23 novembre 2013

ACTU : La Chine, Cuba, la Russie et l'Arabie saoudite au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU

Catherine MAIA
 

Le 12 novembre, la Chine, Cuba, la Russie et l’Arabie Saoudite ont été élus  au Conseil des droits de l'Homme (CDH) des Nations unies pour trois ans à compter du 1er janvier 2014. Malgré les vives critiques de plusieurs organisations non gouvernementales, ces pays ont été aisément élus par l’Assemblée générale de l’ONU, appelée à renouveler 14 des 47 Etats membres du CDH, dont le siège est à Genève. L'Afrique du Sud, le Vietnam, l'Algérie, le Maroc, la Namibie, les Maldives, la Macédoine et le Mexique ont également été élus le 12 novembre, de même que la France et le Royaume-Uni qui y ont regagné un siège.

Les membres du CDH sont élus pour un mandat de trois ans. Ils ne peuvent être réélus immédiatement après avoir siégé pendant deux mandats consécutifs, soit six ans. Par ailleurs, les sièges au CDH sont répartis en fonction des régions géographiques, et les pays membres de ces régions peuvent choisir les candidats à ces sièges. Le groupe Asie, notamment, avait quatre candidats pour ses quatre sièges : la Chine, les Maldives, l'Arabie saoudite et le Viêtnam.

La Jordanie aurait aussi pu être candidate dans le groupe Asie, mais elle a retiré sa candidature et tente désormais d'obtenir le siège refusé par l'Arabie saoudite au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. «Le retrait de la Jordanie est un dur coup, puisque l'absence de toute compétition signifie que des pays comme l'Arabie saoudite peuvent être élus au Conseil sans examen réel de leur performance», a expliqué Mme Hicks de Human Rights Watch. «Des pays comme la Chine et le Vietnam devraient être questionnés concernant leurs problèmes endémiques de droits de la personne [et] incités à réaliser des progrès s'ils veulent être élus».

Aux côtés des 43 autres membres du CDH, les quatre nouveaux venus auront pour mission de protéger et de promouvoir les droits humains sur les cinq continents et, pendant au moins trois sessions ordinaires annuelles, d'étudier les éléments d'information présentés par les ONG et les États. 

Le CDH, qui siégera à compter du 1er janvier, sera toutefois l'un des plus divisés depuis la création de cet organe en mars 2006. De fait, l'élection de quatre des quatorze nouveaux membres a de quoi surprendre.

L'Arabie saoudite a été élue alors que ses ressortissantes se battent pour obtenir le droit de conduire une voiture. Le royaume caracole en tête du palmarès mondial des exécutions capitales. Et, comme cela arrive périodiquement, il vient de procéder à une vague d'expulsion d'immigrés éthiopiens, dans des conditions inhumaines et dégradantes.

La Russie, quant à elle, rejoint le CDH au moment où la communauté internationale se mobilise en faveur des militants de l'ONG Greenpeace, arrêtés en septembre 2013 pour avoir mené une action pacifique sur une plateforme de l'Arctique. Accusés de "piraterie" maritime, ils risquent jusqu'à quinze ans de prison. Les opposants au régime de Vladimir Poutine sont incarcérés, et les médias font régulièrement l'objet de menaces. 

La situation n'est guère plus brillante en Chine, qui poursuit une campagne de répression au Tibet et emprisonne les dissidents. À La Havane comme à Pékin, l'accès à internet est étroitement surveillé.

De plus, ces quatre pays ont pour point commun d'avoir  à plusieurs reprises refusé l’entrée d’inspecteurs des droits de l'Homme sur leur sol. 

Pour autant, ces Etats, souvent plus soucieux de souveraineté que de droits humains, auront désormais une voix à Genève à un moment où le CDH prend de plus en plus d’importance et est de plus en plus actif, souligne Philippe Bolopion de Human Rights Watch : «C’est un organe important. Il a le pouvoir de nommer notamment des commissions d'enquêtes internationales qui peuvent faire la lumière sur des violations graves qui ont lieu actuellement par exemple en RCA, ou en Syrie ». Certains observateurs comparent ainsi ce nouveau CDH à un « renard en charge du poulailler ».

Que visent ces pays en siégeant au CDH ? Pour les ONG, le but des quatre nouveaux membres est clair : prendre en otage le CDH, bloquer ses travaux et multiplier les manoeuvres dilatoires. Quoi qu'il en soit, leur entrée dans cet organe a déjà fait une victime : les Nations unies, dont la crédibilité est sérieusement affectée, alors que son impuissance à protéger les populations civiles, notamment en Somalie ou en RDC, a déjà entamé la confiance que les citoyens placent en elle. L'institution est aujourd'hui souvent perçue comme une grosse machine, peu efficace, dépensière et pléthorique. Cette élection ne contribuera pas à améliorer son image.

Sources : AFP / Jeune Afrique / Le Monde


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