17 janvier 2016

REVUE : "Résistances anti-systémiques", Recherches internationales (n°104, juillet-septembre 2015)

Michel ROGALSKI

Depuis la crise financière de 2008, c’est-à-dire le sauvetage des banques par les États qui furent ensuite rançonnés par ces mêmes banques, sont apparus dans le monde des mouvements de protestation en dehors des partis politiques traditionnels ou en marge des institutions. Dans les pays occidentaux, le sauvetage des banques a galvanisé les oppositions en dehors des partis traditionnels qui avaient tous collaboré au sauvetage par l’argent public. Les indignés espagnols criaient, à juste titre, « ce n’est pas une crise mais une escroquerie ». Le petit livre de Stéphane Hessel, Indignez-Vous !, a parfaitement cristallisé le sentiment de nombreux citoyens choqués par les réponses à la crise de leurs dirigeants. Ailleurs dans le monde la crise financière était seconde par rapport aux préoccupations locales.

Les mouvements de résistance de la société civile ont conduit à ce qu’il est convenu d’appeler les « printemps arabes » en Tunisie ou en Égypte, en Espagne le mouvement des indignés a débouché sur la création de Podemos, aux États-Unis le mouvement Occupy Wall Street s’est opposé au Tea Party, un mouvement de protestation réactionnaire et démagogique. En Grèce, la création de Syriza est le fruit d’une démarche protestataire qui n’est pas complètement hors système et qui doit faire face à la montée d’un mouvement de type fasciste, Aube dorée. À Hong Kong, le mouvement dit des parapluies s’est inspiré du mouvement américain, qui lui-même faisait explicitement référence à la place Tahrir. En Turquie, les protestations de la place Gezi ont semblé suivre le même schéma qui a aussi inspiré certains mouvements au Brésil.

On a pu croire à une mondialisation de la protestation qui viendrait accompagner la mondialisation marchande pour la contester au niveau local, mais en gardant une inspiration internationaliste. L’internationalisme des progressistes est à la fois une forme de solidarité mondiale et une forme d’opposition aux dominants locaux et à leur pratique de la globalisation marchande.

La désaffection à l’égard du politique et des formes traditionnelles de la représentation s’exprime par la forte montée de l’abstention ou une radicalisation de la protestation qui peut pencher à gauche ou à droite selon les lieux et les moments. Les mouvements progressistes se sont souvent retrouvés face non seulement aux pouvoirs en place, mais aussi en lutte ou compétition avec des mouvements dits « populistes », bien que le terme soit problématique, en tout cas de mouvements xénophobes, démagogiques et réactionnaires. Ces mouvements de droite bénéficient du soutien, notamment financier, des classes dominantes que l’usage sémantique courant désigne comme les élites. Cet usage récent est problématique car non seulement l’étymologie du mot « élite » renvoie à un choix qui est le résultat d’une élection et suggère que l’élite est ce qu’il y a de meilleur, mais il gomme les rapports de domination qui existent entre « l’élite » et la « masse ». Il existe donc des liens entre divers mouvements en dépit de situations politiques et historiques fort différentes. Les modalités de la protestation passent d’un contexte à l’autre et s’adaptent. Partout résonne « l’appel à la dignité » (Wieviorka). Une préoccupation centrale de ces mouvements est d’éviter les types d’organisation verticale dans lesquels un dirigeant ou une dirigeante donne des consignes. Le rôle des intellectuels est lui aussi transformé par ces mouvements qui refusent les maîtres à penser, gourous ou mentors prophétiques. La protestation qui demande une vraie démocratie (democracia real en Espagne) sert de laboratoire à cette démocratie dans son organisation. Certains auteurs critiques voient dans cette caractéristique l’une des sources de l’échec relatif des mouvements qui finalement seraient restés trop centrés sur eux-mêmes et coupés des autres forces démocratiques comme les syndicats ou les partis progressistes. La place des réseaux sociaux fait débat dans les divers lieux de protestation, comme nous le verrons dans les divers articles de ce dossier.

Dans certains cas, la protestation anti-systémique a servi de déclencheur et a été relayée par une organisation plus traditionnelle. Podemos est ainsi devenu un parti politique, comme Syriza. En Tunisie, les organisations récemment distinguées par le prix Nobel de la paix ont été au centre de la contestation et ont inspiré le gouvernement qui s’est installé au pouvoir. On peut dire que dans ce pays la protestation a vraiment débouché sur une démocratisation de la vie publique. Dans ce cas la société civile est le moteur des transformations politiques. La victoire électorale de Syriza peut également s’analyser en ces termes, même si la suite des événements en Grèce montre les limites des réussites démocratiques dans un pays inséré dans l’Union européenne au credo néolibéral.

