Catherine MAIA
Présidé par le Secrétaire
au Trésor des États-Unis, et en présence des Ministres des Finances de 6 autres
pays, le Conseil de sécurité a renforcé, le 17 décembre, ses sanctions contre
le groupe terroriste Daech, afin de tarir les ressources financières qu’il
retire d’activités telles que la contrebande de pétrole et d’antiquités et le
paiement de rançons. En adoptant à l’unanimité de ses 15 membres la Résolution 2253 (2015),
il a reconnu Daech comme étant une entité à combattre et désigné son
Comité 1267/1989 des sanctions contre Al-Qaida sous le nom de
Comité 1267/1989/2253 contre Daech et Al-Qaida.
Soulignant que c’était la
première fois que le Conseil de sécurité réunissait des ministres des Finances
pour discuter de la question du terrorisme international, le Secrétaire au
Trésor des États-Unis, Jacob J. Lew, a estimé que la mise en œuvre de ce texte sera
cruciale pour vaincre la menace mondiale posée par Daech.
Cette longue résolution,
qui comprend deux annexes, demande aux États de prendre à l’encontre de Daech,
d’Al-Qaida et « des personnes, groupes, entreprises et entités qui leur
sont associés » des mesures visant le gel des avoirs, l’interdiction de
voyager et l’embargo sur les armes et d’assurer leur application.
Les États devront
présenter au Comité, dans les 120 prochains jours au plus tard, un rapport
à ce sujet. Outre leur obligation de veiller à ce que toute personne se
trouvant sur leur territoire n’aide pas financièrement Daech et Al-Qaida, ils
devront également prendre des mesures « fermes et énergiques », afin
d’endiguer les flux financiers au bénéfice des personnes et entités inscrites
sur la Liste des sanctions. Ils devront appliquer les recommandations relatives
au financement du terrorisme du Groupe d’action financière (GAFI), dont le
Président, Je-Yoon Shin, a pris la parole le 17 décembre.
Préoccupé par la
non-application de ses résolutions antérieures, le Conseil de sécurité engage
aussi les États membres à rendre compte au Comité des efforts menés sur leur
territoire pour « intercepter du pétrole, des produits pétroliers, des
unités de raffinage modulaires et du matériel connexe à destination ou en
provenance de Daech ou du Front el-Nosra ». Ces mesures concernent,
de même, les antiquités.
S’agissant de
l’inscription sur la Liste, les États membres devront communiquer au Comité les
noms des personnes et entités qui financent ou soutiennent les activités de
Daech et d’Al-Qaida, ainsi que celles qui leur sont associés. La
présente résolution proroge, enfin, le mandat du Bureau du Médiateur pour une
période de 24 mois et prie le Secrétaire général de renforcer ses
capacités. Ce dernier présentera au Conseil, dans les 45 jours, un rapport
sur l’action menée par l’ONU pour aider les États membres à lutter contre
Daech.
« Face à la propagande haineuse et aux attaques meurtrières de
Daech et des autres groupes terroristes, nous devons unir nos forces pour les
empêcher d’acquérir et d’utiliser de nouvelles ressources », a affirmé le
Secrétaire général. Les terroristes, a-t-il souligné, tirent notamment
profit des faiblesses des régimes financiers pour lever des fonds et nouent des
liens très rentables avec des organisations criminelles. « Ils ont
engrangé trop de succès », a-t-il déploré.
La communauté internationale doit rester aux avant-postes de la lutte
contre le financement du terrorisme, a estimé M. Ban, convaincu que la
résolution « historique », adoptée le 17 décembre 2015, permettra
« d’aboutir à des régimes de régulation plus efficaces, dans le respect
des droits de l’Homme ». Le Secrétaire général a également plaidé pour le
partage de l’expertise afin de mettre fin au commerce illicite des objets
culturels et pour une association plus étroite des secteurs privé et associatif
qui puisse identifier les transactions suspectes.
« La nécessité de prévenir et perturber les flux financiers
devrait s’inscrire au centre de toute stratégie contre Daech », a affirmé,
de son côté, le Président du GAFI. La plupart des États appliquent trop
lentement le gel des avoirs requis par les Nations Unies, « avec des
retards qui s’échelonnent entre deux jours et un mois », a-t-il fait
observer. Le Président du GAFI a souligné qu’il était nécessaire de
procéder à un meilleur partage de l’information entre les agences des États,
entre les États eux-mêmes et entre les acteurs du secteur privé.
« Maintenant que cette résolution est adoptée, nous devons la
mettre en œuvre le plus rapidement possible », a lancé le Ministre des Finances
de la France, Michel Sapin, appuyé par l’ensemble des membres du Conseil. Il a
souhaité qu’elle conduise à de nouvelles inscriptions sur la liste des personnes
et des entités sanctionnées. Cette position a été partagée par le
Chancelier de l’Échiquier du Royaume-Uni. Georges Osborne. Les noms
des ressortissants britanniques, qui se sont rendus en Syrie et en Iraq et que
son pays vient d’identifier, seront inscrits sur la Liste du Comité des
sanctions, a-t-il assuré.
Les ministres des Finances
pourraient se réunir au sein de ce Conseil dans quelques mois pour examiner la
mise en œuvre de la résolution, a également proposé M. Osborne. De son
côté, le Ministre des Finances de l’Angola, Armando Manuel, a rappelé que
son pays avait adopté une loi assurant l’application immédiate des mesures
prises par les Comités des sanctions de l’ONU, tandis que son homologue de la
Jordanie, Omar Malhas, a affirmé que son pays avait pris des mesures pour
empêcher le trafic illicite de biens, d’antiquités et de pétrole par Daech à
travers ses frontières.
Pour la Fédération de Russie, coauteur de la résolution, l’essentiel
des quantités de pétrole transite par la Turquie et les livraisons ont été
effectuées par des compagnies turques et acheminées vers les ports de la mer
Méditerranée, a soutenu son représentant, Vitaly Churkin. Les frappes
aériennes lancées par la Russie, a-t-il fait remarquer, ont permis de réduire considérablement
ces quantités. Le Secrétaire au Trésor des États-Unis a affirmé que son
pays était déterminé à détruire Daech « en utilisant tous les leviers de
la puissance américaine ».
Source : ONU
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