8 mai 2014

NOTE : L'impact humanitaire des armes nucléaires

Jean-Marie COLLIN

La Deuxième conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires s’est conclue à Nayarit, au Mexique, le 14 février dernier. Le bilan est positif ; l’engouement de 146 États à parvenir très rapidement au désarmement nucléaire, partagé par la société civile, ne cesse d’augmenter. Un processus est lancé et, comme l’a martelé le président de cette conférence, Nayarit signe « un point de non- retour ! ».  

La note d’analyse sur cette conférence, intitulée « Conférence de Nayarit sur l’impact humanitaire des armes nucléaires. "Un point de non- retour !" » et publiée par le GRIP, permet de décrypter en détail les enjeux, les conséquences, les failles diplomatiques des États présents. Loin d’être une simple répétition d’Oslo, Nayarit a permis, en effet, de faire avancer les réflexions et la volonté des États non dotés de l’arme nucléaire de « se libérer de la menace nucléaire », qui pourrait se traduire autant par une guerre nucléaire que par une explosion accidentelle d’une arme nucléaire.

Les conséquences de cette détonation seraient alors mondiale, les effets de cette arme ne s’arrêtant pas aux frontières. Ces États ont pleinement conscience qu’il est impossible de circonscrire le pouvoir de destruction de ces armes et que la menace d’une catastrophe humanitaire persistera tant que ces armes existeront.

Ils ont donc décidé de se saisir pleinement du processus du désarmement nucléaire, et non plus de le laisser uniquement dans les mains des États dotés d’armes nucléaires. Observant de loin ces initiatives du fait de leur non-présence, les critiquant vivement comme étant de possibles freins voire une « distraction » au processus global que recouvre le Traité de non-prolifération nucléaire, les États dotés d’armes nucléaires semblent tout de même de plus en plus dans une position que l’on peut qualifier d’équilibriste. Cela se traduit, entre autres, par une solidarité qui semble se distendre de plus en plus et cela pourrait aussi remettre en cause l’ensemble du régime du traité de non-prolifération nucléaire.

Nayarit, c’est aussi l’annonce d’une troisième conférence à Vienne, les 8 et 9 décembre 2014. Vienne sera un nouveau forum de discussion intergouvernemental, mais ne sera évidemment pas une répétition d’Oslo et de Nayarit, ni concernant les thèmes, ni concernant la suite même à donner. Avant son déroulement, il est présomptueux d’affirmer qu’elle sera le lieu de lancement d’une nouvelle feuille de route pour le désarmement nucléaire. Mais Vienne est une ville symbolique, siège du CTBT, de l’AIEA, la capitale d’un État neutre (qualifiable d’État exempt d’arme nucléaire au vu de sa Constitution), au cœur de l’Europe politique (UE) et militaire (OTAN, même si l’Autriche n’en est pas membre), dont la diplomatie est l’une des plus actives. Ainsi, comme l’ont souligné à Nayarit différents États, notamment le Maroc, la Conférence de Vienne devrait être le temps de la mise en place d’une feuille de route, dont les éléments pourraient, selon l’attitude et les actions du P5, être menés en parallèle du Traité de non-prolifération nucléaire.


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