27 avril 2008

POINT DE VUE : Al-Qaida Mauritania Ltd


Mohamed Saleck OULD BRAHIM

Les premiers jours du mois d’avril ont été particulièrement agités à Nouakchott. Les habitants de la capitale en ont vu de toutes les couleurs. La ville a essuyé un véritable cauchemar digne d’un film américain d’horreur du type de "La Maison des 1000 morts" de Rob Zombie ou de "Hostel" de Eli Roth. Le chamboulement des faits malheureux les plus divers a été aussi disproportionné que maladroit depuis l’évasion de Sidi des mains de la justice. Bien entendu, je parle de Sidi Ould Sidna, en passant par le départ impromptu de l’Émir du Qatar qui était en visite officielle chez nous, les accrochages meurtriers de "Tevragh-Zeina-Lemghayti 2.0.", le fiasco de la nouvelle échappée des jeunes salafistes, la "visite officielle" du président de la République à l’hôpital national, le point de presse du porte-parole du gouvernement, la bavure policière à l’issue du carnage au quartier "Sukuki" et, enfin, l’arrestation "très musclée" de "Maarouf Ould Heiba", le jeune salafiste travesti. Une véritable ambiance de "sauve-qui-peut", du célèbre film suisse de Jean-Luc Godard. 

Au passage, je ne vous cache pas, "vilmoujib", que je suis consterné par l’attitude incongrue de nos "défenseurs agrées" des droits de l’Homme qui ont brillé, cette fois-ci, par leur mutisme intrigant. Ils sont, peut-être, partis en vacances aux Îles Salomon. Mais c’est scandaleux quant même ! Aucune voix ne s’est élevée jusqu’à présent pour dénoncer la manière avec laquelle l’arrestation du jeune salafiste "Maarouf" a été opérée. Pourtant, des images obscènes, dignes d’un "Abu Ghreib" à la mauritanienne, ont été relayées par la plupart des chaînes de télévision du monde entier.

Quels bizarroïdes Mauritaniens sommes-nous ! On se hâte pour dénigrer les infamies d’"Abu Ghrib", de "Guantanamo", etc., mais on passe sous silence nos propres grossièretés ! N’est-ce pas les défenseurs des droits de l’Homme, ces "machins", qui devraient dire clairement que ces comportements sont indignes d’un État de droit ? État de droit, citoyenneté, changement, des "trucs" comme ça…,  pourtant si chers à nos politiques et à nos orateurs, existent-ils réellement en dehors de la télévision ? Demandez à Ban Ki-moon ! 

Eh bien, qu’est-ce qu’ils attendent donc, pour dénoncer ces outrances nos défenseurs des droits de l’Homme ? Je pense que s’ils n’attendent pas un "geste" de quelque part, ils ne doivent pas avaler leur langue du jour au lendemain. Sinon, on attendra, de nouveau, les autres : FIDH, RADHO, Organisation mondiale contre la torture, Human Rights Watch, Amnesty International, etc. Après, on réagira en écho. Chez nous, nos "machins" sont toujours l’écho de quelque chose qui existe en dehors de nous mêmes. Ça, c’est ce qu’on appelle dans les manuels l’hypocrisie, la schizophrénie, la salafisto-phobie, le deux poids deux mesures, etc. ! Bon, je n’ai pas besoin de rappeler ici à nos "machins" des droits de l’Homme que la présomption d’appartenance à "Al-Qaida", "BAQMI", "Salafistes", etc., n’autorise aucune soustraction aux droits de la personne. Les droits de l’Homme c’est les droits de l’Homme. Ça s’applique ou ça ne s’applique pas !

Alors, n’étant ni salafiste, ni "machin" des droits de l’Homme, je n’éprouve aucune envie d’aller plus loin dans ce sujet. Ça je le dis comme ça, mais sincèrement, ce n’est pas mon boulot !  Moi, ce qui m’intéresse, c’est tout à fait autre chose. La question pertinente pour moi, c’est : pourquoi il n’y a pas eu de trêve entre les belligérants durant le week-end des 12 et 13 avril ?  Les belligérants pour moi sont clairs : le peuple mauritanien, Sidi et Zein n’étant pas dans le coup, l’affaire est strictement entre les "salafistes" et les "CMJDeistes" du reste.  Mais pourquoi cette profusion de psychose qui semble être perpétuée à dessein ? S’agit-il des prémisses d’un autre plan d’urgence, à base de névrose, en guise d’avant-goût sulfurique du très attendu "Plan national d’urgence" initié nous dit-on pour sauver les populations de la disette qui s’annonce ?

