Cette requête a été signée par 53 États membres et non membres du Conseil.
Conformément aux règles de procédure adoptées dans le texte institutionnel adopté par le Conseil des droits de l'Homme le 18 juin 2007 et à la pratique établie depuis l’année dernière et dans le but de rechercher un consensus, l’Union européenne a proposé un projet de résolution qui a fait l’objet de débats lors de négociations informelles, ainsi que d’observations de la part de différentes délégations.
Il ressort des négociations tenues le 1er octobre, que les délégations ont suggéré que le texte soit ciblé sur l’objet de la requête, qu’il soit constructif, tourné vers l’avenir, évitant la logique de sélectivité, de condamnation et d’affrontement, et respectant un certain équilibre, tenant ainsi compte des efforts déployés par le gouvernement du Myanmar.
L’Union européenne a proposé des versions révisées de son projet de résolution.
Lors de la session plénière, les délégations ont mis l’accent sur deux axes : un axe politico-juridique et le rôle du Conseil des droits de l’Homme et de l’ONU.
L’axe politico-juridique concerne les mesures que le gouvernement du Myanmar devrait mettre en œuvre à court et à moyen terme. Il s’agit principalement de la cessation de la répression, de la libération des personnes détenues, de l’opération de comptage des victimes, de l’indication des lieux de détention, de la poursuite et de la punition des personnes coupables de violations. Le gouvernement devrait, en outre, libérer les prisonniers politiques en signe de détente politique et engager un processus de dialogue avec les différentes parties afin de mener un processus de transition démocratique. Les délégations ont demandé en particulier la libération du prix Nobel Daw Aung San Suu Kyi.
Le second axe concerne le rôle du Conseil des droits de l’Homme et de l’ONU. Les délégations ont, pour la plupart, requis des mesures contre le gouvernement du Myanmar. Une minorité a tout de même demandé qu’on appelle au dialogue et à la coopération de ce pays avec les mécanismes onusiens, notamment le Rapporteur spécial, qui n’a pu se rendre dans ce pays depuis 2003, faute de coopération de la part du Myanmar. La coopération de ce pays avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU a été saluée et sa poursuite encouragée.
Le Conseil a finalement adopté un texte de résolution par lequel il prie le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’Homme au Myanmar, Paulo Sergio Pinheiro, d’évaluer la situation actuelle des droits de l’Homme dans ce pays et de suivre l’application de cette résolution, notamment en demandant à se rendre d’urgence dans ce pays et de lui faire rapport lors du deuxième segment de la sixième session en décembre prochain. La résolution engage également le gouvernement du Myanmar à coopérer avec le Rapporteur spécial. Ce dernier devra informer l’Assemblée générale des Nations Unies de l’évolution de la situation.
En outre, la résolution condamne l’attitude du gouvernement du Myanmar face aux évènements récents et l’exhorte à lever les restrictions à l’activité politique et à respecter et à garantir la liberté de réunion pacifique et d’association, ainsi que la liberté d’expression et d’opinion. La résolution engage également le gouvernement du Myanmar à mener un dialogue en vue de la réconciliation nationale, de la démocratisation et l’instauration de l’État de droit, et à assurer le plein exercice des droits de l’Homme. La Russie a émis de sérieuses réserves au vote du texte de résolution, jugeant le texte déséquilibré.
Cette session spéciale du Conseil des droits de l’Homme s’est plutôt déroulée dans un climat plus consensuel, évitant ainsi les affrontements traditionnels auxquels on a assité lors des dernières sessions spéciales. En outre, les États membres de l’ASEAN ont, pour la plupart, souscrit à la démarche de la Slovénie. Si le Myanmar a dénoncé le texte de résolution et indiqué que son gouvernement avait fourni des efforts dans la voie de la démocratisation, les délégations les ont jugés très insuffisants.