Conférence prononcée le 30 mai 2006 dans le cadre du Séminaire de Science Politique des étudiants de Licence de l'Institut Universitaire des Hautes Etudes Internationales de Genève.
L’idée générale de cette conférence est de montrer le rôle que jouent les Organisations régionales dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales, et le cadre dans lequel s’inscrit la coopération de ces Organisations régionales avec l’ONU.
Cette question est particulièrement intéressante, car elle est encore récente. Jusqu’à présent, les Organisations régionales ont été assez peu étudiées sur un plan international. Elles ont plutôt fait l’objet d’études pour des régions précises, notamment l’Europe, et surtout pour leur apport dans le domaine économique. Or, depuis quelques années, le rôle des Organisations régionales dans les relations internationales, particulièrement dans le domaine de la paix, est en très forte progression et correspond à la mise en place d’un nouvel ordre mondial, encore en gestation.
La coopération entre l’ONU et les Organisations régionales dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales
*
* *
Conférence
Licence 3e HEI, SP
Mardi
30 mai 2006
Marion JULIA
Notes informelles
élaborées en vue de la préparation de la Conférence.
Le contenu n’engage que leur
auteur.
Introduction :
Eléments de définition des Organisations régionales
Comment
définir les Organisations régionales ?
Eléments
de définition des Organisations régionales dans le cadre de l’ONU
Evolution
du régionalisme
Cadre
institutionnel de la coopération entre l’ONU et les Organisations Régionales
Historique :
Universalisme et régionalisme
Répartition
des compétences entre l’ONU et les Organisations régionales
Evolution
de la coopération entre l’ONU et les OR depuis la fin de la guerre froide
Les
formes de la coopération
Les
actions de coopération entre l’ONU et les Organisations Régionales dans le
domaine de la paix et de la sécurité internationales
Contexte
Règlement
des conflits, maintien de la paix et sorties de crises
La
délégation
L’autonomie
La
complémentarité
Conclusion :
Vers le multirégionalisme
Bibliographie
et liens
Documents
de l’ONU
Sites
Internet
Divers
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L’idée
générale de cette Conférence est de montrer le rôle que jouent les
Organisations régionales dans le domaine de la paix et de la sécurité
internationales, et le cadre dans lequel s’inscrit la coopération de ces
Organisations régionales avec l’ONU.
Cette
question est particulièrement intéressante, car elle est encore récente.
Jusqu’à présent, les Organisations régionales ont été assez peu étudiées sur un
plan international. Elles ont plutôt fait l’objet d’études pour des régions
précises, notamment l’Europe, et surtout pour leur apport dans le domaine
économique.
Or,
depuis quelques années, le rôle des Organisations régionales dans les relations
internationales, particulièrement dans le domaine de la paix, est en très forte
progression et correspond à la mise en place d’un nouvel ordre mondial, encore
en gestation.
Comment
définir les Organisations régionales ?
La réponse n’est pas
simple, au vu de la diversité de ces Organisations. Les OR sont des organisations
intergouvernementales (par opposition aux ONG) et elles se caractérisent
principalement par le partage d’intérêts ou d’une solidarité en commun (par
opposition cette fois aux Organisations dites internationales, qui peuvent
potentiellement regrouper tous les Etats).
L’un des éléments qui
vient spontanément à l’esprit pour définir les OR est le principe de
territoire. On peut effectivement définir une région comme : une aire
géographique restreinte. Cependant, si le territoire est bien souvent un
élément fondamental dans la création d’une Organisation régionale, ce n’est pas
toujours le cas. Et, même lorsque c’est le cas, les frontières géographiques
étant mouvantes, on voit bien que le critère territorial n’est pas fiable.
En fait, il n’y a pas
de définition standard de la région. Il y a de nombreuses variétés de régions
qui répondent à des logiques différentes. Je vous donne quelques
exemples de ce qui peut être à l’origine d’une OR :
o Premièrement, les échanges économiques :
on peut citer les Organisations suivantes : ECOWAS : Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest - APEC : Coopération
économique Asie-Pacifique, ou encore
MERCOSUR : Marché commun du cône sud.
o Ce peut être aussi des affinités culturelles,
linguistiques ou historiques. Il s’agit là, notamment du Commonwealth, de
l’Organisation internationale de la Francophonie, de la Ligue des Etats arabes…
o Enfin, c’est parfois simplement le partage
d’intérêts communs, tels que le pétrole par exemple avec l’OPEP :
organisation des pays exportateurs de pétrole), mais aussi, la recherche de
stabilité et de sécurité, avec des organsations telles que l’OTAN :
Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, l’OSCE : organisation de la
coopération et de la sécurité en Europe…
Eléments de définition des Organisations régionales
dans le cadre de l’ONU
La Charte des Nations
Unies, signée à San Francisco le 26 juin 1945, utilise le terme
d’ « accords régionaux », ou « organismes régionaux ».
Peu à peu, ces termes ont été remplacés par celui d’ « organisations
régionales » dans les documents officiels de l’ONU.
Le Chapitre 8 de la
Charte, qui décrit le cadre de coopération entre l’ONU et les organisations
régionales, ne donne aucune définition précise de la notion d’accord régional
ou d’organisme régional. Cela peut s’expliquer par le fait qu’au moment de
l’élaboration de la Charte, le phénomène de régionalisme en était encore à ses
balbutiements.
Dans le cadre de
l’ONU on se réfère généralement à l’interprétation donnée à cette notion par M.
Van Kleffens : « un accord régional, en tant que pacte, est une
association volontaire d’Etats souverains d’une certaine aire ou ayant des
intérêts communs dans cette aire avec des buts communs, qui ne soient pas de
nature belliqueuse, en rapport avec cette aire ».
