14 avril 2007

REVUE : "Est-il permis de critiquer l'Islam ?", Revue internationale et stratégique, n°65 (printemps 2007)

Catherine MAIA
Sous la direction de Pascal Boniface, le numéro du printemps 2007 de la revue de l'IRIS (Institut de relations internationales et strategiques), la Revue internationale et stratégique, consacre un dossier sur la question : «Est-il permis de critiquer l'Islam ?».

ÉCLAIRAGES
Le pays de Dieu ? / Walter Russell Mead
Les orientations nouvelles de la politique étrangère américaine s’expliquent par les changements récents qui ont affecté l’équilibre religieux du protestantisme américain. Les trois traditions qu’il rassemble véhiculent des visions du monde, et du rôle des Etats-Unis, très contrastées : alors que le courant fondamentaliste rejette toute coopération avec les institutions internationales laïques, les chrétiens libéraux insistent au contraire sur l’universalité de l’éthique et l’engagement pour l’action progressiste. Entre ces deux extrêmes, les évangélistes s’imposent comme la force montante et prônent la responsabilité chrétienne envers le monde : priorité est donnée aux causes humanitaires, ainsi qu’au renforcement du soutien à Israël, ce qui ne peut se comprendre sans référence à leur vision millénariste de la fin des Temps.
Le Tiers-monde, la fin d’un acteur des relations internationales ? / Yannick Prost
L’alliance des pays du Tiers-monde, qui depuis les années 1960 cherchait à modifier les rapports de force au sein de la communauté internationale, est affaiblie par les échecs successifs et notamment par l’absence partielle de développement économique. La mondialisation a rendu plus aléatoire une convergence des intérêts. Pourtant, soutenu par une partie de la société civile du Nord, le Sud parvenait à maintenir une cohésion sur un certain nombre de thèmes : gouvernance mondiale, accès aux marchés, propriété intellectuelle... Toutefois, ces dernières années ont montré que l’alliance sert surtout les intérêts des puissances émergentes, seules à être acceptées dans le directoire élargi de la gouvernance mondiale ; le reste de l’alliance est cantonné à une diplomatie déclamatoire, au risque d’une nouvelle radicalisation chez certains Etats.
Les Chinois à la conquête des hydrocarbures de la planète / Hervé L’Huillier
Afin d’assurer un approvisionnement énergétique nécessaire à son développement, la Chine mène une stratégie globale, dans laquelle elle engage des moyens politiques, économiques et sécuritaires. Selon la théorie des cercles concentriques, elle s’intéresse avant tout à ses plus proches voisins. Par ailleurs, la Chine se rapproche des «Etats-voyous», et profite du soutien de ses alliés traditionnels et de la diaspora chinoise. Elle utilise également l’aide au développement pour se rapprocher de certains Etats. Pour pérenniser et varier ses sources d’approvisionnement, la Chine engage des partenariats, soutient les processus d’intégration asiatiques et cherche à contrôler le transport des hydrocarbures. Les Chinois multiplient ainsi avec pragmatisme les approches, en particulier vis-à-vis des pays détenteurs de ressources clés.
Les pipelines internationaux, vecteurs de prospérité, de puissance et de rivalités / Loïc Simonet
Les canalisations d’hydrocarbures sont l’objet de nouveaux enjeux des relations internationales et de la géopolitique. Les risques qui pèsent sur la détermination de leur tracé (conflits armés, menaces sépara-tistes, attentats terroristes) et la concurrence des pays exportateurs d’hydrocarbures entravent leur construction. Les capacités de blocage des Etats de transit justifient le contournement de certains «carrefours énergétiques», comme le montre le futur gazoduc Nord-européen. Dans la région Caucase-Asie centrale, l’enjeu du transport de l’énergie mobilise la diplomatie des grandes puissances : Russie, Etats-Unis, Chine et Union européenne trouvent, par le biais des oléoducs et des gazoducs, la garantie de leur sécurité énergétique, mais aussi des instruments d’influence politique et de pénétration économique.
La France et ses musulmans / Stéphanie Giry
L’amalgame entre l’islamisme radical et les musulmans masque souvent la question de l’intégration des musulmans en France. L’expérience française de l’intégration est spécifique ; elle résulte d’une combinaison particulière d’histoire, de philosophie et de préoccupations contemporaines, qui a produit une politique d’immigration hésitante, une défiance envers l’islam et des discriminations. Les musulmans souhaitent pourtant s’intégrer économiquement, ils partagent les valeurs républicaines françaises et leur religion n’a guère d’impact sur leurs positionnements politiques. Ainsi, si les discriminations persistent, il y aurait un réel danger à ce que les musulmans français s’habituent à être traités comme si leur identité ethnique et religieuse était décisive et commencent à recourir à une sorte de politique identitaire défensive.
Doctrine nucléaire française : questions en suspens / Barthélémy Courmont
La doctrine de dissuasion nucléaire française repose sur le concept de seuil de suffisance : le volume de l’arsenal nucléaire doit correspondre à ce seuil, à partir duquel il est suffisamment dissuasif pour éviter une attaque. Or des questions se posent autour de cette doctrine de dissuasion. Comment renouveler l’arsenal tout en respectant les traités, qui visent à réduire le nombre d’armes et à interdire les essais nucléaires ? Comment identifier les menaces dans un environnement changeant, et par conséquent où situer le seuil de suffisance ? Comment l’opinion publique perçoit-elle le nucléaire ? La pro-lifération nucléaire et l’évolution des doctrines des autres puissances nucléaires pourraient inciter la France à privilégier une doctrine, non plus de dissuasion, mais d’emploi du nucléaire.
Quelle politique de défense, demain, pour le futur président de la République ? / Pierre Pascallon
A la veille de l’élection présidentielle française, on peut s’interroger sur la manière dont le nouveau président pourrait faire évoluer la politique de défense. Or, comme par le passé, elle demeure quasi obligée. En effet, en raison de la configuration géopolitique de la France, la politique de défense s’organise autour de trois axes géostratégiques : l’axe continental, l’axe océanique et l’axe sud. Elle se définit aussi en fonction de contraintes conjoncturelles : la situation interne du pays, et le contexte international. Ces contraintes expliquent que la politique de défense soit très consensuelle. Actuellement, un large consensus se dégage autour de la nécessité d’élaborer un nouveau Livre Blanc, d’interrompre la chute des budgets de défense, de pérenniser la dissuasion nucléaire et de développer la défense européenne.

