D’une part, la production des produits végétaux en quantité suffisante suppose l’utilisation de machines agricoles performantes, à la fois réservées aux pays riches, mais aussi très consommatrices de… pétrole (il faut bien alimenter les engins agricoles et, à tout le moins dans un premier temps, cela ne peut se faire que par les combustibles fossiles traditionnels). D’autre part, pour que la production de ces céréales puisse être rentable, elle suppose une utilisation massive d’engrais chimiques (dont la majorité est, encore une fois, issue du dérivés pétroliers) et éventuellement de pesticides.
Dans une première phase donc, la production de biocarburants, sauf à être produits en agriculture biologique - mais ce scénario est exclu à la base, puisque insuffisamment productif - entraînerait une surconsommation de produits pétroliers, entraînant paradoxalement une sur-pollution…
Et ce n’est pas là son moindre défaut ! Observons ses autres conséquences que je n’hésiterai pas à qualifier de catastrophiques : - Surconsommation d’eau pour la production massive de la betterave ou du maïs, sauf à être transgéniques (formidable perspective, vous en conviendrez), alors que l’eau est sans doute l’enjeu majeur du XXIe s. ; - Déforestation massive pour l’augmentation des terres arables, notamment au Brésil, en Inde, en Chine, etc., ayant pour conséquence la baisse de l’absorption naturelle du gaz carbonique par les arbres anciens, la désertification due à la baisse des précipitations dans les zones déboisées ; - Pression alimentaire sur les pays en voie de développement due à la raréfaction des denrées alimentaires de base de nombreuses populations, conséquence d’une augmentation massive de la demande et de la rentabilité accrue de l’affectation de ces denrées alimentaires à l’utilisation comme biocarburant par rapport à la consommation de bouche…
Bref, tout le monde en conviendra : la panacée annoncée pour la réduction de l’utilisation des produits pétroliers ne se situe certainement pas dans l’utilisation massive des biocarburants.
Quelles solutions ? Allons voir du côté des moteurs à hydrogène, applicables à l’automobile, aux utilisations ménagères (chauffage, eau chaude, etc.), et même à l’industrie, puisque la NASA et le CNESS envisagent de faire 250 kg d’économies de poids sur leurs lanceurs en récupérant l’hydrogène produite lors du lancement pour l’appliquer à la navigation extra-orbitale de leurs engins, soit une économie par lancement de l’ordre de 2.500.000 € par lancement !
L’analyse technique de cette nouvelle piste pourra s’avérer décevante, ou comportant des risques mais, à ce jour, rien dans les petits défauts de cette technologie mise au rencard depuis des décennies par la pression des groupes pétroliers n’est comparable à la catastrophe annoncée de l’utilisation massive des biocarburants !