En 1992, le
Secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros Ghali a précisé dans l’Agenda
pour la paix, quelles étaient les organisations qui rentraient dans le
cadre de la Charte. Je le cite : « Les associations ou
entités en question peuvent être des organisations crées par un traité, avant
ou après la fondation de l’Organisation des Nations Unies, ou bien des
organisations régionales de sécurité et de défense mutuelles, ou encore des
organisations destinées à assurer le développement régional d’une façon
générale ou sur un aspect plus spécifique. Ce peut être encore des groupes
créés pour traiter d’une question particulière, qu’elle soit politique,
économique ou sociale, posée au bon moment ».
L’Evolution
du régionalisme
Lors de la création de l’ONU, le
régionalisme débutait à peine. Les processus d’intégration régionale ont
commencé à se multiplier, en Europe d’abord, à l’issue de la Seconde
Guerre mondiale. Ils se sont ensuite étendus à l’Afrique et à l’Asie dans
les années 60, à la suite du mouvement de décolonisation, puis, dans les
Caraïbes et le Pacifique dans les années 70.
Depuis la fin de la Guerre
froide, les Organisations régionales se sont multipliées et on a assisté à ce
qu’on a appelé la vague du « nouveau régionalisme », avec la mise en
place d’un réseau mondial d’organisations régionales.
Depuis quelques années, on
observe effectivement un mouvement d’ouverture et de coopération des OR entre
elles et vers l’ONU et les autres OI, ce que certains appellent la
coopération régionale globale.
Historique :
Universalisme et régionalisme
La mention des
organismes régionaux dans la Charte des Nations Unies trouve son origine dans
une querelle entre ce que l’on a appelé les « universalistes » et les
« régionalistes ». Cette querelle s’est tenue lors des travaux
préparatoires à la Conférence de San Francisco qui a donné naissance à l’ONU.
Réunis à Dumbarton Oaks en 1944, les quatre grandes puissances (Etats-Unis,
URSS, Chine, Grande-Bretagne) ne prévoyaient en effet aucune référence aux
organismes régionaux dans l’élaboration de la Charte.
Cependant, aux grandes
puissances s’opposaient alors plusieurs défenseurs du régionalisme, comme la
France et les représentants de certains Etats d’Amérique latine qui dénonçaient
la domination des Etats-Unis, ainsi que les Etats arabes qui craignaient un
rôle trop puissant de la puissance britannique dans des affaires comme celle de
la Palestine, alors colonie britannique.
Après d’âpres
négociations, l’influence du camps régionaliste a aboutit à un assouplissement
du camp universaliste en faveur des organismes régionaux. C’est donc de là que
vient le Chapitre 8 de la Charte des Nations Unies, consacré aux « organismes
régionaux ».
Répartition
des compétences entre l’ONU et les Organisations régionales
Analyses
Concernant l’Article
52 : celui-ci attribue aux organismes régionaux le devoir de
connaître, avant le Conseil de sécurité, des différends d’ordre local et les
encourage à les régler pacifiquement, avant de les soumettre au Conseil de
sécurité. = La Charte prévoit donc que le Principe de subsidiarité
s’applique en matière de règlement pacifique des différends. Dans les
faits, on verra que la différenciation entre le règlement pacifique et le
règlement coercitif des conflits est bien difficile à gérer pour l’ONU.
L’Article 53 , en
revanche, indique que pour ce qui est des questions qui appellent une action
coercitive, elles relèvent uniquement du Conseil de S. C’est là le Principe
de subordination relative qui est censé s’appliquer. Selon cet article, le
CS peut également faire appel aux OR pour l’application de mesures coercitives
dans la mesure où lesdits organismes l’acceptent. Toutefois, selon la Charte,
les OR n’ont pas de pouvoir d’initiative dans ce domaine et la responsabilité
des mesures coercitives reste l’apanage du Conseil de sécurité. On verra que la réalité est bien
différente.
Concernant l’Article
54 : celui-ci stipule que dans tous les cas, pour toutes les actions
relevant du domaine de la paix et de la sécurité internationales, les
Organisations régionales ont un devoir d’information auprès du Conseil
de sécurité.
Remarques
La
Charte énonce donc la supériorité des principes et des organes centraux de
l’ONU sur les OR.
Comme on le verra, la réalité montre que les OR gardent en fait une très large
autonomie par rapport à l’ONU, tout en acceptant de coopérer avec elle quand
elles le peuvent et quand cela s’avère nécessaire. On remarquera que l’ONU n’a
jamais entamé de recours contre une OR qui serait intervenu hors du cadre du
Chapitre 8 de la Charte.
Autre
remarque sur l’Aspect procédural : La Charte prévoit un cadre
de procédures qui doivent permettre de définir les rapports entre le Conseil de
sécurité et les OR. Dans les faits, on verra que c’est le cas par cas qui
domine.
Evolution de la coopération entre l’ONU et les OR depuis la fin de
la Guerre froide
C’est au cours des
années 1990, correspondant à la fin du monde bipolaire de la Guerre froide, que
la question du renforcement de la coopération entre l’ONU et les organismes
régionaux dans le domaine de la paix s’est posée, parallèlement aux réflexions
qui ont émergé sur la réforme de l’ONU et sur son rôle de l’Organisation dans les
relations internationales et dans le maintien de la paix. C’est une période où
l’euphorie du tout début des années 90 commence à céder la place à des doutes
sur la capacité de l’ONU à pouvoir faire face à tous les conflits. L’ONU s’est
alors de plus en plus intéressée au potentiel que représentait une plus grande
participation et implication des OR dans le domaine de la paix et de la
sécurité internationale. Et, l’idée de délégation, de décentralisation de la
gestion des affaires de paix et de sécurité se répand doucement mais sûrement
au sein de l’ONU.
