des nations. Par la même occasion et systématiquement, l’OIF a condamné sans ambiguïté ni complaisance toutes les formes de violences et de discriminations contre les femmes.



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