L'urgence aujourd’hui motivée par la poursuite du programme nucléaire iranien et l’incapacité du Conseil de sécurité (où la Russie et la Chine semblent peu disposées à accroître encore les sanctions économiques contre Téhéran), à imposer ses décisions, ont provoqué un durcissement de la position de la France qui cherche d’autres options en dehors de l’ONU. Dans un discours le 27 août dernier, le Président français Nicolas Sarkozy avait appelé le régime iranien à se conformer aux obligations du Conseil de sécurité, en estimant que c’était le seul moyen d’échapper à une alternative catastrophique : «la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran». Dans la ligne droite de cette déclaration, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a indiqué le 16 septembre que, même si la voie de la négociation doit être privilégiée, le monde devait se préparer «au pire», c’est-à-dire à la possibilité d’une «guerre», si l’Iran persistait dans son refus de suspendre son programme nucléaire.
À Téhéran, la réplique ne s’est pas fait attendre. Reprochant à Paris d’adopter une position plus dure encore que celle de Washington, l’agence officielle Irna écrivait hier que les propos des dirigeants français en font des «traducteurs de la volonté de la Maison Blanche». «Le nouveau locataire de l’Élysée veut aujourd’hui copier la Maison Blanche», poursuivait-elle, ajoutant que «cet Européen s’est mis dans la peau des Américains et imite leurs hurlements».
De son côté, le directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, a récusé hier à Vienne la perspective d'une option militaire contre l'Iran avant que «nous (ne) soyons parvenus au bout de la procédure» de vérification de ce programme soupçonné de cacher la production d'armes nucléaires, en contradiction avec les traités internationaux, conformément aux termes de l’accord du 22 août dernier passé entre l’Agence et l’Iran. Mohamed ElBaradei, auquel certains pays occidentaux reprochent une position trop accommodante envers Téhéran, a rappelé qu'il ne voyait pas «en ce moment de danger clair» concernant ce programme.