En 1990, Javier
Pérez de Cuellar, Secrétaire général de l’ONU écrit dans son Rapport : « For
dealing with new kinds of security challenges, regional arrangements or
agencies can render assitance of great value. »
Depuis cette période,
l’Assemblée générale de l’ONU, propose régulièrement de resserrer la
coopération entre l’ONU et les organisations régionales dans le cadre des
activités de maintien de la paix et de la sécurité internationales. En 1992,
le Secrétaire général Boutros Boutros Ghali recommande dans son Agenda pour
la paix, une implication plus forte des OR dans les activités de l’ONU
liées à la paix. Cette implication n’a pas, pour lui, seulement pour but
d’alléger la tâche du Conseil de sécurité, mais également et surtout de
contribuer à la démocratisation des affaires internationales.
En 1994, Boutros
Ghali organise la première rencontre entre les Nations Unies et les Chefs d’une
dizaine d’organisations régionales. Parmi les différents sujets abordés
figurent : la formation du personnel des organisations régionales en
maintien de la paix, la coordination du contrôle et du commandement des
opérations communes de maintien de la paix et la coordination de l’application
des sanctions coercitives. D’autres réunions de haut niveau ONU/OR vont se
tenir sur le même modèle en 1996, 1998, 2001, 2003, et 2005.
En 1995, dans son
Supplément à l’Agenda pour la paix, BBG précise les différentes formes
que doit revêtir cette coopération avec les OR : la consultation,
l’appui diplomatique, l’appui opérationnel, le codéploiement d’effectifs et les
opérations conjointes.
Lors de l’Assemblée
générale de 1995, une Déclaration est adoptée sur le renforcement de
cette coopération. Elle mentionne que « les Etats participant à des
accords ou organismes régionaux sont encouragés à promouvoir le renforcement de
la confiance au niveau régional en vue du maintien de la paix et de la sécurité
internationales ».
Elle encourage
également la création par les organismes régionaux de procédures et dispositifs
de prévention et règlement pacifique des conflits. Et elle évoque notamment la
possibilité de « constituer et d’entraîner des groupes d’observateurs
militaires et civils, des missions d’établissement des faits et des contingents
de forces de maintien de la paix », en précisant toutefois que leur
utilisation doit se faire en accord avec l’ONU.
En 1996, la seconde rencontre de haut niveau
entre le Secrétaire général et les Chefs d’Organisations régionales avait pour
thème les principes généraux et les modalités de la coopération entre l’ONU et
les organisations régionales dans le domaine du maintien de la paix et de la
sécurité internationales.
En 1998, la troisième rencontre de haut niveau
a porté principalement sur le potentiel d’une plus grande coopération en
matière de prévention des conflits, et a établi à cet effet un cadre de travail
pratique de coopération dans ce domaine.
En 2001,
le Conseil de sécurité a tenu, à son tour, une réunion avec les organisations
régionales sur la consolidation de la paix. Les réunions entre le Conseil de
sécurité et les OR vont se tenir dès lors tous les ans, dans un cadre séparé
des réunions de haut niveau entre le SG de l’ONU et les OR.
En 2003, le SG
propose dans son Rapport une nouvelle vision de la sécurité mondiale, basée sur
« un réseau de mécanismes, régionaux et mondiaux, effectifs et
mutuellement renforcés ».
Cette même année, plus de 20 organisations régionales participent à
la 5ème réunion de haut niveau, sur le thème des nouvelles menaces
de la paix et de la sécurité internationale auxquelles est confronté le monde
actuel. Là encore, les organisations participantes ont mis l’accent sur
l’impact positif de leur coopération entre elles et avec l’ONU, et sur la
nécessité de développer l’échange d’informations, particulièrement dans les
domaines politiques, opérationnels et stratégiques.
13 modalités de coopération ont été identifiées, en vue de mettre en
place un mécanisme de paix et de sécurité aux échelons régional et
mondial :
o Une meilleur
coordination et consultation entre l’ONU et les OR au niveau des quartiers
généraux et sur le terrain,
o De meilleurs flux
d’information à travers des mécanismes systématiques
o Des échanges
d’officiers de liaison entre les OR et entre l’ONU et les OR
o Un échange de
listes d’équipes présentes par pays et région
o Des visites de
personnel dans les différents quartiers généraux
o Un entrainement en
commun du personnel actif dans la prévention des conflits et l’alerte précoce
o Des rencontres des
experts en prévention des différentes OR
o Établir des
répertoires des meilleures pratiques et des leçons apprises dans le domaine de
la prévention
o Développer des
indicateurs communs d’alerte précoce
o Établir une base de
données sur les capacités de l’ONU et des OR en relations avec la prévention
des conflits
o Créer des liens
spécifiques avec la sté civile pour la sensibiliser à la prévention
o Mobiliser les
ressources dans le domaine de l’alerte précoce t la prévention
o Et faire des
réunions pour suivre le développement de ces modalités
A l’issue de cette réunion, il est de créer 6 groupes de travail
permanents chargés de travailler entre les réunions de haut niveau sur les
sujets suivants :
o Dialogue des civilisations
o Bonnes pratiques acquises
dans le domaine du maintien de la paix
o Protection des populations
civiles dans les conflits armés
o Protection des droits de
l’homme dans le cadre de la lutte antiterroriste
o Surveillance des armes
biologiques et des missiles balistiques
o + Questions d’organisation
des réunions de haut niveau
En 2004, le Groupe de personnalités de haut niveau sur les
menaces, les défis et le changement, mis en place par le SG, rend son rapport
intitulé « Un monde plus sûr : notre affaire à tous ». Le rôle
des OR est largement mentionné dans les recommandations qu’il comporte.