Un auteur indien installé aux États-Unis, Vijay Prashad, a pu parler d’un « printemps arabe et d’un hiver libyen » pour évoquer ce qu’il est convenu d’appeler l’échec du printemps arabe, un échec voulu par les forces militaires occidentales qui sont intervenues en Libye en 2001. En Égypte, le mouvement de la place Tahrir a d’abord conduit à l’élection d’un président issu de la mouvance islamiste des Frères musulmans, puis au retour de la dictature avec Al Sissi. Au contraire de la Tunisie, la protestation a donc été écrasée et tous les gouvernements occidentaux qui disaient soutenir les aspirations démocratiques des protestataires égyptiens se sont précipités pour faire des affaires avec le nouvel autocrate égyptien. La France, on le sait, est en pointe dans la vente d’armes au nouvel homme fort qui n’a que faire des aspirations démocratiques de son peuple et viole les droits humains pourtant célébrés par les responsables politiques occidentaux.

Si les médias occidentaux semblent soutenir tous les mouvements protestataires d’inspiration démocratique, au moins dans un premier temps et surtout si la protestation n’a pas lieu dans un pays occidental, les médias et les pouvoirs en place s’accommodent facilement de la défaite de ces mêmes mouvements. Les reportages sympathiques en France sur la protestation en Égypte ont laissé la place à une réjouissance induite par les contrats de vente d’armes dont on dit qu’ils vont sécuriser des emplois en France. En Libye, les débuts de protestation démocratique ont été instrumentalisés pour légitimer une intervention militaire qui a remplacé une dictature par le chaos, lequel explique, pour partie, la crise des réfugiés actuelle. Dans les pays occidentaux, tant en Grèce qu’aux États-Unis ou en Espagne ou au Brésil, les classes dominantes, le monde de la finance ou, dans le cas de la Grèce, les institutions européennes, ne sont pas restés inactifs face aux protestations anti-systémiques relayées par les structures politiques.

Partout dans le monde les mouvements progressistes se sont donc retrouvés pris dans un rapport de force défavorable qui, parfois, n’avait pas bien été pensé par ces mouvements. La protestation, dans les meilleurs des cas, en Tunisie, par exemple, conduit à des changements structurels. Dans d’autres cas, comme aux États-Unis ou en Espagne, elle est source d’inspiration et contre-pouvoir rhétorique dans le champ politique, ce qui prépare, peut-être, des changements à venir. Ailleurs, elle est écrasée ou étouffée comme en Égypte ou au Brésil où les progressistes sont en déroute quasi-totale.

Les mouvements anti-systémiques sont pris dans une sorte d’aporie : leurs modes opératoires, souvent ludiques et libertaires, marquent la rupture avec les organisations politiques et signent le rejet du politique, mais ce mode opératoire rend leur viabilité et leur permanence incertaines. Nous verrons comment, dans les divers pays observés, les manifestations et protestations ont buté sur cet écueil. Là où la protestation a débouché sur des changements institutionnels (Tunisie) ou sur des évolutions idéologiques (Grèce, États-Unis), les mouvements marginaux ont délibérément quitté la marge pour jouer dans la sphère politique habituelle. On peut s’interroger sur les formes ludiques et l’utilisation de Facebook et Twitter pour mener à terme des luttes qui nécessairement sont âpres lorsque l’on s’attaque aux intérêts économiques et financiers des dominants.

La phase d’indignation, qui prend la forme d’un carnaval festif, se répand plus vite grâce aux réseaux sociaux qui permettent aussi les communications entre révoltes locales et les échanges planétaires, mais après l’indignation nécessaire vient le temps de la concrétisation au plan politique des aspirations démocratiques. Ce temps-là réclame certaines formes d’organisation et le relais de partis ou syndicats inscrits dans le jeu politique. Pour gagner la bataille de l’indignation contre les mouvements démagogiques de droite, les mouvements progressistes ne peuvent faire l’économie de structures et d’organisation. Sinon, comme le disait déjà en 2011 le philosophe Slavoj Žižek, les protestataires risquent de tomber amoureux d’eux-mêmes6. La Tunisie est là pour montrer que, dans certains cas, les protestataires ont su éviter de le faire.

