La Turquie est en guerre. Depuis le 1er décembre 2007, son armée mène une campagne aux confins du pays et en territoire irakien avec un double objectif : officiellement, venir à bout des derniers combattants du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) ; officieusement, circonvenir l’érection d’une entité kurde indépendante sur son flanc sud-est. Avec cette politique belliciste, la Turquie encourt le risque de déstabiliser l’Irak et le Proche-Orient.
Le 17 octobre 2007, le Parlement turc autorise, pour une durée d’un an, l’armée à mener des opérations en Irak pour en déloger le PKK. Deuxième force militaire de l’OTAN, l’armée turque masse à la frontière des troupes et des blindés et les chasseurs F-16 et les hélicoptères Cobra cherchent, par des bombardements dits ciblés, à déloger les quelque 5 000 guérilleros du PKK, embusqués sur les hauteurs inexpugnables du mont Qandil, à l’extrême nord-est de l’Irak. Le 28 novembre, le gouvernement d’Erdogan autorise l’armée à pénétrer en Irak. Grâce aux renseignements américains et malgré les appels à la retenue des Européens, les Turcs s’attachent d’abord à bombarder les bases du PKK au Kurdistan irakien.
Le 21 février 2008, des troupes et des blindés turcs pénètrent en territoire irakien : précédés de raids aériens et de tirs d’artillerie, quelque 10 000 hommes entrent en Irak pour en chasser les maquisards kurdes et les empêcher de revenir en Turquie pour y mener leurs opérations. Ankara argue de son souci de lutter contre l’« organisation terroriste », ainsi qu’on appelle le PKK dans le sérail turc. Les pertes se chiffrent déjà par centaines des deux côtés. Mais la traque au PKK voile un autre enjeu pour les Turcs.
Il est clair en effet qu’Ankara cherche également à enrailler l’émergence d’une entité kurde indépendante de fait, quitte à déstabiliser son voisin du sud. Depuis 1991, les Kurdes irakiens connaissent, grâce à l’appui américain, autonomie, sécurité et prospérité. En 2003, les forces kurdes irakiennes ont aidé Washington à renverser Saddam Hussein. Mais les Américains sont également alliés aux Turcs, qui voient d’un mauvais œil cet Etat kurde croupion au sud-est de leur pays. L’idée autonomiste pourrait agiter « leurs » Kurdes. Avec le feu vert donné par la Maison Blanche à l’opération turque, il semble que les Américains, de leurs deux alliés (kurde irakien et turc), aient préféré le plus puissant, au risque d’une confrontation armée entre les combattants kurdes irakiens et les militaires turcs.
Avec cette invasion, la Turquie commet une erreur politique mortelle. Le nationalisme turc, chauffé à blanc par les injonctions bruxelloises et la guérilla du PKK, n’a jamais été aussi intolérant à l’égard des Kurdes, assimilés à la poignée de guérilleros kurdes. Pour les Turcs, le militantisme kurde est un séparatisme masqué qui vise à saper les fondements de la République kémaliste une et indivisible : ainsi, les élus kurdes du Parti pour une société démocratique (DTP) sont accusés de collusion avec le PKK afin d’œuvrer au démembrement du pays. Pour beaucoup, il n’y a pas de question kurde en Turquie, mais une question de terrorisme, que seule l’option militaire peut éradiquer. Ankara refuse de répondre aux appels du PKK en faveur d’un cessez-le-feu : reconnaître le PKK, ce serait déjà admettre qu’il y a un ennemi avec lequel dialoguer, et non du terrorisme à combattre. Les Turcs rejettent toute idée de reconnaissance constitutionnelle de l’identité kurde et d’autonomie dans le cadre d’une Turquie fédérale.
L’inquiétude et la colère dominent chez les Kurdes de Turquie. D’une part, ils craignent de subir des représailles, non seulement au Kurdistan de Turquie, mais aussi dans les grandes villes turques de l’Ouest : Istanbul est la première ville kurde de Turquie. D’autre part, les répercussions économiques d’une intervention militaire prolongée en Irak seraient catastrophiques pour les zones kurdes, déjà économiquement sinistrées. Ce décrochage économique du « Sud-Est anatolien » par rapport au reste du pays encourage d’ailleurs une jeunesse sans avenir à rejoindre les rangs des groupuscules extrémistes comme les Faucons de la liberté du Kurdistan (parti kurde illégal). Pis : suite à l’incursion turque en Irak, des cadres du PKK ont, de manière irréfléchie, harangué les militants kurdes à passer à l’action violente dans les métropoles turques. La question kurde pourrait embraser tout le territoire.