En 2005, le
Secrétaire général rend son propre rapport, basé sur ces recommandations et
intitulé « Dans
une liberté plus grande - Vers le développement, la sécurité et les droits de
l'homme pour tous ». La collaboration entre l’ONU et les OR
apparaît comme un élément-clé d’une stratégie mondiale pour plus de sécurité.
- La 6ème réunion de haut niveau entre l’ONU et les OR se tient en juillet 2005 à New York, sur le thème : « Un partenariat entre l’ONU et les OR pour un monde plus sûr ». Elle a examiné les rapports des 6 groupes de travail institués en 2003. Il a été décidé de poursuivre et de compléter le mandat de ces groupes de travail et de créer un Comité permanent composé des représentants des Organisations régionales, chargé de lancer des idées, de mobiliser la volonté politique et de promouvoir l’adoption d’une orientation à long terme, ainsi que de surveiller l’exécution des décisions prises lors des réunions de haut niveau. Il a également été conclu de créer un secrétariat des réunions de haut niveau, composé de quelques personnes au sein du Département des Affaires politiques de l’ONU qui travaille en collaboration avec le programme d’études sur l’intégration régionale de l’Université des Nations Unies. Les participants se sont aussi mis d’accord pour se réunir tous les ans, au lieu de tous les 2 ans, et de faire coïncider ces réunions avec celles organisées par le Conseil de sécurité. Enfin, un haut représentant a été désigné au sein de chaque OR comme point focal pour l’ONU et les autres OR.
- En septembre 2005 s’est déroulé le Sommet mondial des Nations Unies à l’issue duquel a été adopté un document final qui, en écho au Rapport du SG, fait de nombreuses références aux organisations régionales, notamment au sein d’un paragraphe qui leur est consacré et qui énonce les 3 objectifs suivants :
- La 6ème réunion de haut niveau entre l’ONU et les OR se tient en juillet 2005 à New York, sur le thème : « Un partenariat entre l’ONU et les OR pour un monde plus sûr ». Elle a examiné les rapports des 6 groupes de travail institués en 2003. Il a été décidé de poursuivre et de compléter le mandat de ces groupes de travail et de créer un Comité permanent composé des représentants des Organisations régionales, chargé de lancer des idées, de mobiliser la volonté politique et de promouvoir l’adoption d’une orientation à long terme, ainsi que de surveiller l’exécution des décisions prises lors des réunions de haut niveau. Il a également été conclu de créer un secrétariat des réunions de haut niveau, composé de quelques personnes au sein du Département des Affaires politiques de l’ONU qui travaille en collaboration avec le programme d’études sur l’intégration régionale de l’Université des Nations Unies. Les participants se sont aussi mis d’accord pour se réunir tous les ans, au lieu de tous les 2 ans, et de faire coïncider ces réunions avec celles organisées par le Conseil de sécurité. Enfin, un haut représentant a été désigné au sein de chaque OR comme point focal pour l’ONU et les autres OR.
- En septembre 2005 s’est déroulé le Sommet mondial des Nations Unies à l’issue duquel a été adopté un document final qui, en écho au Rapport du SG, fait de nombreuses références aux organisations régionales, notamment au sein d’un paragraphe qui leur est consacré et qui énonce les 3 objectifs suivants :
o étendre la
coopération et les consultations entre l’ONU et les OR à travers la
formalisation d’accords entre les Secrétariats respectifs, et, lorsque cela
s’avère approprié, l’implication des OR dans le travail du CS ;
o s’assurer que les
OR qui ont des capacités en matière de prévention des conflits armés ou de
maintien de la paix considèrent la possibilité de placer ces capacités dans le
cadre du Système d’arrangements relatifs aux forces en attente des Nations
Unies ; (UNSAS : forces et ressources humaines – militaires et
experts – techniques et de services, en réserve pour les opérations de maintien
de la paix) ;
o renforcer la coopération dans les domaines
économiques, sociaux et culturels.
En février 2006, s’est
tenue la 1ère réunion du Comité permanent des réunions de haut
niveau ONU/OR. Le Comité est
composé de 10 membres nommés pour une année : l’Union africaine, la
Communauté des Caraïbes, l’OSCE, le Secrétariat du Commonwealth, l’UE, l’Organisation
internationale de la Francophonie, Interpol, La Ligue des Etats arabes,
l’Organisation du Traité de sécurité collective et le Forum des Iles du
Pacifique.
La prochaine réunion
de haut niveau devrait se tenir en 2007. D’ici là, sera décidée les modalités
de la participation des OR aux deux nouveaux organes créés : la Commission
de consolidation de la paix et le Conseil des droits de l’Homme.
Les
formes de la coopération
Le seul statut
officiel qui existe à l’ONU pour les OR est celui d’Observateur. En effet, dès
1948, l’Assemblée générale de l’ONU a pris l’habitude d’adresser des
invitations permanentes à des OR, ce qui leur permet de participer en tant
qu’Observateurs aux sessions et aux travaux de l’Assemblée générale. Cette
invitation équivaut dans les faits à une reconnaissance officielle de la part
de l’ONU.
