Cet accord, dans un dossier qui a fait tant de victimes, est parfaitement emblématique, en matière de «crimes environnementaux» reconnus internationalement, du détournement d’une solution judicaire pour une solution transactionnelle qui nie le droit des victimes à l’accès à un tribunal indépendant.
Comment la somme d’argent qui sera versée par Trafigura au gouvernement ivoirien - dédiée selon les termes l’accord à «la réparation des préjudices subis par l’État de Côte d’Ivoire, (...) à l’indemnisation des victimes (...) au remboursement des frais de dépollution (...) et (à la construction d’une) usine de traitement des déchets ménagers dans le District d’Abidjan» - pourrait-elle être considérée comme une juste réparation des préjudices subis par les victimes, alors qu’une telle réparation impliquerait nécessairement que soient établies les responsabilités, une évaluation réelle des préjudices subis, ainsi que des éventuelles conséquences à venir pour l’Homme et pour l’environnement ?
En permettant aux parties signataire de renoncer définitivement à toute poursuite réciproque et en niant leurs responsabilités respectives, non seulement la transaction passée aggrave le climat d’impunité qui règne en cette affaire, mais elle va également à l’encontre des obligations internationales de la Côte d’ivoire de poursuivre et de juger les responsables d’infractions graves telles qu’énoncées notamment dans la Convention de Bâle de 1989 sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination.