Catherine MAIA
Sous
la présidence du Secrétaire d’État américain, John Kerry, le Conseil de sécurité
a adopté, le 18 décembre, une résolution priant le Secrétaire général de l’ONU
de réunir les représentants du Gouvernement de la Syrie et de l’opposition pour
des négociations officielles sur un processus de transition politique dans ce
pays, « en visant le début du mois de janvier 2016 » pour le début de
ces pourparlers.
Sur
le fond, toutefois, la Résolution 2254
(2015), adoptée à l’unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité,
représentés exceptionnellement par leurs Ministres des Affaires étrangères, se
présente avant tout comme un texte de compromis ne réglant pas le sort de
l’actuel Chef d’État syrien, Bachar Al-Assad ni les principaux points de
discorde que sont l’identification des groupes reconnus comme terroristes et la
composition d’un secrétariat devant représenter l’opposition syrienne.
Par
la Résolution 2254 (2015), le Conseil de sécurité « avalise » les
Déclarations de Vienne, dont l’objet est l’application intégrale du Communiqué
de Genève du 30 juin 2012, « fondement d’une transition politique conduite
et prise en main par les Syriens et visant à mettre fin au conflit syrien ». C’est
au peuple syrien qu’il appartient de décider de l’avenir de la Syrie, souligne
le Conseil de sécurité.
Un
processus politique dirigé par les Syriens et facilité par l’ONU, indique la Résolution
2254 (2015), doit mettre en place, « dans les six mois », « une gouvernance
crédible, inclusive et non sectaire », et arrêter un calendrier et les
modalités d’une nouvelle Constitution. En vertu de cette Constitution,
des élections « libres et régulières » devraient se tenir,
« dans les 18 mois », sous la supervision de l’ONU.
Pour
le Conseil de sécurité, transition politique et cessez-le-feu doivent avancer
rapidement. Un cessez-le-feu « s’étendant à tout le territoire
syrien » devrait prendre effet dès que les représentants du Gouvernement
syrien et de l’opposition « auront pris les premières mesures sur la voie
d’une transition politique ».
Il
revient aussi au Secrétaire général de prendre la direction, par l’intermédiaire
de son Envoyé spécial, Staffan de Mistura, des efforts en faveur d’un
cessez-le-feu. Dans un délai de 60 jours, Ban Ki-moon devra faire rapport
au Conseil de sécurité sur la progression du processus politique et, d’ici un
mois, lui présenter les options pour mettre en place un « mécanisme de
communication » destiné à surveiller et vérifier le cessez-le-feu.
La
Résolution
2254 (2015) du 18 décembre 2015 confirme, par ailleurs, le rôle qui revient
au Groupe international d’appui pour la Syrie (GIAS), « principal
mécanisme de facilitation des initiatives de l’ONU visant à parvenir à un
règlement politique durable en Syrie » et qui s’est réuni durant la
matinée du 18 décembre à New York, pour la troisième fois depuis le mois
d’octobre 2015.
« Après
quatre ans et demi de conflit », a rappelé le Secrétaire d’État américain,
« c’est la première fois que le Conseil de sécurité convient d’une feuille
de route en vue d’un règlement politique du conflit », « qui n’offre
pas un choix entre Bachar Al-Assad et Daech, mais entre la guerre et la
paix ».
De
son côté, alors que la Russie a opposé à quatre reprises son veto à toute
adoption d’une résolution par le Conseil de sécurité et s’est engagée sur le
terrain aux côtés de Damas, le Ministre russe des Affaires étrangères a estimé
que les déclarations sur l’issue des pourparlers multilatéraux concernant la
Syrie, qui se sont tenus à Vienne les 30 octobre et 14 novembre 2015, ainsi que
la Résolution, adoptée le 18 décembre, fournissent une « plateforme »
permettant d’établir les conditions nécessaires à un règlement juste et durable
du conflit syrien, « pour l’ensemble des parties prenantes ».
Rejetant
les tentatives déployées, « depuis l’extérieur », pour changer le
« destin du Président » syrien Bachar Al-Assad, le Chef de la diplomatie
russe a espéré que l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie adopterait une
« attitude impartiale » dans l’accompagnement des négociations entre
parties syriennes et que le Conseil de sécurité, dans l’intérêt du peuple
syrien, ne cèderait pas à la « rhétorique idéologique » et aux
« ambitions politiques ».
Pour
sa part, le Ministre des Affaires étrangères de la France, Laurent Fabius, a
estimé que « tant que persiste la gouvernance actuelle de Bachar Al-Assad, une
réconciliation véritable entre la population et l’État syrien est exclue »,
parlant ainsi d’une « réalité politique incontournable ». Le Chef de la
diplomatie française a, par ailleurs, constaté que le régime syrien n’avait pas
encore manifesté sa volonté d’entrer dans une négociation sérieuse sur la base
des termes définis, alors que l’opposition présente désormais un front uni,
depuis la Conférence de Riyad, en Arabie saoudite, du 10 décembre 2015.
Si
Daech est une menace, c’est Bachar Al-Assad qui porte la responsabilité des
souffrances en Syrie », a déclaré le Secrétaire d’État aux Affaires étrangères
et du Commonwealth du Royaume-Uni, Philip Hammond. Il a, à son tour, tenu
à rappeler que les participants à la Conférence de Riyad avaient réaffirmé
l’importance du Communiqué de Genève, avec une mise à l’écart de Bachar
Al-Assad, en vue de l’avènement d’une Syrie pluraliste.
Rejetant
toute « ingérence étrangère », le représentant de la Syrie, Bachar
Ja’afari, a blâmé, en revanche, les terroristes et « les pays qui les
soutiennent » pour la situation catastrophique que connaît son pays depuis
près de 5 ans. Le Gouvernement syrien, a-t-il assuré, est prêt à mettre un
terme aux combats si les groupes syriens armés renoncent aux armes. « Ils
seront pardonnés », a-t-il assuré, en précisant que des groupes
terroristes comme Daech ou le Front el-Nosra seront exclus d’une telle
amnistie.
Source : ONU
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