La Turquie ne sortira qu’affaiblie de cette épreuve de force avec le PKK. Au contraire, cette politique aventuriste en Irak compromet encore davantage la cohésion nationale du pays, candidat à l’entrée dans l’Union européenne. Seule la négociation entre les deux parties peut permettre une solution politique viable aux crispations nationalistes qui rongent la Turquie.
Commentaires
De plus, comme vous le soulignez, la Turquie, déjà bordée de voisins pour le moins turbulents et instables, vient augmenter les doutes de ses partenaires européens quant à son éventuelle adhésion, notamment parce qu'elle montre elle aussi qu'elle peut apparaître "instable". Cela suppose de se poser la question de l'Européanisme affiché des actuels locataires d'Ankara. Il semble, au vu des réactions et alliances de la Turquie avec les USA dans cette crise que la Turquie, hiers candidate à l'adhésion à l'Union européenne, tente un virage atlantiste. On peut se demander si son éventuelle adhésion n'en ferait pas une nouvelle Angleterre (mais moins attrayante économiquement et institutionnellement), partagée entre une pleine participation à l'Europe et un éternel regard vers les USA. Sans doute 2008 apportera-t-elle des réponses permettant d'y voir plus clair...
En précisant que l’Europe, dans sa composition actuelle, fait peur aux Etats-Unis d’Amérique, et que le soutien de ces derniers « au plus fort » localement est la démonstration de cette peur Étasunienne. En effet, améliorer le pole politique, économique et militaire avec la Turquie donne aux USA une position stratégique remarquable. Ils se trouvent ainsi au cœur du Moyen-Orient comme le fut un temps la Grande Bretagne. Ils divisent l’UE sur la question de l’adhésion de la Turquie à l’Europe sachant pertinemment que la question majeure pour la majorité des Européens, n’est pas tant cette économique, mais plutôt celle religieuse avec la tendance « intégriste » adopté récemment par la Turquie.
Ainsi, « Nos amis américains » avec leur sourire « Boy » leurs interventions sournoises au Tibet, en Turquie, dans la zone Malaisienne, celle du Pacifique (Philippines) au cœur même de l’Europe en Géorgie et en Ukraine, démontre que cet ami qui nous veut du bien, veut bien continuer à le faire si on reste sous sa coupe (OTAN) militairement et OMC économiquement. Qu’en au droit international, qu’ils bafouent sans vergogne, ils démontrent que l’ONU est muselée par leur position sur le conflit Israélo-Palestinien.
Par ailleurs, je me permets de souligner que la France est en Afghanistan en ce moment même, qu'elle était en Côte d'Ivoire il y a encore peu, et que la fin de la Seconde Guerre mondiale ou des guerres de décolonisation n'ont pas sonné la fin des engagements militaires de la France hors de son terriotire.
Moralité: quand on ne sait pas, mieux vaut encore se taire...
A bon entendeur...
Malgrè cela je crois en une solution fraternelle. Je suis, MOI LA VICTIME, prise pour cible par le snationalistes turcs, lorsque j'essais de leur parler de paix et de fraternité. Je n'ai jamais eu la haine que certains turcs ont à mon encontre parce que je suis kurde. Je n'ai jamais traité de terroriste ceux qui ont détruit ma maison et mes photos de petite fille. Mais je ne perds pas espoir.
La majorité des turcs (pas tous fort heureusement) ne connaissent même pas les problèmes liés aux kurdes et la turquie. Si le gouvernement turc se préoccuppe avec tant de considération des kurdes, pourquoi plus d e90 % des kurdes soutiennent le PKK ? Si il y a rebellion c'est que derrière il y a l'oppression. Non ?
Es tu déjà allé à l'Est turc ? Je ne pense pas ! As tu fréquenté des kurdes victimes, comme moi, de la tyrannie turque ? Je ne pense pas. sinon tu n'aurais pas ce "genre de vérités"...
Le problème de la Turquie est qu'elle n'a aps de liberté de presse ni d'expression. la population turque est soumise à un lavage de cerveau et conditionné par les médias qui sont sous le contrôle du gouvernement.
Quand on a même pas la décense de reconnaitre les génocides qu'on a commis, qu'on est l'un des pays les plus condamnés par la CEDH, on ne donne pas de leçons de morale aux pays fondateurs des droits de l'homme.
Le PKK demande la paix. même pas une autonomie. Pourquoi la turquie refuse t elle de négocier la paix ? Parce que ce serait reconnaitre les droits culturelles des kurdes. Et ça elle se le refuse et refusera TOUJOURS ! Elle veut éradiquer les kurdes, pas les reconnaitre.