La liste des
observateurs, qui contient non seulement des OR mais aussi des Etats non
membres de l’ONU et d’autres entités, grandit chaque année. L’Assemblée générale
de 2005 a établit une liste qui contient 61 Observateurs, dont une quarantaine
d’organisations régionales (+ Palestine, Saint-Siège et organismes
internationaux, tels que la Cour pénale internationale ou l’Union
interparlementaire).
Au cours des
dernières années, d’autres formes de coopération ont été institutionnalisées.
Cependant, il n’y a pas de format unique de coopération. Différents types
d’accord sont conclu entre l’ONU, ses différents organes ou Départements, et
les OR. Quelques exemples :
o en avril 1995, l’Organisation
des Etats américains (OAS) et le Secrétariat de l’ONU ont conclu un Accord de
coopération pour agir en étroite collaboration sur tous les sujets d’intérêt
commun, à travers la participation aux réunions, l’échange d’informations et la
coopération entre les 2 Secrétariats ;
o en décembre 2004,
l’Organisation de sécurité et de coopération en Europe (OSCE) et la Commission
économique pour l’Europe de l’ONU ont signé un Mémorandum d’entente pour
encadrer leur coopération dans le domaine de la sécurité ;
o d’autres mémorandum
d’entente spécifiques (ex : ASEAN / ONU sur la prévention des crimes et le
contrôle de la drogue) ont été signés, ainsi que des Déclarations
conjointes (ex : UE / ONU Déclaration conjointe en matière de gestion
de crises)
La coopération entre l’ONU et les OR se fait
également sous d’autres formes :
o Examen de rapports
et points à l’ordre du jour lors des sessions de l’Assemblée générale, sur la
coopération entre l’ONU et les OR (cas par cas)
o Représentations
permanentes auprès des Nations Unies, à Genève, à NY, à Vienne, à Addis-Abeba…
o Rencontres entre le
SG de l’ONU et les SG des OR, notamment à l’occasion de la tenue des Sommets
des OR
o Echanges
d’informations
o Réunions et
consultations périodiques entre les Représentants régionaux des OR et de l’ONU, Réunions générales ou sectorielles
o Programme de jeunes
experts
o Coopération avec certaines institutions du système
onusien
Les actions de coopération entre l’ONU et les Organisations Régionales dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales
Contexte
Depuis les années 80,
le concept de la sécurité s’est élargi, dépassant le strict cadre militaire
pour s’étendre aux dimensions politique, économique, social et
environnementale. Depuis quelques années, on parle de plus en plus
de « sécurité humaine », concept qui lie la sécurité, les
droits de l’Homme et le développement.
Pour faire face aux nouveaux
défis sécuritaires, qui sont tout à la fois rapides, mondiaux et simultanés,
les OR apparaissent particulièrement bien équipées et adaptées. Elles ont des
informations et une expertise solide dans leur aire géographique, elles
adaptent naturellement leurs réponses aux réalités régionales et peuvent être
très vite sur le terrain. Elles ont également une grande flexibilité
institutionnelle et opérationnelle.
Par ailleurs, les OR
ont l’avantage de mieux prendre en compte l’élément culturel présent dans les
nouveaux défis. On se comprend mieux entre Etats du même continent ou de la
même région, ou parlant la même langue, que dans une enceinte internationale.
Or, on sait que plus la mondialisation avance, plus la demande de
reconnaissance des particularités locales et régionales est forte. La diversité du monde requiert de
faire interagir des processus politiques qui se déroulent aux niveaux national,
continental et mondial. D’où le rôle de plus en plus important des OR. L’un
des atouts des OR est également de favoriser le sentiment d’une démocratisation
des affaires internationales.
Parallèlement le
multilatéralisme faiblit. On le voit avec le processus de réforme de
l’ONU, les Etats investissent moins dans l’ONU et les grandes OI. Dans le
domaine de la paix et de la sécurité, le CS reste le centre de décision
international, mais il est quelque peu paralysé, notamment avec le problème de
sa réforme. Comme vous avez dû le voir dans les cours précédents, l’ONU tente
de sortir d’une période sombre, marquée par ses échecs et ses faiblesses au
Rwanda, en Somalie ou en Ex-Yougoslavie. Là où l’ONU se trouve bloquée par ses
divergences internes et ses lenteurs institutionnelles, elle a compris qu’elle
devait s’appuyer sur les OR.
Règlement
des conflits, maintien de la paix et sorties de crises
La délégation
C’est la logique qui correspond le mieux à ce
qui est prévu par la Charte dans son Chapitre 8. Dans les faits, l’ONU voit
dans la délégation de missions aux OR le moyen de gagner en efficacité.
Le principal facteur de la délégation d’opérations de paix est, bien sûr, le coût
de la gestion directe de ces opérations. L’ONU est incapable de supporter financièrement
toutes les actions pour lesquelles elle est sollicitée.
On distingue dans la
logique de délégation, deux types d’actions.
D’abord, Les actions sur demande du Conseil. Dans les faits, l’application de
mesures coercitives sur requête du Conseil demeure largement une catégorie
virtuelle, bien qu’elle soit prévue par le Chapitre 8 de la Charte des Nations
Unies.
Ensuite, L’action approuvée par le Conseil, voire par l’AG. Ce type d’actions
correspond en principe au règlement pacifique des différends,
mais la flexibilité des qualifications permet d’y inclure des situations qui
concernent en réalité le maintien de la paix et de la sécurité. Je vous donne
un exemple : En 2002, débute le déploiement de la Force multinationale en
Centrafrique (FOMUC) par la Communauté économique et Monétaire d’Afrique
Centrale (CEMAC) mandatée par l’Union africaine, avec l’approbation de
l’ONU. La FOMUC est mise en œuvre dans le cadre des accords de Libreville,
signés le 2 octobre 2002, et elle est composée de 374 soldats gabonais,
congolais et tchadiens.
