Sans conteste, la France s’est trouvée cette année un nouvel eldorado militaire avec l’Amérique du Sud (première commande à l’export du PVP de Panhard, signé en août par le Chili, pour 2 millions d’euros), et plus particulièrement avec le Brésil. Entre la dernière visite du Président Sarkozy en décembre 2008 et son voyage éclair du 3 septembre 2009, Paris est en passe de signer des commandes d’armement pour un montant de 10 à 11 milliards d’euros :
  • 4 sous-marins de type Scorpène (415 millions € l’unité), peut-être dotés du système de propulsion AIP MESMA.
  • La construction de la coque du premier sous-marin à propulsion nucléaire (la presse brésilienne parle d’une coque de sous-marin de type Scorpène rallongée de 5 mètres ou d’une coque du futur sous-marin français de classe Barracuda) pour un montant de 2 milliards €.
  • 50 hélicoptères EC-225/EC-725 pour 1,9 milliard d’euros (livrable entre 2010 et 2016).
  • 36 avions de combat Rafale pour un montant estimé à 5 milliards d'euros.
  • Le Brésil et la France construiront ensemble des missiles Exocet. Ils seront produits à la fois par EADS et des entreprises brésiliennes.
Mais, s’il y a bien un secteur d’affaire où rien n’est jamais certain, c’est bien celui de l’armement. Ainsi, concernant le contrat des sous-marins, même si la presse brésilienne s’interroge sur les milliards dépensés et les possibles prises illégales d’intérêts, la vente apparaît comme finalisée. Par contre, concernant le Rafale, rien ne semble sûr, même si selon des responsables français : « Nous avons noté avec intérêt les propos cryptés, mais positifs » du Président Lulla. Nous sommes donc au début d'un long processus qui pourrait s'étendre encore sur plusieurs années, l'Élysée évoquant la date de 2013.
Derrière, ces nouvelles "joyeuses" pour les promoteurs de l’industrie de défense et l’absence de réflexion dans les médias sur la question de la moralité de vendre des armes, une seule question est posée : ces contrats militaires vont-ils sauvegarder et/ou créer des emplois dans l’hexagone ? Pas si sûr :
  • Le Rafale : « l'Élysée estime que le contrat initial emploiera 6000 personnes en France ». Un chiffre réaffirmé par Eric Trappier, directeur général international de Dassault, qui fait même une comparaison avec le nombre d’emplois qui seront créés au Brésil : « On estime que ce contrat représente6000 emplois en France, pas seulement chez Dassault, mais également chez Safran, Thalès et dans les PME. Au Brésil, on parle de 3000 emplois ». Étonnant ! Alors que la France ne s’engage à ne produire chez elle que 6 des 36 Rafales, cela créera donc deux fois plus d’emplois (6000) sur le territoire national qu’au Brésil (3000), pour une production six fois inférieure…
  • Le Brésil, qui disposera d’une chaîne de production sur son territoire, produira le reste de sa flotte aérienne (72 autres appareils devront être renouvelés dans les prochaines années) et disposera aussi du droit de vendre sous licence « des avions Rafale, construit chez lui, à d'autres pays d'Amérique latine »…
  • La construction des sous-marins devrait se faire non pas en France mais… au Brésil, exception faite semble-t-il des "nez" (forme avant de la coque qui est arrondie), qui seront fabriqués dans l'hexagone, le Brésil ne disposant pas des machines-outils pour ce type de réalisation. Ces submersibles seront assemblés dans une nouvelle base navale réalisée par l’entreprise leader du BTP en Amérique latine Odebrecht, par des ouvriers… brésiliens avec l’aide de quelques ingénieurs français... La société Itaguaï Construçoes Navais (ICN) sera en charge de la fabrication des submersibles. Il faut relever qu’ICN est une joint-venture appartenant au brésilien Odebrecht (59%) et au français DCNS (41%).
Ce nouveau marché d’armement sud-américain devrait donc continuer de croître, car aux côtés de la France, les États-Unis (Colombie) et la Russie (Venezuela) participent activement à relancer une course aux armements dans cette partie du monde…