C’est curieux, il paraît qu’il y a eu quelques escarmouches  au quartier de "Carrefour" et plusieurs villas ont été assiégées dans la zone du "centre émetteur" à "Tevragh-Zeina" les 11 et 12 avril. Bon sang, mais ce n’est pas vrai tout ça ! Visiblement, ces nomades mauritaniens sédentarisés accidentellement, n’ont plus aucun respect pour la sainteté du vendredi. Allez voir le statut spirituel du vendredi dans les nomenclatures classiques du "Hadith echérif" ou bien référez-vous à l’interprétation du mythe de "vendredi", faite par la très brillante sociologue camerounaise Axelle Kabou, dans son chef d’œuvre Et si l'Afrique refusait le développement. D’autant plus que le vendredi est une journée payée et chômée ! Les gens ont droit, quant même, à un peu de sérénité chez eux avec leurs enfants et leur famille.  

Et puis, plus grave encore, beaucoup de gens n’ont pas pu aller à la prière de la "Djouma" de peur d’être pris pour cibles dans cette chasse aux sorcières, engagée un peu à l’aveuglette, contre des jeunes salafistes ISO 9001, made in RIM. S’il vous plait, arrêtez-moi cette pagaille… Vous n’avez même pas de respect pour les réfugiés fraîchement revenus du Sénégal ! Les pauvres réfugiés et les esclaves, forts de "leurs" lois savamment concoctées, ils sont tous fières de retrouver leur patrie et leur liberté perdues, hélas, les "salafistes" et les "CMJDeistes" les accueillent avec des Paf, Paf, Paf. Alors, ce n’est pas sérieux ! C’est du sabotage ! 

Mais qui a ouvert la boîte de Pandore ? 

Personnellement, je suis persuadé que tous les maux du pays viennent d’abord des "médias publics", "établissements publics" et autres "machins publics". Absolument ! C’est comme ça. Bon, je sais que les gens de "ADIL-sa" et du consortium "El-Mithaq.Inc" ne partagent pas nécessairement le même avis que moi. Mais, c’est là l’unique preuve tangible de notre démocratie à la mauritanienne. La règle de jeu est toute simple. Moi, je dis ce que je veux et, eux, ils font ce qu’ils veulent. Le reste étant des parures, des banderoles et des "histoires".

Comment vous expliquer tout cela ? Ce n’est pas facile du tout.  Il me faudra de longues séances avec l'émission de "radio citoyen" pour y arriver. Si seulement quelqu’un d’entre vous pouvait me contredire, il n’a qu’à me rendre service. La police a raison, le fond du problème de la Mauritanie, il faut le chercher du coté du "centre émetteur". Tous les coups de force et tous les coups de sang en Mauritanie ont cherché à tout prix à passer d’abord par les ondes pour conquérir les esprits d’une population de bédouins envoûtés par le mythe de la technologie de l’information. Tous les coups durs sont passés ou, à défaut, ont essayé de passer à travers les micros de la Radio et de la Télévision : le 10 juillet, 16 mars, 8 juin, 3 août, etc. Il n’y a eu, à ma connaissance, aucune dérogation à cette règle.

Ce n’est pas pour rien que les jeunes salafistes ont choisi la fameuse zone du "centre émetteur" pour installer leur quartier général. C’est normal que les villas de cette zone servent d’entrepôts et de caves pour dissimuler les armes et les minutions d’Al-Qaida à Nouakchott. Ils savaient pertinemment que pour passer à l’action le jour-J, le mieux est d’être le plus proche des "machins" des médias publics. Comme ça, le moment venu, ils passeront sans problème leur premier "communiqué au peuple" à la radio et à la télévision. 