L’autonomie
Toutefois, on observe
qu’au cours des dernières années, les OR ont mené de nombreuses actions en
agissant de façon autonome, et en se substituant ainsi à l’action propre du
Conseil de sécurité.
Cela s’explique
notamment par le fait que les réponses régionales sont beaucoup plus rapides
que les réponses multilatérales et multinationales aux crises et conflits.
L’action autonome des OR, c’est à dire une action
indépendante de l’approbation du Conseil de sécurité. Quelques exemples :
En 1998, avec le lancement de l’opération Boleas, sous l’égide de la Communauté
de développement de l’Afrique australe (SADC). Elle est composée de troupes
sud-africaines et du Botswana, chargées de rétablir l’ordre au Lesotho, pays en
proie à de violentes manifestations de l’opposition qui conteste les résultats
des élections du 21 mai 1998. Autre exemple toujours sur le continent
africain : En 1999, débute la mission du Groupe de contrôle de la CEDEAO (l'ECOMOG) en
Sierra Leone. Elle est chargée de la mise en oeuvre de l'Accord de Paix, signé
à Lomé le 7 juillet 1999, entre le gouvernement légitime, les rebelles du Front
révolutionnaire uni (RUF) et les membres de la junte militaire (AFRC) de Sierra
Leone.
La coopération inter-régionale. En effet de plus en plus d’actions
sont menées conjointement par plusieurs OR, indépendamment de l’ONU. Quelques
exemples encore : toujours en Afrique : le 5 janvier 2005, le
Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine accepte le principe
du déploiement d'une mission d'appui à la paix en Somalie, pour soutenir les
institutions fédérales de transition de ce pays, en attendant le déploiement
d'une mission de maintien de la paix. Lors du Sommet de l'Union africaine, qui
se tient du 24 au 31 Janvier 2005 à Abuja au Nigéria, les chefs d'Etat et de
gouvernement demandent au CPS de confier l'organisation de cette force à une
autre OR, qui est l'Autorité régionale intergouvernementale de développement
(IGAD), composée des pays de la région (Somalie, Djibouti, Erythrée, Ethiopie,
Kenya, Ouganda et Soudan). De nombreux autres cas de coopération
inter-régionale pourraient être signalés, notamment entre l’OTAN, l’UE et
l’OSCE, ou entre l’UA et la CEDEAO.
L’indépendance des organismes de légitime
défense collective.
On peut prendre ici comme exemple la crise du Kosovo. Je ne reviens pas sur
tout l’historique de cette crise. Mais je rappelle la décision de l’OTAN de
lancer des frappes aériennes sur le territoire yougoslave, (ce qu’elle va faire
pendant la période du 24 mars au 10 juin 1999), sans avoir reçu l’aval de
l’ONU et alors qu’aucun des membres de l’OTAN n’était agressé ni menacé. Pour
la première fois, l’OTAN intervenait sans mandat du Conseil de sécurité des
Nations unies. On peut ajouter toutefois que soucieuse de s'inscrire dans un
cadre juridique, la coalition a considéré cinq éléments déterminants dans la
décision d'intervention militaire : le non-respect des résolutions 1160,
1199 et 1203 du Conseil de sécurité de l'ONU ; les avertissements du
Secrétaire général des Nations unies à propos des dangers de catastrophes
humanitaires ; les risques de voir survenir une telle catastrophe si la
Yougoslavie ne cherchait pas un règlement pacifique de la crise ;
l'hypothèse peu probable que serait adoptée une nouvelle résolution dans
l'avenir proche ; la menace pesant sur la paix et la sécurité dans la
région. Très rapidement, le CS tentera de reprendre le dossier en adoptant une
résolution autorisant le déploiement d’une force multinationale au Kosovo, la
KFOR, sous commandement de l’OTAN. Malgré tout, la crise du Kosovo marque un
signe de faiblesse de l’ONU face à une crise majeure et la porte ouverte à des
actions coercitives massives des OR qui présentent un risque de manque de
légitimité par rapport à une action approuvée ou mise en œuvre par l’ONU.
Les instruments normatifs et opérationnels des
OR dans le domaine de la paix. Depuis les années 90, plusieurs OR se sont progressivement dotées
d’organes et d’instruments à la fois normatifs, tels que des Déclarations,
Chartes et programmes d’actions, et opérationnels, tels que des forces
d’intervention. Si l’on reste en Afrique, on peut citer : le 30
juin 1993, l’adoption d’une Déclaration sur la création, au sein de
l'Organisation de l’unité africaine (OUA - UA), d'un Mécanisme pour la
prévention, la gestion et le règlement des conflits ; le 9 juillet 2002 l'adoption par l’UA du Protocole portant création du Conseil de Paix et de
sécurité ; puis, en juin 2004, lors d'une réunion de la Commission de la
défense et de la sécurité de la CEDEAO (Communauté des Etats de l'Afrique de
l'Ouest) à Abuja, les chefs d'état-major approuvent la création d'une force de
6 500 hommes qui pourra être déployée immédiatement dans la région en cas de
troubles.
On peut également observer que
d’autres OR, qui n’agissent pas traditionnellement dans le domaine de la paix,
commencent à se mobiliser, surtout dans le domaine de la prévention des
conflits.
C’est le cas par exemple de
l’OIF, avec l’adoption de la Déclaration de Bamako en 2002 et plus récemment en
mai dernier de la Déclaration de Saint-Boniface sur la prévention des conflits
et la sécurité humaine. Voilà une Organisation qui s’occupait à sa création, en
1970 de coopération culturelle et technique, et qui aujourd’hui joue un rôle
non négligeable dans la prévention et le règlement des conflits, notamment en
Côte d’Ivoire et en Haïti.