DOSSIER : EST-IL PERMIS DE CRITIQUER L’ISLAM ?
Editorial / Pascal Boniface
Pour un véritable droit à la critique / Jean Baubérot
La critique doit être libre, mais rester cohérente / Pascal Boniface
La critique de l’islam, nouvelle obligation morale et politique ? / Jean-Yves Camus
La critique contre l’islam : une opportunité de progrès plutôt qu’une agression identitaire / Jean Daniel
Contre une critique à géométrie variable / Paul et Anaïs Draszen
Des Voltaire, des Zola musulmans... ? Réflexion sur les « nouveaux dissidents » de l’islam / Vincent Geisser
Questionner les textes religieux / Marek Halter
Au-delà des amalgames sur l’islam, une réalité disparate / Robert Hue
L’image, la violence, la contagion / François-Bernard Huyghe
Comprendre avant de juger, mais s’exprimer librement / Théo Klein
Islam et République. Peut-on critiquer l’islam dans un Etat laïc ? / Arnaud Montebourg
Le droit au débat. Retour sur l’affaire Robert Redeker / Michel Taubmann
La faute à Voltaire ? A propos des usages racistes de la liberté d’expression / Pierre Tevanian
La critique de l’islam entre conflit ouvert et neutralité trompeuse / Michel Tubiana
Esprit de foi et esprit critique dans une société démocratique contemporaine / Mgr André Vingt-Trois

Commentaires

1. Le mardi 17 avril 2007, 13:57 par Brian
Peut-être serait-il utile de préciser que P. Boniface est le directeur de l'IRIS et chroniqueur au Monde Diplomatique, de façon à "situer" un peu mieux cet auteur. De façon générale, c'est un auteur intéressant et pertinant, mais il ne faut pas oublier qu'il manifeste assez régulièrement un anti-américaniste primaire et secondaire...
2. Le vendredi 4 mai 2007, 12:56 par tudert
heureusement d' ailleurs qu' il combat l' idéologie de bush quand il peut !
3. Le vendredi 4 mai 2007, 20:03 par LANA
on peut critiquer... quoique personnellement je ne comprends pas l 'interet, mais il n'est permit à personne de mepriser une religion et de stigmatiser ses fideles. Evitons sous des pretextes plus que douteux d'insulter plus d'un milliard de musulmans... la laicité et la liberté ne peuvent pas légimiter cela.
4. Le vendredi 4 mai 2007, 20:04 par LANA
Bush se croit au temps des croisades.... ! c'est trés dangeureux
5. Le lundi 7 mai 2007, 13:05 par majdou
Peut-on vraiment critiquer lorsque chaque critique est suivie de la condamnation à mort de son auteur et de débordements inouis de violence ? Je m'interroge...
6. Le dimanche 23 novembre 2008, 20:16 par rien
Je tombe par hasard sur ce site, et j'ai eu envie de dialoguer.Excuser moi, mais personnellement je vois ça juste comme des dissidents à un commerce.Un ensemble de consommateurs qui ne souhaitent pas, pour des raisons historiques, sociales et enfin religieuse, suivre cet l’élan civilisationnel.Un élan qui s’est ressourcé sur le profit.Le plus cynique est que ça touche tout le monde, toutes confessions confondues.L’islam en tant que religion n’est bon encore une fois qu’à être traité d’ennemi.C’est vrai il ne fait pas partie du cercle fermé maintenant de la gamme judéo chrétienne.
Chrétienne serait plus simple à écrire ; il ne faudra pas oublier le crime des juifs pour faire plaisir aux nouveaux croisés.

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