Officiellement pacifiste depuis sa défaite lors de la Seconde Guerre mondiale, le Japon s’est doté, vendredi 15 décembre, d’un véritable ministère de la défense. La création de ce nouveau ministère est largement symbolique dans la mesure où il doit venir remplacer l'actuelle Agence de défense, qui disposait déjà, avec environ 32 milliards d’euros, de l’un des budgets militaires les plus élevés du monde.
Selon le Premier ministre Shinzo Abe, qui défend cette initiative, la création de ce ministère doit permettre à Tokyo de « normaliser » sa politique de défense et d’accroître son rôle sur la scène internationale, après plus de 60 de doctrine pacifiste. Âgé de 52 ans, Shinzo Abe, conservateur et nationaliste, appartient à une génération née après la guerre, qui n’éprouve aucun complexe et qui souhaite voir sortir le Japon de sa torpeur pacifiste.
Tant la crise nucléaire nord-coréenne que la montée en puissance militaire de la Chine, ont donné aux « faucons » de la droite japonaise les arguments pour convaincre l’opposition de réformer la politique de défense du pays, ce qui doit également passer par une révision constitutionnelle.
En effet, l'article 9 de la Constitution, imposée par l'occupant américain en 1947, spécifie que le Japon « renonce pour toujours à faire la guerre », et n'a donc pas besoin d'entretenir une armée combattante. Cet article empêche les « forces d'autodéfense » de participer à des opérations de défense collective, telles les activités de maintien de la paix à l'étranger. Le Premier ministre s'est donc engagé, à terme, à réviser la Constitution afin d'accroître les prérogatives des soldats japonais qui, pour le moment, n'ont pas le droit de tirer le moindre coup de feu, sauf dans des cas de légitime défense.
Toutefois, la volonté de réforme constitutionnelle de Shinzo Abe et de la droite nippone n'est pas sans inquiéter les voisins du Japon, Chinois et Coréens, qui craignent la résurrection du militarisme nippon dont ils ont eu à souffrir au siècle dernier.
A LIRE :
- Philippe BOULANGER, « Après les élections japonaises », Multipol – Réseau d’analyse et d’information sur l’actualité internationale, 22 septembre 2006.
Commentaires
- Le samedi 16 décembre 2006, 12:58 par Taro MURAKAMI
- Vous connaissez très bien l'actulaité du Japon. Je suis très étonné.Si je peux ajouter quelques choses, c'est ce qui est diférrent entre l'Agence de la défence et le Ministère de la défence. Lors du chef de l'Agence de la défence, quand il doivent proposer un projet ou une loi, il fallait consulter au Premier Ministre. Mais, maintenant, lors du Ministre de la défence, il peut indépendamment proposer un projet ou une loi sans consultation au Premier Ministre.Quant à la réforme de l'article 9 de la Constitution, un plan principal par la Partie majoritaire est ce que cet article indiquera explicitement "le droit de la défense" si bien que cet article implique implicitement "le droit de la défense collective". Le présent article 9 renonce au droit à la guerre, mais c'est "pour résoudre des conflits internationaux", donc on peut "interpréter" l'article 9 comme cet article ne nie pas le droit de la défense individuelle.D'après la majorité de la doctirine, le présent article 9 n'était pas imposé unilatéralement par les Etats-Unis, mais cet article a été élaboré par le consensus national japonais.L'idée du droite sur la réforme et celle par la Partie Liberale Démocratique (la Majorité) sont différentes. La première est ce que le peuple japonais doit élaborer "par nous-même" la Constitution. Cela n'admet nécessairement pas le droit de la défense collective. Le seconde par M. Abe est ce que l'on doit admettre le droit de la défense collective pour l'avenir.Merci beaucoup pour lire mon mauvais français.
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