C’est pour cette raison, et pour bien d’autres, que je souhaite vivement que le parquet de Nouakchott et les forces de l’ordre, tout corps confondus, opèrent une minutieuse perquisition immédiatement chez Radio Mauritanie (RM), chez Télévision de Mauritanie (TVM) et chez l’Agence Mauritanienne d’informations (AMI). C’est là-bas que se trouvent les germoirs du mal, c’est là-bas que se trouve la boîte de Pandore, cette malédiction qui attise tous les démons sur notre pays. Mais pourquoi ne pas les fermer, au moins pour une journée ou deux ? Une journée ou deux sans tabac, sans voitures et sans RM et TVM ! Ce serait fantastique.  

Alors, devant cette inquiétante situation de véritable bric-à-brac de malheurs qui s’abattent actuellement sur notre pays, nous avons décidé, les enfants à la maison, leur "mère" et moi-même, de faire quelque chose.

Voilà, nous avons l’idée de mener une "initiative", de faire une "Moubadara" comme on dit dans le jargon de notre pays. Vous savez, en Mauritanie, il y a trois choses qui sont extraordinairement importantes : le thé à la menthe, le lait de chamelle et les initiatives ou "Moubadarat". En plus, une initiative c’est comme une ONG, une épicerie ou un parti politique, ça peut rapporter gros ! Vous voyez les gens là qui sont bien aisés, ceux qui roulent en VX ou en limousines feutrées, au départ, ils avaient, chacun leur propre initiative. Très flexible, une "Moubadara" peut servir à appuyer un tel "Vlan" ou bien à ruiner un tel "Vlan". Et hop. Un bon matin, le coup de chance arrive par la cheminée ! La personne se réveille, elle est premier ministre, ministre, secrétaire générale, maire de Nouakchott, député, ambassadeur, sénateur, directeur de la télévision, chef d’état major... Voilà ce que sont les bonnes initiatives, les vraies "Moubadarat". 

En tout cas, nous, notre initiative est beaucoup plus modeste. Mais elle commence quant même à prendre forme. Jusqu’à présent, nous avons reçu l’adhésion à notre "Moubadara" de la part d’un pique-assiette "Tekoussou", du gardien de la station Total d’à coté, du vendeur de fruits et du blanchisseur. En réalité, j’hésite encore à y associer le boutiquier du coin. Son attitude ne m’inspire pas confiance. Certains disent que c’est un "salafiste" déguisé en marchand, d’autres le prennent pour une taupe. Mais nous sommes quant même très enthousiasmés pour aller de l’avant avec notre "Moubadara". "Bismillah". 

Concernant nos objectifs, nous n’avons que deux grands objectifs, pas plus.  Et puis, nous n’avons pas le temps pour d’interminables réunions et discours "à sec".

Ainsi donc, nous avons décidé de mettre en valeur notre foi en Allah et notre indéfectible confiance dans le peule mauritanien pour créer une initiative appelée "Peuple De Rien Du Tout" (PDRDT).  Notre logo, c’est une marmite vide. Notre devise, c’est : "Pain, Paix et Pomme de terre". Notre slogan, c’est : "Tous les gens de la marmite, unissez-vous".  Mais, il y un mais ! Je n’ai pas encore informé le Hakem sur notre initiative. J’ai peur qu’il ne soit tenté de nous entraîner dans le cercle vicieux des "journées nationales de concertation", ne serait-ce que pour avoir un peu de carburant. Comme on dit : si vous voulez tuer une bonne idée, prenez-la dans des journées de concertation. Et c’est fini pour de bon, on n’en parlera plus jamais !

Alors, je sais que déjà vous brûlez d’envie de savoir quels sont nos deux objectifs. Mais on ne dit pas tout de suite ses objectifs à chaud. Regarder chez le Parti ADIL, on fait mûrir à feu doux ses objectifs avant de bondir en saut libre. Si vous êtes végétarien, allez voir le projet du parti politique du candidat Zein, ça ne va pas, non plus, comme sur des roulettes. En fait, rien ne sert de courir, il faut partir à point. De toute façon, nous sommes bien décidés à aller de l’avant, c’est parti, c’est parti la "Moubadara".  