Cependant, la logique dominante qui
caractérise, à mon avis, les relations entre l’ONU et les OR dans le domaine de
la paix, reste celle de complémentarité.
La
complémentarité
Depuis le début des
années 1990, de plus en plus d’actions dans le domaine du maintien de la paix
se font, en effet, dans une relation de complémentarité entre l’ONU et les OR,
hors du cadre procédural de la Charte de l’ONU.
Si l’on prend le cas
de la Coordination des négociations. L’ONU et
les OR participent côte à côte à de nombreuses initiatives diplomatiques visant
à faire progresser les processus de règlement des conflits. Les OR peuvent
également apporter leur aide à l’ONU dans le cadre de médiation effectuée par
l’ONU dans un conflit, comme ce fut le cas à plusieurs reprises avec l’UA et la
Ligue des Etats arabes.
En matière de
Coordination des opérations, l’ONU et les OR peuvent déployer des forces partenaires,
comme ce fut par exemple le cas en Géorgie, avec la présence de la Mission
d’observation des Nations Unies en Géorgie, en liaison avec les forces de
maintien de la paix de la Communauté des Etats indépendants (CEI) et de l’OSCE.
Autre exemple : en mai 2005, lors de la conférence internationale
des bailleurs de fonds pour le Soudan qui se tient à Addis Abeba en Ethiopie,
sous le double patronage de l'Union Africaine et des Nations Unies, et en
présence de représentants de l'Union européenne et de l'OTAN, un engagement
important à une aide incluant des fonds et un appui logistique a été apporté à
la force de paix de l'Union africaine au Darfour (AMIS).
Cette
complémentarité peut se traduire par un Appui de l’ONU à une action d’une OR. La
première action de coopération entre l’ONU et les OR dans le domaine du
maintien de la paix eut lieu en 1993, lorsque le Conseil de sécurité créa la
MONUL (Mission d’observation des Nations Unies au Liberia), qui fut la première
mission de l’ONU mise en place avec une opération de maintien de la paix déjà
établie par une organisation régionale. En effet, la Communauté économique des
Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait créé, en 1990, le Groupe de
surveillance de cessez-le-feu (ECOMOG) ainsi que plusieurs mesures qui avaient
abouti à la conclusion d’un accord de paix. La MONUL s’est donc attachée à
faire respecter cet accord. Et, en 1997, la CEDEAO et la MONUL ont surveillé
ensemble les élections qui ont marqué la fin de la guerre civile au Liberia.
La complémentarité
peut aussi se traduire, à l’inverse, par un Appui opérationnel de l’OR dans le
cadre d’un plan prévu par les NU. En effet, c’est parfois l’OR qui prend le
relais d’une action entreprise par l’ONU. Exemple : En 2002, avec la
création de la Mission de police de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine
par une décision du Conseil de l’Union européenne, qui prend la relève du
Groupe international de police des Nations Unies de la MINUHB, créée en 1995.
Enfin, on peut
évoquer le co-déploiement. Là encore, je vous donne quelques
exemples : En 1993, le déploiement de la Mission civile internationale en
Haïti est assuré conjointement par l’ONU et l’Organisation des Etats américains
(OAS), pour faire respecter les droits de l’Homme dans le pays en proie aux
violences, suite au coup d’Etat militaire du 30 septembre 1991, qui a renversé
le Président Aristide démocratiquement élu le 16 décembre 1990. En 2004, on a
vu aussi le déploiement de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire
(ONUCI) qui englobait la Mission des Nations Unies en Côte d’ivoire (MINUCI) et
les forces de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest).
* *
*
Conclusion : Vers le multirégionalisme
J’ai donc essayé de
vous montrer le rôle grandissant des OR dans le domaine du maintien de la paix.
Cependant, je souhaite insister sur la notion de complémentarité. Les OR sont désormais des acteurs
incontournables de la paix, mais l’ONU, même faible actuellement, n’es reste
pas moins indispensable. Je cite, à ce propos, le Professeur Hervé
Cassan : « S’il n’y avait aujourd’hui que des OR sans
une organisation mondiale, on irait vers un système de confrontation porteur de
guerres et de conflits. Parce qu’à ce moment-là, on ne parlerait pas de
régionalisme, mais on parlerait d’alliances, avec toute la connotation
extrêmement offensive que peut avoir ce mot. Si aujourd’hui le régionalisme a
un sens, si aujourd’hui les OR sont perçues dans leur dimension positive, c’est
précisément parce qu’il existe une organisation mondiale. »
Les réalités politiques et économiques
contemporaines plaident cependant en faveur d’une réflexion sur une
réorganisation de l’ONU qui prenne en compte le rôle des OR. Une normalisation
de la coopération ONU/OR dans le domaine du maintien de la paix est nécessaire
pour garder un cadre multilatéral aux actions coercitives, cadre qui permet
d’éviter les abus éventuels de certaines OR ou les risques de conflits entre
OR. Cette normalisation se fait progressivement à l’ONU. Il faut espérer
qu’elle se poursuive tout en conservant la souplesse d’action qui caractérise
les OR.
