Pourtant, à la nuit tombée, le calme semblait être revenu. Géorgie et Ossétie du Sud s’étaient mises d'accord sur un cessez-le feu jusqu'à une rencontre de leurs représentants, prévue le lendemain. Le cessez-le-feu n’est pourtant observé que durant quelques heures des deux côtés.
Dans la nuit du 8 août, l'armée géorgienne, qui accuse les séparatistes ossètes d'avoir rompu le cessez-le-feu, lance une vaste offensive terrestre et aérienne contre l'Ossétie du Sud, expliquant vouloir "établir l'ordre constitutionnel dans l'ensemble de la région". De violents combats ont lieu aux abords de la capitale, Tskhinvali, ainsi que des bombardements et des tirs de mortier en provenance de villages géorgiens. La Géorgie accuse la Russie d'avoir largué des bombes sur son territoire, près de la frontière ossète. Dans une allocution télévisée, le président Mikhaïl Saakachvili a affirmé que la majorité du territoire de la province a été "libérée" et se trouve sous contrôle géorgien, et a "exigé" de la Russie qu'elle "arrête les bombardements" de villes géorgiennes.
Depuis Pékin, où il assiste à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, Vladimir Poutine a promis des "mesures de rétorsion" contre les Géorgiens, qui "ont de facto lancé les hostilités en utilisant des chars et de l'artillerie". Le président russe Dmitri Medvedev a averti que son pays ne laissera pas "impunie" la mort de ses "compatriotes" en Ossétie du Sud, la plupart des 700 000 Ossètes ayant en effet des passeports russes.
Des blindés russes, ainsi que des "volontaires" en provenance de la république russe d'Ossétie du Nord, sont entrés à la mi-journée du 8 août en Ossétie du Sud, et ont gagné Tskhinvali, qui a été "presque entièrement détruite" par les bombardements géorgiens, selon un commandant des forces de paix russes sur place.
Alors que le président ossète a affirmé que des centaines d'habitants de Tskhinvali ont été tués, avant de parler de 1 400 morts, le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a dénoncé pour sa part des "scènes de nettoyage ethnique" en Ossétie du Sud.
En visite surprise en Ossétie du Nord le 9 août, le premier ministre Vladimir Poutine a déclaré "légitimes" les opérations de Moscou en Ossétie du Sud, et sommé Tbilissi de cesser son "agression" et son "génocide". Moscou accuse l'Ukraine d'avoir encouragé la Géorgie à opérer un nettoyage ethnique en Ossétie, dénonçant une entente entre les deux ex-républiques soviétiques qui souhaitent rejoindre l'OTAN. L'ambassadeur de Russie en Ossétie a toutefois refusé de parler "de guerre entre la Russie et la Géorgie", mais a déconseillé à Tbilissi d'en débuter une.
Réuni en urgence le 9 août à la demande de Moscou peu après le début de l'offensive géorgienne, et tandis que Tbilissi lançait un appel à la communauté internationale lui demandant de stopper "une agression militaire directe" de la Russie sur son territoire, le Conseil de sécurité de l'ONU, n’est pas parvenu à un accord. Un texte de trois phrases dont une, appelant toutes les parties à renoncer à l'usage de la force, a été jugé "inacceptable par la Géorgie", soutenue par les États-Unis et les Européens. Lors d’une nouvelle réunion du Conseil de sécurité hier, l'ambassadeur de Géorgie à l'ONU, Irakli Alasania, a de son côté plaidé pour une "intervention diplomatique et humanitaire immédiate" des Nations unies afin de protéger son pays de "l'agression russe".
"Le problème, c'est qu'ils (les Géorgiens) disent toutes sortes de choses, mais ce n'est pas ce qu'on constate sur le terrain", a répliqué l'ambassadeur russe, qui a réitéré les conditions pour que Moscou accepte un cessez-le-feu: un retrait géorgien complet d'Ossétie du Sud et l'engagement de Tbilissi à signer un accord indiquant qu'il "renonce à l'usage de la force". L'Union européenne, l'OTAN, le Conseil de l'Europe et l'OSCE, ainsi que la Turquie, notamment, ont appelé la Russie et la Géorgie à un cessez-le-feu. Le président polonais, Lech Kaczynski, a condamné toute ingérence dans les affaires internes de la Géorgie, sans nommer la Russie.
Mais ce sont les États-Unis qui sont les plus virulents à critiquer Moscou. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a ainsi appelé la Russie à "respecter l'intégrité territoriale de la Géorgie et à retirer ses troupes de combat du sol géorgien". Pour George Bush, les attaques russes "dans des régions de Géorgie éloignées de la zone de conflit de l'Ossétie du Sud", constituent "une dangereuse escalade". Il exhorte Moscou à "cesser immédiatement ses bombardements".
Sollicitée par la Pologne, la présidence française de l'UE a d’ores et déjà annoncé qu'elle organisera en ce début de semaine un sommet extraordinaire des ministres des affaires étrangères de l'UE sur la Géorgie.
Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait à nouveau se réunir pour tenter de se mettre d'accord sur un texte appelant à la fin du conflit. Un projet de résolution, qui pourrait être présenté aux autres membres du Conseil aujourd’hui ou demain, devrait reprendre les trois points du plan de sortie de crise proposé par le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner : l'arrêt immédiat des hostilités, le respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie et le rétablissement de la situation qui prévalait antérieurement sur le terrain.