Dans le premier point de presse que nous allons tenir bientôt, nous allons dire, grosso modo, ceci : "Mauritaniens, mauritaniennes ! Peuple de héros ! Notre mouvement citoyen "Peuple De Rien Du Tout" (PDRDT) a l’honneur de vous présenter ses deux objectifs. Premièrement, nous allons opérer une réconciliation nationale à travers des bons offices que nous allons entreprendre pour lever tous malentendus de tout genre entre les forces vives et les différents leaderships de notre pays afin d’être unis pour servir ensemble l’intérêt suprême de la nation, sa stabilité et son développement durable.  Deuxièmement, nous allons œuvrer pour remplir la marmite de chaque citoyen, afin que la disette, la pauvreté et la famine  ne soient pas  les alliés naturels de la violence et de l’extrémisme de tout bord dans notre pays". Stop. Le spot publicitaire, à vous de jouer. 

Enfin, vous voyez, ce n’est pas mal comme discours pour commencer ! Je suis certain que des speechs comme ça augurent des beaux jours qui attendent notre mouvement citoyen (PDRDT). Il présente du moins l’avantage de la clarté par rapport à tous les autres acteurs ! Notre mouvement fera contre mauvaise fortune bon cœur. A défaut de popularité, nous allons "vendre" la clarté. Oui, oui, "vendre" c’est vendre, je le dis sans complexe ! D’autres vous diront pratiquement la même chose en arabe malmené, mais avec beaucoup de détours, de paraboles et des interminables "euh, euh, euh... ".  Bien plus tard, vous allez réaliser qu’ils vous ont, tout simplement, vendu. 

En Mauritanie, c’est comme ça ! Nous sommes tous des commerçants et nous en sommes fiers. Pensez seulement un instant au nombre de boutiques qui prolifèrent, malgré la crise, comme des champignons dans tout le pays. À Nouakchott, la concentration des boutiques par rue est plus forte que la norme internationale ! Le nombre de boutiques sur le seul axe "Carrefour-Toujounine" bat tous les records du monde. Il y a beaucoup plus de boutiques sur cet axe là qu’il n’en existe sur la rue commerçante de Rivoli à Paris ! Je connais des villes et des villages à l’intérieur qui sont quasiment des villes-boutiques et des villages-boutiques. À Nouakchott, il y a des "Moughataas" qui sont en train de devenir des Moughataas-boutiques. C’est le cas "d’El Mina", de "Sebkha" et du "Ksar" ! Mais ce n’est pas notre problème au sein du mouvement citoyen "Peuple De Rien Du Tout" (PDRDT). À mon avis, le problème des boutiques est vraiment insoluble. Il n’y a rien à faire. La meilleure approche en la matière reste celle adoptée par la Communauté Urbaine de Nouakchott : interdire les boutiques aux autres pour promouvoir ses propres boutiques.

Dépassons ces détails anodins. Moi, je sais que vous allez me demander tout de suite comment nous allons atteindre nos deux objectifs cités dans le cadre de l’initiative "Peuple De Rien Du Tout" (PDRDT). Je sais parfaitement que le peuple est un problème. Il est toujours impatient, exigeant et embêtant. Mais attention, moi, je ne me laisse pas faire. Je sais que même si je vous explique comment nous allons faire la réconciliation nationale entre tous les antagonistes de la scène politique, vous allez me dire : et la marmite, et la marmite ? Eh bien, attendez s’il vous plait ! Un peu de patience ! 

Voici donc note plan d’action : la réconciliation nationale touchera tout le monde. Elle commencera par des bons offices entre ceux qui mangent du couscous et ceux qui mangent "El-Aich", ceux qui mangent le poisson et ceux qui mangent du chameaux, ceux qui mangent des dattes et ceux qui mangent "tougue", ceux qui mangent des pastèques et ceux qui mangent des arachides ou du niébé, en passant par la réconciliation entre éleveurs et agriculteurs, entre Charg et Guebla, entre Sahel et Valée, entre maîtres et esclaves, entre réfugiés et expatriés, etc. 

Ensuite, la réconciliation sera menée entre arabisants et francisants, entre économistes et juristes, entre nationalistes et islamistes, entre socialistes et libéralistes, entre tribalistes et régionalistes, entre démocrates et fascistes, entre optimistes et pessimistes, entre "Sidistes et "Zeinistes", entre policiers et taximans, entre Tijanistes et Kadiriste, entre Dadahistes et Maaweyistes, entre "salafistes" et "CMJDeistes", etc. 

