Benazir Bhutto avait 54 ans. Après avoir passé huit années en exil à Londres, elle était revenue au Pakistan il y a seulement deux mois pour préparer les élections législatives de 2008. Ce drame est le dernier en date d'une série record d'attentats suicide dans l'histoire du Pakistan, qui ont fait plus de 780 morts durant l’année 2007. Le plus meurtrier avait déjà visé une manifestation du parti de Mme Bhutto : le 18 octobre dernier, deux kamikazes avaient tué 139 personnes dans un gigantesque défilé de sympathisants qui célébraient, à Karachi, le retour de l'ex-Premier ministre.
Les réactions du monde entier ne se sont pas faites attendre. La Russie a, la première, condamné fermement cet assassinat. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a exprimé sa « très grande émotion » et condamné fermement cet « acte odieux ». Les États-Unis ont également réagi très rapidement pour condamner la violence. Le Vatican parle d'attentat « tragique et terrible ». L'Inde dénonce un « acte abominable ». Bruxelles condamne une « attaque contre la démocratie ». De son côté, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, s'est déclaré « profondément choqué » et a appelé « à la retenue mais aussi à l'unité ». Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé de tenir une réunion d'urgence.
Dans le pays, alors que la tension est très vite montée après la nouvelle, la police a été placée en alerte rouge. A Jacobabad, le principal tribunal a été incendié. A Peshawar, la police pakistanaise a dispersé à coups de bâton et de gaz lacrymogène des manifestations de partisans de l'ex-Premier ministre. Plus d'une centaine de partisans de Mme Bhutto bloquaient l'artère principale de la grande ville où ils ont incendié des panneaux d'affichage en scandant des slogans hostiles au Président Pervez Musharraf alors que le chef de l'État pakistanais présidait à Islamabad une réunion d'urgence. Celui-ci a appelé la population au calme après la mort de sa principale opposante.