Cependant, le devenir de Podemos en Espagne pose problème car l’inscription dans le jeu politique vertical semble plutôt avoir plombé les chances de succès d’un mouvement populaire. Il n’est pas impossible que la mise au pas de Syriza en Grèce ait eu un impact négatif sur le parti espagnol proche d’Alexis Tsipras. La dimension internationaliste des luttes doit être prise en compte et en Europe ce cadre inclut la lutte contre les institutions européennes, haut lieu du néolibéralisme.

Dans d’autres pays également, l’échec relatif est imputable aux forces réactionnaires ou des classes dominantes qui ont mobilisé toutes leurs ressources. En d’autres termes, les luttes continuent et les mouvements anti-systémiques en sont une modalité parmi d’autres. Ils doivent s’inscrire dans un mouvement dialectique d’opposition anti-systémique et d’exercice du pouvoir ou de contre-pouvoirs.

En 1936, le président américain Franklin Roosevelt, qui, contrairement à ce que disait la droite de l’époque, n’était pas socialiste mais progressiste, avait déclaré juste avant sa réélection triomphale : « Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé ». Avant d’ajouter qu’il se réjouissait de la haine du monde de la finance à son égard. Cette leçon reste valable 70 ans plus tard et le succès de 1936 indique aussi que le monde de la finance ne gagne pas toutes ses batailles. On peut donc conclure en évoquant les succès partiels des mouvements de résistance de la dernière décennie, par exemple, justement aux États-Unis où la droitisation du paysage politique très marquée depuis les années Reagan est peut-être en fin de cycle.

Ce dossier passe en revue les mouvements protestataires dans un certain nombre de pays : la Tunisie et l’Égypte où les évolutions du « printemps arabe » ont été assez différentes, Hong Kong, le Brésil, la Grèce et les États-Unis. Dans des pays occidentaux donc, mais aussi émergeant en dehors de la sphère européenne. Une pensée authentiquement internationaliste pourra s’inspirer des expériences, réussites et impasses de tel ou tel mouvement.

Pierre Guerlain, « Indignations, résistances et mouvement »
(Présentation)


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L’émotion des attentats de janvier 2015 contre les journalistes de Charlie hebdo et le magasin Hyper Cacher encore dans nos esprits, la France a de nouveau été frappée et lourdement endeuillée. Par les mêmes. Mais contre des cibles plus indifférenciées, c’est-à-dire ni des juifs, ni des journalistes « blasphématoires », et avec des auteurs ayant à l’avance pour la plupart fait le sacrifice de leur vie, donc déterminés et indifférents à toute sanction, prêts au martyre et donc difficile à arrêter. Là encore, la préparation minutieuse de l’opération, l’existence d’un réseau organisé appuyé sur une logistique, les liens entretenus avec le Moyen-Orient ne font aucun doute. Rien de spontané. Les quelques propos tenus en guise de justification s’inscrivent à nouveau dans la geste djihadiste. La plupart des interrogations suscitées ont trouvé réponses, sauf peutêtre une. Pourquoi l’acte n’a-t-il pas été poussé à sa démesure ? Il en eut fallu peu pour que le Bataclan se transforme en Oradour de mille victimes, ou que le Stade de France ne connaisse des mouvements de foules paniquées incontrôlables. Alors, action mal réalisée ou volonté de signifier que la prochaine fois ce pourrait être pire ?

À une quinzaine d’années de distance, on pense au 11 septembre et aux attentats contre les tours de Manhattan. Une différence s’impose qui mesure le chemin parcouru. En 2001, les principales capitales arabes connurent des mouvements de joie spontanés, souvent réprimés et beaucoup de drapeaux américains brûlèrent. Ce qui autorisa bien vite, à tort, certains à se demander si l’organisation Al-Qaïda ne devait pas émarger à la geste anti-impérialiste voire tiers-mondiste. Aujourd’hui, rien de tel n’a accompagné les attentats de Paris. Aucune explosion de joie ou d’approbation. Signe que la réflexion a évolué sur l’appréciation de la mouvance islamiste. Les exactions commises, au demeurant la plupart dans le monde arabe, ne jouissent plus de la même adhésion de la part des populations de ces pays. Si elle fait encore peur, la mouvance intégriste a perdu l’essentiel de son capital de sympathie. Elle fonctionne à la terreur, du Moyen-Orient au Sahel et au Maghreb et maintenant en Europe, en espérant que le chaos provoquera les affrontements identitaires propices à la propagation de son projet de retour à un islam des origines.

