À cette occasion, Washington a été passé au crible par le Conseil des droits de l’Homme. Plusieurs pays, pour la plupart des pays de développement, en ont profité pour dénoncer la situation des droits de l’Homme aux États-Unis. Les critiques ont surtout porté sur le centre de détention de Guantanamo, la peine de mort et la non-ratification d’importants traités internationaux, parmi lesquels la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et la Convention relative aux droits de l'enfant.
La délégation américaine a reconnu ne pas être satisfaite de la situation. «Nous ne sommes pas satisfaits du statu quo et nous continuerons à améliorer nos lois», a assuré le secrétaire d’État adjoint américain pour les droits de l’Homme, Michael Posner. Aux détracteurs invoquant des violations des droits de l’Homme dans les guerres en Irak et en Afghanistan, le conseiller juridique du Département d’État américain, Harold Koh, a rétorqué : «Qu’il n’y ait aucun doute là-dessus, les États-Unis ne pratiquent pas la torture et ne la pratiqueront pas».
La délégation américaine a également fait savoir que depuis l’arrivée au pouvoir du président américain Barack Obama en janvier 2009, le nombre des personnes détenues à Guantanamo était tombé de 242 à 174. Elle n'a toutefois pas donné un calendrier pour la fermeture de ce centre de détention. Cette 9e session de l'Examen périodique universel du Conseil des droits de l'homme de l' ONU, en cours à Genève, intervient alors que le Washington Post a révélé le 4 novembre que l’ancien président américain, George W. Bush, avouait dans ses mémoires avoir personnellement donné son aval aux agents de la CIA pour soumettre le cerveau des attentats du 11 septembre, Khaled Cheikh Mohammed, à la simulation de noyade.
Premier sur une liste de 87 orateurs, Cuba a demandé aux États-Unis de mettre fin à l’embargo américain contre l’île, décrit comme «un génocide» et de libérer cinq militants cubains aux États-Unis considérés par La Havane comme des «prisonniers de guerre».
Pour sa part, l’Iran a estimé que «malheureusement, les États-Unis ont été et continuent d’être ceux qui violent le plus systématiquement les droits de l’Homme». Plusieurs pays occidentaux, dont la Grande-Bretagne et l’Australie, ont quant à eux demandé un moratoire ou l’abolition de la peine de mort. La France a «salué l’engagement pris par le président Obama de fermer le centre de détention de Guantanamo». «Il importe que cette promesse soit honorée», a déclaré l’ambassadeur français, Jean-Baptiste Mattei.
L'Égypte, et plusieurs autres pays, ont exprimé leurs préoccupations sur les violations des droits de l'Homme commises par les troupes américaines en dehors des États-Unis. De plus, l'Égypte a appelé les États-Unis à lancer des enquêtes indépendantes crédibles sur les violations des lois des droits de l'Homme commises par les forces américaines en Irak.
Près de 300 organisations non gouvernementales américaines ont livré pour l’occasion un rapport de 400 pages détaillant «les insuffisances criantes» en matière de droits de l’Homme aux États-Unis, dont les discriminations raciales dans le système judiciaire et le traitement des immigrés.
Précisons que les États-Unis, qui avaient refusé de faire partie du Conseil au moment de sa création, en 2006, sur les cendres de la Commission des droits de l’Homme décriée pour son incapacité à faire respecter les valeurs fondamentales de l’ONU, ont rejoint officiellement l’organisme onusien en mai 2009, suite à l’arrivée au pouvoir du président Barack Obama.



(*) La résolution dispose que le Conseil aura pour vocation de procéder à un examen périodique universel, sur la foi d' informations objectives et fiables, du respect par chaque État de ses obligations et engagements en matière de droits de l'homme de façon à garantir l'universalité de son action et l'égalité de traitement de tous les États.