Aux dires du Président français, Nicolas Sarkozy, l’entrée de l’Afrique de manière permanente au sein du Conseil de sécurité viendrait réparer une "véritable anomalie, (…) une forme de scandale". Incompréhension partagée par le Président Sud-africain dont le pays se verrait bien, du fait de son poids, occuper un des sièges permanents dévolus à l’Afrique.
L’option de la réforme intérimaire, censée marquée le refus du "statu quo" et de "l’immobilisme", illustre tout de même bien, au-delà de l’unanimité qui semble exister sur la nécessité de le faire refléter les évolutions géopolitiques qu’a connu la scène internationale depuis 1945, et notamment de le rendre plus représentatif et légitime, les difficultés actuelles à réformer cet organe clé et central dans le dispositif de l’ONU. En effet, ce qui est envisagé particulièrement en termes d’élargissement de ses membres, permanents et non-permanents, heurte certains pays tant il est susceptible d’ébranler la répartition et un certain équilibre des pouvoirs hérité du monde post-1945.
Très peu sont en effet les membres du "P5" qui sont pressés d’ouvrir les portes de leur club si restreint (appartenance qui leur procure des arguments diplomatique, politique et géopolitique de choix dans le contexte international tourmenté actuel) à de nouveaux acteurs et à les voir bénéficier du même droit de veto qu’eux. Au-delà de la question épineuse du choix des membres qui se verront octroi le fameux sésame, se pose aussi la question de l’efficacité d’un Conseil élargi pour un organe qui doit être capable d’une certaine réactivité et qui doit jongler en permanence entre marchandages, compromis et compromissions afin de trouver des solutions à des situations de plus en plus complexes. Le prix à payer pour une meilleure représentativité et légitimité du Conseil pourra-t-il être conjugué avec celui de son efficacité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales (sur laquelle elle a très souvent été défectueuse) ? Là est le défi auquel est confrontée la diplomatie internationale dans son obligation de faire preuve d’inventivité.
Il est fort peu probable qu’un consensus émerge rapidement sur cette question. La réforme du Conseil de sécurité de l’ONU continuera donc encore à dominer l’agenda multilatéral dans sa quête d’une meilleure gouvernance mondial, comme c’est le cas depuis le début des années 1990. Pour combien de temps encore ?
* Retrouvez cet article sur le site de l'Observatoire de la vie diplomatique en Afrique (OVIDA).