Depuis sa publication le 6 décembre 2006, le rapport sur l'Irak de la commission parlementaire américaine bipartisane Baker-Hamilton ne cesse de susciter des remous en Irak. Alors que seuls les sunnites sont d'accord avec l’idée d'impliquer l'Iran et la Syrie dans la recherche d'une solution dans le pays, ils ne le sont pas avec les solutions proposées, qui ne sont pas à la hauteur de l'analyse de la situation. Quant aux chiites, et surtout aux Kurdes, ils sont furieux.
Dernier en date, et non des moindres, à s'élever contre les conclusions du Groupe d'étude sur l'Irak, le président irakien, Jalal Talabani, d’origine kurde. Le 10 décembre 2006, il a proclamé publiquement lors d’un entretien avec des journalistes que le rapport « n'est ni équitable ni juste et contient des articles très dangereux qui sapent la souveraineté de l'Irak et la Constitution ». Il a notamment fermement dénoncé l'appel lancé par Groupe d'étude sur l'Irak en faveur de l'adoption d'une loi de « débaasification », qui permettrait à des milliers de membres de l'ancien parti de Saddam Hussein d'occuper à nouveau des postes à responsabilité, mais également la menace d’un retrait de l’aide américaine en cas de progrès insuffisants, ce qui revient selon lui à traiter l’Irak comme une jeune colonie et non un État souverain.
Les réactions aux recommandations préconisées par le rapport Baker-Hamilton viennent souligner un peu plus encore les fractures politiques et confessionnelles du nouvel Irak. Les divergences sont essentiellement centrées sur certains des thèmes les plus sensibles dans l'Irak d'aujourd'hui : la réconciliation nationale, le partage des richesses pétrolières et le rôle des pays voisins dans les efforts en vue de sortir du chaos.
Elles interviennent également à l'heure où les doutes se multiplient quant à la capacité du gouvernement actuel, à majorité chiite, et de son chef, le Premier ministre Nouri al-Maliki, à remettre le pays sur le chemin de la stabilité. Et ce alors que Washington, qui officiellement le soutient, pense surtout à sa stratégie de sortie, qui laisserait à des forces de sécurité irakiennes tout juste émergentes le soin de juguler la spirale de la violence qui se déchaîne actuellement.
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