Notre priorité, pour le moment, c’est d’arriver à un cessez-le-feu entre les "salafistes" et les "CMJDeistes" qui se chamaillent actuellement du côté "centre émetteur" à "Tevragh-Zeina". Après quoi, nous allons, avec le concours de M. Ban Ki-moon, définir les termes d’un armistice à signer entre les deux parties. Ils ne sont pas si mauvais que ça les "salafistes" et les "CMJDeistes" ! Dieu est grand ! Alors, si on y arrive, ce sera le déclic pour toute la dynamique de la réconciliation entre tous les autres belligérants de  la scène nationale.

Je sais que vous allez me demander encore comment ! Et même si je vous disais le comment, vous allez me demander, comme d’habitude : et la marmite, et la marmite ? Ouf, le peuple, ça ne change pas !  C’est vraiment ingérable le peuple. Je me demande comment nos politiciens résonnent pour s’aventurer dans des tanières de loups comme ça ! Moi, si seulement j’avais eu un travail pendant un seul mois au Niger, je n’aurais jamais accepté de me présenter comme candidat. Si seulement j’avais eu une boutique de vente de pièces détachées qui marche bien, je n’aurai jamais accepté de me présenter comme candidat. Si seulement j’avais eu une palmeraie "Zeriba" d’une centaine de palmiers bien arrosés, je n’aurai jamais accepté de me présenter comme candidat. Ils sont vraiment incompréhensibles les politiques ! En voulant trop gagner, ils risquent de tout perdre ! 

Puisque vous insistez quant même, je vais vous dévoiler notre "feuille de route" avant même d’en discuter avec notre sœur lady Condi et notre ami le Dr. Kouchner. Vous savez, Kouchner est l’ami intime de Mario Bettati et Mario Bettati est le conseiller et l’inspirateur de Kouchner à propos du droit d'ingérence humanitaire. Et puisque M. Bettati a été mon professeur de droit international, j’espère que les choses pourront évoluer facilement pour aboutir à quelque chose de solide. La signature de l’armistice aura peut-être lieu à Versailles. 

Maintenant, pas de micro et pas de flash ! Ce que je vais vous présenter, ce sont les grandes lignes de notre "Feuille de route" pour la paix en Mauritanie. Rappelez-vous notre devise : "Pain, Paix et Pomme de terre". Dans la vie, il faut être cohérent et aller directement au but. 

Préambule : Afin d’éviter de se faire tuer inutilement, tuer bêtement des innocents, ou perdre son temps et ses moyens en vain dans des poursuites, des encerclements et des assauts dangereux, fatigant et sans issue, les mouvements "salafiste" et "CMJDiesite" de Mauritanie acceptent sans réserve les bons offices du mouvement citoyen "Peuple De Rien Du Tout" (PDRDT) à l’effet de signer le présent armistice et d’établir immédiatement un cessez-le-feu mutuel, effectif et continu entre les deux parties. 

Article 1er : MM. Sidi Ould Sidna et El Khadim Ould Semane, administrateurs de régie salafiste, sont promus, malgré leur jeunes âge, aux grades de généraux de division des corps d’armées à partir du 2 avril 2008 avec la distinction de l’ordre de mérite national. 

Article 2 : La filiale mauritanienne d’Al-Qaida-Maghreb est érigée en société publique à caractère commercial, appelée "Al-Qaida Mauritania Ltd", avec un capital mauritanien à hauteur de 51% des actions libérées. 

Article 3 : Tous les avoirs et fonds de commerce de l’ex-filiale mauritanienne d’Al-Qaida Maghreb prohibée, sont rétrocédées au Commissariat à la protection sociale et à la sécurité alimentaire (CPSSA) à titre de contribution au plan national d’urgence "Famine 2008". 

Article 4 : 3000 permis polyvalents de recherches (pétrole, gaz, mines, argent, voitures, villas, drogue, etc.…) sont accordés "Al-Qaida Mauritania Ltd" sur l’ensemble du territoire national pour une durée indéterminée. 

Article 5 : "Al-Qaida Mauritania Ltd" s’engage à ficher la paix à la Mauritanie, aux Mauritaniens, à leur jeunesse, à leur police, à leur Mahdéras, à leurs femmes, à leur ex-CMJD, à leur ex-CMSN, à leur ex-PRDS, etc. 

