L’ouvrage Propagande impériale & guerre financière contre le terrorisme traite d’un sujet devenu central, la «guerre contre le terrorisme». Mais son auteur, Ibrahim Warde, professeur associé à la Fletcher School of Law and Diplomacy (Massachusetts), l'aborde sous l'angle, inédit, de la finance. Depuis le 11-Septembre, des experts ont relayé l'administration américaine pour expliquer la nécessité de mettre fin au financement du terrorisme par des mesures immédiates, alors même que toutes les enquêtes démontrent que les attentats nécessitent très peu d'argent.
Sans réels effets sur leur cible officielle, les frappes financières causent en revanche de considérables dommages économiques, politiques, sociologiques et psychologiques - parfois sur des pays entiers comme la Somalie. Elles pourraient même produire le résultat inverse de celui proclamé à grands renforts médiatiques. Qu'importe, les guerriers de la finance sont chaque fois généreusement récompensés tant sur le plan politique que bureaucratique.
Ce livre ne montre pas seulement la manière dont, pour occulter toute relation entre terrorisme et politique étrangère, l'administration américaine s'est prise à sa propre propagande, il dévoile les contradictions entre la libéralisation prônée à marche forcée dans les années 1990 et le contrôle financier tentaculaire que les États-Unis désormais mettent en place, non sans résistance, presque partout dans le monde. Quand l'«ignorance informée» est devenue la norme de l'expertise, la finance est bien la poursuite de la guerre par d'autres moyens. Mais une guerre contre qui ?
Ibrahim WARDE, Propagande impériale & guerre financière contre le terrorisme (traduit de l’anglais par Frédéric Cotton), Paris, Editions Agone - Contre-feux / Le Monde diplomatique, 2007 (352 pp.)
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