Selon le Premier ministre Shinzo Abe, qui défend cette initiative, la création de ce ministère doit permettre à Tokyo de « normaliser » sa politique de défense et d’accroître son rôle sur la scène internationale, après plus de 60 de doctrine pacifiste. Âgé de 52 ans, Shinzo Abe, conservateur et nationaliste, appartient à une génération née après la guerre, qui n’éprouve aucun complexe et qui souhaite voir sortir le Japon de sa torpeur pacifiste.
Tant la crise nucléaire nord-coréenne que la montée en puissance militaire de la Chine, ont donné aux « faucons » de la droite japonaise les arguments pour convaincre l’opposition de réformer la politique de défense du pays, ce qui doit également passer par une révision constitutionnelle.
En effet, l'article 9 de la Constitution, imposée par l'occupant américain en 1947, spécifie que le Japon « renonce pour toujours à faire la guerre », et n'a donc pas besoin d'entretenir une armée combattante. Cet article empêche les « forces d'autodéfense » de participer à des opérations de défense collective, telles les activités de maintien de la paix à l'étranger. Le Premier ministre s'est donc engagé, à terme, à réviser la Constitution afin d'accroître les prérogatives des soldats japonais qui, pour le moment, n'ont pas le droit de tirer le moindre coup de feu, sauf dans des cas de légitime défense.
Toutefois, la volonté de réforme constitutionnelle de Shinzo Abe et de la droite nippone n'est pas sans inquiéter les voisins du Japon, Chinois et Coréens, qui craignent la résurrection du militarisme nippon dont ils ont eu à souffrir au siècle dernier.


A LIRE :
  • Philippe BOULANGER, « Après les élections japonaises », Multipol – Réseau d’analyse et d’information sur l’actualité internationale, 22 septembre 2006.