Cette affaire a fait l'objet d'une controverse car, pour beaucoup de Sierra-léonais, les milices pro-gouvernementales se battaient pour une noble cause.
Ainsi, bien que les procureurs aient demandé des peines d'emprisonnement plus longues, le juge Benjamin Itoe a mis en avant des facteurs atténuants qui ont justifié des peines plus courtes, dont les efforts des CDF pour restaurer le gouvernement élu démocratiquement. Durant la guerre en Sierra Leone, les deux accusés étaient en effet des membres éminents de la milice pro-gouvernementale des CDF qui a combattu la rébellion du Front révolutionnaire uni.
Mais si les juges ont pris en compte le fait que ces deux miliciens se battaient pour le rétablissement de la démocratie, ils ont aussi souligné l’extrême gravité des crimes de guerre qui leur sont reprochés, y compris le recrutement d'enfants soldats pour Allieu Kondewa.
Plusieurs militants des droits de l’Homme se sont déclarés déçus par la clémence des condamnations. Il est vrai que ces dernières tranchent singulièrement par rapport à celles infligées, en juillet dernier, à trois dirigeants du Conseil révolutionnaire des forces armées, mouvement rebelle qui a renversé le gouvernement sierra léonais en 1997. Alex Tamba Brima et Santiegie Borbor Kanu ont ainsi été condamnés chacun à 50 ans de prison et Brima Bazzy Kamara a écopé de 45 ans.
Néanmoins, le message envoyé par les juges à l'occasion de ce procès semble être le suivant : que l'on se trouve du « bon » ou du « mauvais » côté, on est toujours responsable de ses actes.
Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone a été créé en 2002 par l'ONU avec le gouvernement de la Sierra Leone par la résolution 1315 du Conseil de sécurité. Il a pour mandat de juger les principaux responsables des graves violations contre le droit international humanitaire commises depuis le 30 novembre 1996 dans le pays.