Je finirai par une citation de
Luk Van Langenhove : « Réaliser un ordre mondial multirégional n’est pas
utopique car cela prend racine dans la réalité actuelle où, aux côtés des
nations, les régions du monde deviennent des outils de la gouvernance mondiale
de plus en plus importants. Pour ce faire, il faut des idées créatrices et
innovantes fondées sur une analyse détaillée des dimensions régionales des
conflits en cours et sur la coopération entre les organisations régionales
existantes de l’ONU. Mais étant donné la complexité
du nouvel ordre mondial émergent, une redéfinition du concept de
multilatéralisme intégrant la dimension régionale nécessite une approche
souple. Un système trop simple où les représentations régionales remplacent les
représentations nationales ne marchera pas. Et surtout, afin qu’elle
soit réalisable politiquement, l’idée d’un ordre mondial multirégional doit
être soutenue et encouragée par la société civile. Tant que cela ne sera pas le
cas, les vieilles habitudes et les structures organisationnelles ne changeront
pas et le monde ne sera pas un lieu plus sûr ».
Bibliographie et liens
Cette bibliographie non
exhaustive présente quelques-unes des références qui ont été utilisées dans la
préparation de la Conférence. Une liste
plus complète d’ouvrages sur le thème abordé est disponible sur le site
internet de l’Université des Nations Unies : www.cris.unu.edu.
Documents
de l’ONU
- « Déclaration du Sommet mondial de 2005 » - 24 octobre 2005 –
A/RES/60/1
- « Dans une liberté plus
grande : développement, sécurité et respect des droits de l'homme pour
tous » - 21 mars 2005 - A/59/2005
- « Un monde plus sûr : notre affaire à tous » - 2 décembre
2004 - A/59/565
- « Rapport du
Secrétaire général, Renforcer l’ONU : un programme pour aller plus loin dans le
changement » - 9 septembre 2002 - A/57/387
- « Rapport du
Secrétaire général : Pas de sortie sans stratégie : la prise de décisions au
Conseil de sécurité et la clôture ou la transformation d'une opération de
maintien de la paix des Nations Unies » - 20 avril 2001 - S/2001/394
- « Cadre de coopération pour la consolidation de la paix.
Résumé, par le Président, des propositions présentées à la quatrième réunion de
haut niveau entre le Secrétariat de l’ONU et les organisations régionales, New
York, 6 et 7 février 2001 » - 14 février 2001 - S/2001/138
- « Rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du
rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix de l’Organisation des
Nations Unies » - 21 octobre 2000 - A/55/502
- « Résolution adoptée par l’Assemblée générale : Déclaration
du Millénaire » - 8 septembre 2000 A/55/L.2
- « Rapport du Groupe d’Etude sur les opérations de paix des
Nations Unies » (dit Rapport Brahimi) - 21 août 2000 - A/55/305
- « Rapport du Millénaire du Secrétaire général : Nous les
peuples. Le rôle des Nations Unies au XXIème siècle » - 27 mars 2000 - A/54/200
- « Rapport du Secrétaire général : Les causes de conflit et
la promotion d’une paix et d’un développement durable en Afrique » - 13 avril
1998 – A/52/871
- « Résolution adoptée par l’Assemblée générale : Déclaration
sur le renforcement de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et
les accords ou organismes régionaux dans le domaine du maintien de la paix et
de la sécurité internationales » - 17 février 1995 – A/RES/49/57
- « Supplément à l’Agenda pour la paix : rapport de situation
présenté par le Secrétaire général à l’occasion du cinquantenaire de
l’Organisation des Nations Unies » - 3 janvier 1995 – A/50/60
- « Agenda pour la paix. Diplomatie préventive,
Rétablissement de la paix, maintien de la paix » - 17 juin 1992 – A/47/277
- Charte de l’ONU, 26 juin
1945 (Chapitre VIII)
Sites
Internet
- ONU. Paix et sécurité. http://www.un.org/french/peace/index.shtml
- Université des Nations
Unies. Comparative Regional Integration Studies. www.cris.unu.edu/
- Module d’introduction sur
l’intégration régionale. www.allied-co.com/ri/
- Base de données sur
l’intégration régionale. amantoin.brinkster.net/ri/site/index.htm
- Maintien de la paix dans le monde : l’ONU et
les acteurs régionaux. Chronologie. www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/maintien-paix/chronologie.shtml
- Forum sur la sécurité et la défense.
Programme Paix et sécurité internationales. Maintien de la paix. www.psi.iqhei.ulaval.ca/default.asp?Groupe=3&Niveau=4&Page=0
- Carte des Organisations
régionales en Afrique. www.diploweb.com/cartes/africorgregion.htm
Liste
non exhaustive de sites internet d’Organisations régionales
- OAS
- www.oas.org/
- OTAN - www.nato.int
- UE - www.europa.eu
- UA - www.africa-union.org/
- Secrétariat du Commonwealth
- www.thecommonwealth.org/
- OIF - www.francophonie.org
- Ligue des Etats arabes - www.arableagueonline.org
- ALENA - www.nafta-sec-alena.org/
- ASEAN- www.asean.or.id/
- Commission interaméricaine des droits de l'homme - www.cidh.oas.org/
- Conseil de l'Europe - www.coe.int
- APEC - www.apecsec.org.sg/
-
MERCOSUR - www.mercosur.org.uy/
- OSCE- www.osce.org/
- CEDEAO - www.ecowas.int/
- UMA - www.maghrebarabe.org/
- UEMOA - www.uemoa.int/
- SADC - www.sadc.int/
- CPLP - http://www.cplp.org/
- CEI - http://cis.minsk.by/
Divers
- Jacques TENIER, « Universalisme et régionalisme : les chemins
du partenariat », Questions internationales, n°11, janvier-février 2005,
pp. 68-77
- Jean-Pierre COT et Alain PELLET (dir.), La Charte des Nations Unies : commentaire article par article, Paris, Economica,
2e éd., 1991
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