Article 6 : Les deux mouvements "salafiste" et "CMJDeiste" sont dissouts conformément aux stipulations de la Constitution, des lois et règlements en vigueur, toutefois, les membres de leur personnel ayant rendu des services d’utilité publique à la nation ont droit à une pension viagère au prorata de leurs services rendus.   

Article 7 : La grande place publique entre le Sénat et le Ministère de l’Intérieur sera rebaptisée "place de la marmite" à l’instar des places de la Concorde ou du Trocadéro à Paris, de la place des Martyres à Damas, de la place Puerta del Sol à Madrid, de la place de l’Indépendance à Dakar, de la place Trafalgar Square à Londres, de la place Hassan à Rabat. Le boulevard de la route de Nouadhibou sera rebaptisé "boulevard de la paix". Il sera inauguré par Ould Mah avec une parade de la flamme olympique. Le centre émetteur sera transformé en musée national de tolérance. 

Article 8 : La loi de finances 2008 sera révisée et revotée la semaine prochaine par le Parlement. S’il refuse, il sera dissout. Une nouvelle nomenclature budgétaire tout à fait révolutionnaire sera appliquée. Cette nouvelle nomenclature budgétaire ne comportera plus des absurdités du type titres, chapitres, libellés de dépenses, fonctionnement, hôtel, carburant, pièces détachées, entretien, photocopie, reluire... Désormais, il n’y aura plus qu’une seule et unique dépense éligible au budget de l’État mauritanien. Cette dépense sera la marmite. Le budget public est désormais réparti à parts égales par citoyen et par marmite. Un point s’est tout. On n’aura plus besoin des services obsolètes de nos brillants économistes, au pouvoir comme à l’opposition, qui tâtonnent comme des petits écoliers engourdis.  D’autant plus que les fluctuations du marché international des denrées alimentaires ne permettent plus de prendre des risques inutiles avec le pain des gens. On ne badine comme ça pas avec la marmite. Personne n’a plus envie de revoir les émeutes de Kankoussa ! La prochaine fois risque d’être fatale.   

Article 9 : Le plan national d’urgence spécial est annulé. "Nul" est non avenu. C’est du mauvais humanitaire pour faire du bon business. Demandez à M. Kouchner. Cet homme a été dans l’humanitaire, le gros humanitaire (les corridors humanitaires avec des avions, des convois, etc.) depuis plus de 30 ans !  Il vous dira qu’on ne fait pas de l’humanitaire avec des Walis qui, entre autres, rançonnent, en toute impunité, les dépenses publiques de leurs régions jusqu’à hauteur de 30%.  Un programme comme ça, quelques soient les états d’âme de ses initiateurs, n’est pas dans l’intérêt de la Mauritanie. Le professeur ELY Mustapha ne l’avait-il pas d’ailleurs démontré ? La marre des frustrations que ce "Plan Marshall" mort-né engendrerait risque de faire voler en éclats le peu de stabilité précaire et plonger le pays dans  une situation implosive. 

Article 10 : Le présent armistice est rédigé en deux exemplaires dans toutes les langues vivantes du monde.  Les institutions ci-après sont invitées, à titre de témoins oculaires, pour valider la signature du présent armistice entre les deux belligérants. Le système des Nations Unies à Nouakchott, la fédération nationale des bouchers, la fondation KB de l’épouse du chef de l’État, le groupe de collecte des ordures Pizzorno & Dragui, le parti au pouvoir ADIL-PNDD, l’ordre national des avocats, la mairie de "Tevragh-Zeina", le laboratoire des travaux publics, le syndicat de la pêche artisanale, le journal satirique Echtari, l’Unicef, l’Université de Nouakchott, l’émission comédienne télévisée "Weylmac Yelwarrani", l’association des diplômés chômeurs, le journal Le Calame, la direction générale des douanes, 3 journalistes, 2 cuisiniers et 2 représentants du marché des objets volés "Tebtabe". 

* Hommage à feu Habib Ould Mahfoud, fondateur du journal indépendant Le Calame, premier écrivain mauritanien de satire politique. 


Mode officiel de citation : Mohamed Saleck OULD BRAHIM, « Al-Qaida Mauritania Ltd », MULTIPOL - Réseau d'analyse et d'actualité internationale, 27 avril 2008

Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que son auteur.


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