18 décembre 2015

ACTU : Pour la première fois depuis le début du conflit en Syrie, le Conseil de sécurité fait preuve d’unité en adoptant une « feuille de route » pour la paix

Catherine MAIA

Sous la présidence du Secrétaire d’État américain, John Kerry, le Conseil de sécurité a adopté, le 18 décembre, une résolution priant le Secrétaire général de l’ONU de réunir les représentants du Gouvernement de la Syrie et de l’opposition pour des négociations officielles sur un processus de transition politique dans ce pays, « en visant le début du mois de janvier 2016 » pour le début de ces pourparlers.

Sur la forme, cette résolution permet enfin de sortir de l’impasse dans laquelle était plongé le Conseil de sécurité après 4 ans et demi d’un conflit en Syrie ayant déjà fait près de 300 000 morts. « Cette résolution, qui met l’accent pour la première fois sur la voie politique à suivre pour régler la crise, marque une étape importante sur la base de laquelle nous devons œuvrer », s’est félicité le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, en rendant un hommage appuyé à John Kerry et au Ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov.

Sur le fond, toutefois, la Résolution 2254 (2015), adoptée à l’unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité, représentés exceptionnellement par leurs Ministres des Affaires étrangères, se présente avant tout comme un texte de compromis ne réglant pas le sort de l’actuel Chef d’État syrien, Bachar Al-Assad ni les principaux points de discorde que sont l’identification des groupes reconnus comme terroristes et la composition d’un secrétariat devant représenter l’opposition syrienne.

Par la Résolution 2254 (2015), le Conseil de sécurité « avalise » les Déclarations de Vienne, dont l’objet est l’application intégrale du Communiqué de Genève du 30 juin 2012, « fondement d’une transition politique conduite et prise en main par les Syriens et visant à mettre fin au conflit syrien ». C’est au peuple syrien qu’il appartient de décider de l’avenir de la Syrie, souligne le Conseil de sécurité.

Un processus politique dirigé par les Syriens et facilité par l’ONU, indique la Résolution 2254 (2015), doit mettre en place, « dans les six mois », « une gouvernance crédible, inclusive et non sectaire », et arrêter un calendrier et les modalités d’une nouvelle Constitution.  En vertu de cette Constitution, des élections « libres et régulières » devraient se tenir, « dans les 18 mois », sous la supervision de l’ONU.

Pour le Conseil de sécurité, transition politique et cessez-le-feu doivent avancer rapidement. Un cessez-le-feu « s’étendant à tout le territoire syrien » devrait prendre effet dès que les représentants du Gouvernement syrien et de l’opposition « auront pris les premières mesures sur la voie d’une transition politique ».

Il revient aussi au Secrétaire général de prendre la direction, par l’intermédiaire de son Envoyé spécial, Staffan de Mistura, des efforts en faveur d’un cessez-le-feu.  Dans un délai de 60 jours, Ban Ki-moon devra faire rapport au Conseil de sécurité sur la progression du processus politique et, d’ici un mois, lui présenter les options pour mettre en place un « mécanisme de communication » destiné à surveiller et vérifier le cessez-le-feu.

La Résolution 2254 (2015) du 18 décembre 2015 confirme, par ailleurs, le rôle qui revient au Groupe international d’appui pour la Syrie (GIAS), « principal mécanisme de facilitation des initiatives de l’ONU visant à parvenir à un règlement politique durable en Syrie » et qui s’est réuni durant la matinée du 18 décembre à New York, pour la troisième fois depuis le mois d’octobre 2015.

« Après quatre ans et demi de conflit », a rappelé le Secrétaire d’État américain, « c’est la première fois que le Conseil de sécurité convient d’une feuille de route en vue d’un règlement politique du conflit », « qui n’offre pas un choix entre Bachar Al-Assad et Daech, mais entre la guerre et la paix ».

De son côté, alors que la Russie a opposé à quatre reprises son veto à toute adoption d’une résolution par le Conseil de sécurité et s’est engagée sur le terrain aux côtés de Damas, le Ministre russe des Affaires étrangères a estimé que les déclarations sur l’issue des pourparlers multilatéraux concernant la Syrie, qui se sont tenus à Vienne les 30 octobre et 14 novembre 2015, ainsi que la Résolution, adoptée le 18 décembre, fournissent une « plateforme » permettant d’établir les conditions nécessaires à un règlement juste et durable du conflit syrien, « pour l’ensemble des parties prenantes ».

Rejetant les tentatives déployées, « depuis l’extérieur », pour changer le « destin du Président » syrien Bachar Al-Assad, le Chef de la diplomatie russe a espéré que l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie adopterait une « attitude impartiale » dans l’accompagnement des négociations entre parties syriennes et que le Conseil de sécurité, dans l’intérêt du peuple syrien, ne cèderait pas à la « rhétorique idéologique » et aux « ambitions politiques ».

Pour sa part, le Ministre des Affaires étrangères de la France, Laurent Fabius, a estimé que « tant que persiste la gouvernance actuelle de Bachar Al-Assad, une réconciliation véritable entre la population et l’État syrien est exclue », parlant ainsi d’une « réalité politique incontournable ».  Le Chef de la diplomatie française a, par ailleurs, constaté que le régime syrien n’avait pas encore manifesté sa volonté d’entrer dans une négociation sérieuse sur la base des termes définis, alors que l’opposition présente désormais un front uni, depuis la Conférence de Riyad, en Arabie saoudite, du 10 décembre 2015.

Si Daech est une menace, c’est Bachar Al-Assad qui porte la responsabilité des souffrances en Syrie », a déclaré le Secrétaire d’État aux Affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, Philip Hammond.  Il a, à son tour, tenu à rappeler que les participants à la Conférence de Riyad avaient réaffirmé l’importance du Communiqué de Genève, avec une mise à l’écart de Bachar Al-Assad, en vue de l’avènement d’une Syrie pluraliste.

Rejetant toute « ingérence étrangère », le représentant de la Syrie, Bachar Ja’afari, a blâmé, en revanche, les terroristes et « les pays qui les soutiennent » pour la situation catastrophique que connaît son pays depuis près de 5 ans. Le Gouvernement syrien, a-t-il assuré, est prêt à mettre un terme aux combats si les groupes syriens armés renoncent aux armes. « Ils seront pardonnés », a-t-il assuré, en précisant que des groupes terroristes comme Daech ou le Front el-Nosra seront exclus d’une telle amnistie.


Source : ONU

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