Mettons de côté les interprétations psychiatriques sur les processus spécifiques de radicalisation d’une fraction de la jeunesse française. On n’a jamais osé analyser en ces termes les milliers de combattants issus des pays arabes qui sont allés faire le djihad en Afghanistan et qui en sont revenus pour essaimer des Balkans à l’Algérie en passant par le Sahel et la Tchétchénie ou d’autres terres de métastases. Personne n’a osé ce type d’interprétation pour caractériser les milliers de combattants français ayant rejoint les rangs des Brigades internationales au côté de la République espagnole. Il existe, depuis l’intervention soviétique en Afghanistan, c’est-à-dire depuis les années 1980, un internationalisme djihadiste que l’organisation de l’État islamique a dopé et relancé et dont on vient de découvrir que des Français y contribuaient. Ses causes ne sont pas spécifiquement françaises. Il se tarira dès lors que les terres d’appel réelles ou fantasmées auront disparu, c’est-à-dire quand l’islamisme radical aura été défait et désavoué par la majorité des populationsmusulmanes. Les capitales européennes ou les États-Unis qui ont été ensanglantées par une longue chaîne d’attentats ne constituent que des terrains secondaires par rapport aux convulsions qui traversent le monde musulman.

On ne peut qu’être frappé de voir combien les analyses et commentaires proposés sur l’événement d’aujourd’hui ressemblent à s’y méprendre à ce qui a pu être dit ou écrit en 2001 à propos des attentats de Manhattan. Deux grilles de lecture principales sont proposées pour rendre compte de l’acte terroriste. Basculer exclusivement dans l’une ou l’autre serait ne pas comprendre combien elles s’entremêlent.

Pour les uns l’impérialisme expliquerait tout. La cause essentielle en serait l’extrême misère qui touche ces régions et les expéditions punitives et guerrières répétées de l’Occident qui n’y auraient apporté que déstabilisations et chaos au lieu d’y aider à la construction étatique et à la promotion du développement. Les humiliés des confins de l’Empire seraient entrés en révolte avec leurs moyens – asymétriques – et leur haine des puissances occidentales. De façon métaphorique, les banlieues des capitales occidentales – post-colonisées – seraient assimilées à ces régions et seraient en résonance avec elles. En surgiraient ainsi des despérados prêts à s’enrôler dans un combat global et à agir y compris sur place.

Pour les autres, l’islam serait entré dans une période d’intenses convulsions internes qui opposeraient un courant majoritaire modéré et pacifique à des fractions intégristes et radicalisées prônant un retour à une lecture littéraliste du Coran et à ses sources non contaminées et décidées à prendre le contrôle de l’ensemble de la communauté des musulmans, à en découdre avec les dissidents – les chiites – et les mécréants. Un tel programme s’appuierait sur le souvenir des glorieux succès sur les Soviétiques en Afghanistan une première fois puis sur les Américains coalisés une seconde fois et sur le chaos engendré par les interventions occidentales en Irak et en Libye ou sur l’effondrement de l’État syrien. L’organisation de l’État islamique aurait pris le pas sur Al-Qaïda pour poursuivre ce combat à partir d’une base territoriale, le Califat.

Aucune des deux thèses n’est réfutable en totalité mais, isolées, elles restent partielles. Si le projet intégriste religieux est indéniable et ouvertement revendiqué, il reste vrai que les zones concernées concentrent un cocktail de misère, d’arriération, d’humiliation qui côtoie des oligarchies rentières et donc des richesses que les interventions occidentales n’ont jamais tenues pour secondaires. Ces territoires ont toujours connu exploitation, ingérences et rapines. Mais cela n’autorise pas à dire que ce qui s’y passe aurait pour objet de remettre en cause les bases et le mécanisme de cette domination. Les zones touchées ont toutes pour trait commun de concentrer des populations musulmanes qui sont l’enjeu de ces conflits et doivent être soumises à ces nouveaux prophètes. D’autres parties du monde, tout aussi sousdéveloppées, échappent à ce type de violence.