Le PKK ne représente aucuns danger pour les turcs. Sa présence sur les listes terroristes n'est qu'une négociations économique entre l'occident et la Turquie. Leyla ZANA, lauréate du prix sakharov et nommée au prix nobel de la paix a pris 15 ans de prison pour avoir déclaré "j'accepte la constitution turque au nom de la fraternité kurde-turque" en kurde au parlement turc. Les médias turcs ont inventés des propos tels qu'elle a dit "vive le pkk, elle refuse notre constitution etc..."
Phillipe Boulanger dans "le destin des kurdes", dit qu'en 2025 la population kurde sera certainement aussi importante en nombre que la population turque voir plus nombreuse... Que fera la Turquie à ce moment là ?
Et le sous developement de la region est de la faute du PKK.
Dans les années 90 des centaines de villageois KURDES ont été massacré par le PKK pour leur manque de soutient au parti (refus de financer le parti, refus de donner un des enfants de la famille pour combattre l'armée...).
De meme des dizaines de prof ont aussi étaient tuées dans les regions kurdes par le PKK pour empecher le developement de l'education.
Quelles sont tes sources les médias fascistes turcs ?!!! les services secrets turcs ??
Les kurdes sont donc les responsables de leur malheur ? Le pkk est l'élément perturbateur en Turquie ? Tu veux mes sources ?!!! Mes sources c'est Amnesty International, c'est reporter sans frontière, ce sont des journalistes qui ont pris la peine d'aller vers "le diable kurde". Tu en veux encore ?
JE SUIS victime des militaires de ton très cher pays, si démocratique, si libéral, si ouvert ! et je n'ai pas l'indescence d'avoir ce genre de propos... Mes sources sont ma propre expérience ! Effetcivement la région kurde est la plus pauvre. Mais qui refuse d'y investir ? le gouvernement turc. As tu entendu parlé de la destruction de la ville archéologique et historique de Hassankeyf ? l'état turc va détruire cette ville kurde pour y faire construire un barrage...
effectivement des centaines de villages ont été détruits. Et ce n'est certainement pas le PKK, mais bien les militaires turcs...mon propre village a été détruit, et ce n'est pas le PKK mais les soldats turcs!
Le PKK n'a JAMAIS kidnappé personne. Olivier Piot un journaliste français a été dans les montagnes kurdes récemment. Selon lui AUCUNS guérillos n'a été forcés de s'engager. Ils sont TOUS volontaires. Je connais moi même des familles de guérillos. La majorité d'entre eux ont vécu en europe. Parce que chacuns de ces guérillos a eu au moins un événement tragique dans sa famille causé par les militaires.
Le PKK n'a jamais kidnappé personne...Au contraire, ils ne désirent qu'une chose : qu'on viennent les rencontrer. Les rares personnes qui réussissent à les rencontrer sont toujours extrêment satisfait de leur rencontre avec eux.
Tu parles de racket...as tu déjà fréquenté des kurdes qui soutiennent les soutiennent ??? Je ne pense pas...
Ils n'ont beosin d'aucuns rackets kidnapping, etc... De par sa politique répressive et anti démocratique l'état turc ne fait que remplir els caisses du PKK...parce qu'il reste le seul espoir des kurdes.
95% des kurdes soutiennet le PKK. Les 5 % restant sont ceux qui refusent leur vision d'égalité entre l'homme et la femme et donc les islamistes.
La CEJ a déclaré en avril 2008 que le PKK n'avait aps sa place sur la liste des organisations terroristes.
Malheureusement les droits de l'homme se négocient à base de contrats et d'argents...
N'oublis pas non plus que la championne des condamnations par la CEDH est la Turquie, loin derrière al chine. Et non les kurdes ! As tu lu le dernier rapport de Amnesty International 2008 sur la Turquie ??
Leyla Zana, cadre du PKK, a pris 15 ans de prison pour avoir déclaré en kurde à l'assemblée turc " j'accepte cette constitution au nom de la fraternité kurde turque". Elle a obtenu le prix sakharov et nommée au prix nobel de la paix. Pourtant les TV turques ont traduits ses propos par "elle a dit vive le pkk" et...
Arrête de regarder les TV turques qui font un lavage de cerveau et profitent de ta présence en Europe pour taérer l'esprit...Ca ne te fera pas de mal...
www.jeunessekurde.com
Film Erwann Brian "les femmes du mont ararat"
film allemand "frère ennemi"
philippe boulanger le destin des kurdes.
Bernard DORIN : le skurdes, destin heroiques, destin tragique
arte reportage Turquie : la question kurde