Au-delà de ces informations absolument invérifiables, on se rend rapidement compte de l’utilisation de ces dernières, en particulier en Turquie, pour légitimer un certain nombre de mesures inquiétantes. Le ministre de la Justice, Mehmet Ali Sahin, a déclaré que des discussions étaient en cours sur cinq amendements réclamés par l'armée et par la police pour renforcer la lutte contre le PKK, ce qui laisse prévoir de nouvelles menaces quant aux libertés et droits fondamentaux de la population Kurde de Turquie, mais aussi des mesures de surveillance poussées sur la population turque elle-même… Une réunion extraordinaire des dirigeants civils et militaires membres du conseil de lutte anti-terroriste est par d’ailleurs prévue pour jeudi.
Et la population réagit bien évidemment à ces mesures de propagandes avant tout destinées non pas à la communauté internationale susceptible de réagir (une partie de conflit se passe sur la frontière irakienne) mais destinées à usage interne : le nationalisme turc reprend évidement de la force, au-delà de la démonstration de respect et de l’honneur naturellement aux soldats tombés au front.
Des milliers de personnes ont en effet assisté aux obsèques organisées pour les soldats. Les funérailles ont été ponctuées de démonstrations de colère contre le PKK, mais aussi contre M. Erdogan et contre le chef de l'Etat Abdullah Gül, selon les médias. Il faut donc au Gouvernement turc démontrer à la fois la légitimité qu’il détient pour prendre des mesures liberticides, mais aussi qu’il peut s’appuyer sur un bilan récent positif en mettant des chiffres en avant. Réduire ses pertes et majorer celles de s’adversaire est une mesure de propagande politique et militaire ancienne mais qui fait encore recette…
Cette flambée de chiffres « positifs » ne tombe-t-elle pas d’ailleurs à point lorsque l’on sait que le Parlement turc doit renouveler, probablement cette semaine, pour un an, le mandat autorisant l'armée à mener des opérations militaires contre le PKK en Irak en cas de nécessité ?