Les communautés musulmanes installées en Europe sont appelées à participer à ce combat. Les opposer au reste de la population à partir d’actes sanglants pour susciter un engrenage d’actes ethnico-religieux permettant aux intégristes des deux camps de s’imposer constitue le but de cette stratégie. Les extrémistes doivent toujours apparaître comme les meilleurs défenseurs de leur communauté qu’ils mènent à l’affrontement et qu’ils tentent de persuader qu’elles ne peuvent plus vivre ensemble. Tel est le piège tendu à la France par les attentats du 13 novembre au Bataclan et au Stade de France. Le bilan est mitigé. Bien sûr, la population musulmane ne s’est pas jetée dans les bras des islamistes, tout au contraire, et on n’a pas assisté à des scènes de ratonnades ou de lynchages. Mais on s’est réveillé sous l’état d’urgence avec un dispositif sécuritaire impressionnant, sans pour autant savoir comment prévenir la répétition de tels actes.

Nous vivons aujourd’hui les conséquences d’événements qui se sont déroulés depuis une trentaine d’années dans le monde arabo-musulman. Nous sommes confrontés à l’irréversibilité de ces enchaînements. Le temps long relève d’analyses de fond incontournables ne serait-ce pour comprendre ce qui arrive et comment cela peut dégénérer. Autour de ces questions, il existe un arc-en-ciel de réponses que l’on doit resserrer. On peut  toujours expliquer qu’il n’aurait pas fallu faire ceci ou cela. Mais ça a été fait et on ne peut pas revenir dessus et repartir de zéro, car le chaos a été créé et c’est celui-là qu’il faut affronter. Bref, le dire et le rappeler, même si c’est juste, ne tient pas toujours lieu de boussole. C’est du présent et des possibles qu’il offre qu’il faut partir. Nous sommes alors confrontés à un temps court, celui de l’urgence où il nous est demandé des réponses rapides et efficaces, souvent dans l’émotion. Demandes qui relèvent aussi bien de politique intérieure – état d’urgence, lois sécuritaires... –, que d’engagements guerriers ou punitifs lointains lourds de conséquences sachant que les terrains sont interconnectés.

L’engagement militaire de forces occidentales dans un conflit intracommunautaire ou religieux ne peut que conforter le camp le plus radicalisé qui aura beau jeu de démontrer l’alliance coupable de l’adversaire. Tout au plus peut-on limiter l’extension d’une influence territoriale comme au Mali ou au Califat. Mais l’issue autour d’un accord durable permettant à toutes les communautés de vivre ensemble ne pourra être que politique et l’affaire des peuples de la région. Pour y parvenir, tout processus de paix doit être encouragé. La source du phénomène étant apaisée, la menace qui pèse sur la France sera écartée.

Michel ROGALSKI, « La France encore frappée »
(Editorial)





TABLE DES MATIÈRES
Michel Rogalski
La France encore frappée [Éditorial]
Nils Andersson, André Bellon, Gabriel Galice, Anne‐Cécile Robert
ONU, l’Union européenne : entre dogmes et doutes
Jean-Claude Paye
« Lutte antiterroriste » aux Etats‐Unis : vers un pouvoir absolu
Rémy Herrera
L’internationalisme cubain ou la révolution au-­delà d’elle-même

DOSSIER : RÉSISTANCES ANTI-SYSTÉMIQUES
Pierre Guerlain
Indignations, résistances et mouvements [Présentation]
Taoufik Djebali
La société civile tunisienne à l’épreuve de la révolution
Sarah Ben Néfissa
Les mouvements protestataires et la scène politique en Egypte après le 3 juillet 2013
Po-Keung Hui, Kin­-Chi Lau
Limites et potentiels du mouvement des parapluies à Hong Kong
Fanny Vrydagh
Brésil 2013, les ingrédients d’un renouveau des mouvements de contestation collective ?
Christophe Chiclet
Le mouvement protestataire grec. De Makrigiannis à Tsípras
Pierre Guerlain
Aux Etats­-Unis, deux voies/voix pour la protestation : le Tea Party et Occupy Wall Street

TRACES
Bachir Ben Barka, Mehdi Ben Barka
Le combat de la solidarité internationale

NOTES DE LECTURES

Sylvain Cypel, Un nouveau rêve américain ou la fin du mâle blanc ? [Pierre Guerlain]

Jacques Mistral (dir.), Le climat va-t-‐il .changer le capitalisme ? La grande mutation du XXIe siècle [Yann Guillaud]

Vincent Piolet, Paradis fiscaux, enjeux géopolitiques [Jean‐Christophe Le Duigou]

Jean‐Baptiste Jeanjène Vilmert, La responsabilité de protéger [Chloé Maurel]

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