Kadidiatou HAMA
Le Conseil de sécurité a entendu, le 13 mai, l’exposé semestriel en
application de la Résolution 1970 (2011) de la Procureure de la Cour pénale
internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda, qui a, une nouvelle fois,
exhorté la Libye à immédiatement satisfaire la demande que lui a adressée la
Cour de lui remettre le fils de l’ancien dictateur, Saif Al-Islam Qadhafi.
Mme Bensouda a rappelé que le Conseil de sécurité, en vertu de sa Résolution
1970 (2011) du 26 février 2011, avait déféré au Procureur de la CPI la
situation en Libye pour les graves violations du droit international et des
droits de l’Homme commises dans le pays depuis le 15 février 2011.
Dans le septième rapport qu’elle présentait au Conseil de sécurité, elle
estime que « la mission de la CPI de mettre un terme à l’impunité en Libye
demeure cruciale ».
La Libye, a-t-elle expliqué au cours de son intervention, « continue à
faire face à des problèmes de sécurité graves et à une crise politique profonde
qui compromettent sa capacité à apporter des changements judiciaires et autres,
à la fois significatifs et indispensables ».
Pour Mme Bensouda, renforcer la capacité de la Libye à assumer ses
responsabilités en matière de sécurité demeure la clef du succès des efforts
communs pour une paix durable dans le pays. « Les Libyens devraient
répondre à l’appel de ce Conseil à soutenir la transition démocratique en
Libye, à engager un dialogue politique et à s’abstenir de toute violence et
d’actes qui remettraient en cause la stabilité de l’État », a-t-elle dit.
La Procureure a rappelé que les personnes soupçonnées d’avoir commis des
crimes graves en Libye devraient être traduites en justice, soit en Libye, soit
devant la CPI. « Ceci n’est pas négociable », a-t-elle affirmé,
en regrettant que les progrès fussent lents dans la procédure de recevabilité
concernant l’affaire Abdullah Al-Senussi.
De même, la Libye doit immédiatement satisfaire à la demande que lui a
adressée la CPI de lui remettre Saif Al-Islam Qadhafi, a-t-elle poursuivi, en
affirmant que les procédures judiciaires nationales ne devraient jamais servir
de prétexte pour éviter d’exécuter la décision de la Chambre préliminaire de la
Cour.
Au cours du débat qui a suivi l’exposé de la Procureure, de nombreuses
délégations se sont félicitées des premiers contacts qui ont eu lieu entre le
Bureau du Procureur et le Procureur général de la Libye, M. Abdul Qader
Radwan, sur les modalités de mise en œuvre du mémorandum d’accord, signé l’an
dernier, entre les autorités libyennes et la CPI pour favoriser la
collaboration et le partage des tâches en matière d’enquêtes et de poursuites.
Le délégué libyen a souligné, pour sa part, que le mémorandum d’accord se
fondait sur une « complémentarité positive entre le système judiciaire
libyen et la CPI ». Il a émis l’espoir que les deux parties
réussiront à se mettre d’accord sur la mise en œuvre de cet accord lors de la
prochaine visite de la Procureure en Libye.
De même, plusieurs pays, préoccupés par le fait qu’environ 7 000
personnes sont toujours détenues par des brigades armées sans qu’elles puissent
bénéficier des droits de la défense et, en particulier un procès équitable,
nombre d’entre elles étant soumises à la torture et autres traitements
inhumains et dégradants, ont appelé la Libye à veiller à ce qu’elles soient
placées sous le contrôle effectif de l’État, conformément, comme l’a souligné
le Luxembourg, aux recommandations de la Mission d’appui des Nations Unies en
Libye (MANUL) et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme.
« Tous les détenus doivent être traités dans les meilleures conditions
et être transférés vers des centres de détention appropriés contrôlés par le
Gouvernement libyen dans les meilleurs délais », a insisté le représentant
des États-Unis. « Les accusés doivent être informés des motifs
d’accusation retenus contre eux, traduits en justice, avoir accès aux preuves
et être assistés d’un avocat », a fait observer son homologue de
l’Australie.
Certains, comme l’Argentine, ont également jugé qu’il était indispensable
de mettre en place une stratégie visant à assurer le retour des personnes
déplacées.
Le représentant de la France a, quant à lui, appelé les Libyens à se
rassembler autour d’un projet politique commun pour mener à bien la transition
démocratique, en souhaitant, à cet égard, qu’un Gouvernement d’union nationale
soit rapidement formé par le Premier Ministre élu, M. Ahmed Meiteg, et ce,
avec le soutien du Conseil de sécurité.
Source : ONU
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