À l’occasion de son débat annuel sur ses méthodes de travail, le Conseil de sécurité de l’ONU a entendu, le 20 octobre 2015, le Président de l’Assemblée générale, appuyé en ce sens par la majorité de la cinquantaine de délégations étatiques ayant pris la parole, plaider en faveur d’un processus de sélection du prochain Secrétaire général qui soit « plus transparent et inclusif ». M. Mogens Lykketoft a également suggéré que le prochain Secrétaire général, qui sera désigné en 2016 et entrera en fonctions le 1er janvier 2017, soit pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation, une femme. « Les candidatures de femmes à ce poste doivent retenir toute notre attention », a-t-il estimé, à l’instar de certains orateurs.
S’exprimant au nom du Chili, de la Jordanie, de la Malaisie et de la Nouvelle-Zélande – les représentants de ces pays membres du Conseil n’ont donc pas pris la parole – le délégué de l’Angola a, pour sa part, estimé que le Conseil devrait faire preuve de « davantage de discipline » et resserrer l’éventail de ses initiatives car, a-t-il fait observer, une trop grande diversité de sujets le « distrait des réels problèmes » et affaiblit son impact. Il a également estimé qu’il faudrait envisager des processus plus inclusifs dans la rédaction des résolutions ou des déclarations du Président.
Mais
c’est bien l’allocution du Président de l’Assemblée générale qui a nourri les
discussions, et ce, d’autant qu’un Président de cet organe n’avait pas pris la
parole devant le Conseil depuis 8 ans. M. Lykketoft a tenu à replacer le
débat dans le contexte de la prochaine nomination du Secrétaire général, en
rappelant que l’Assemblée avait, le 11 septembre 2015, adopté une résolution
relative à la revitalisation de ses travaux, dans laquelle elle prie les
Présidents du Conseil et de l’Assemblée de commencer à solliciter des
candidatures à ce poste. Pour que cette Organisation soit dirigée avec la plus
grande efficacité, le processus de désignation du prochain Secrétaire général
doit être, autant que possible, ouvert et minutieux », a-t-il
précisé. Selon l’article 97 de la Charte des Nations Unies, le Secrétaire
général est nommé par l’Assemblée générale, sur recommandation du Conseil de
sécurité. Le Président a assuré qu’il enverrait une lettre à tous les
États Membres décrivant le processus suivi. Tous les États Membres, a-t-il
ajouté, recevront la liste des candidats et leurs biographies. « Je suis
convaincu qu’il y a un nombre de femmes candidates qui remplissent les
conditions pour devenir Secrétaire général », a dit M. Lykketoft, en
faisant remarquer qu’à ce jour, aucune femme n’avait été désignée à ce poste. « C’est
pourquoi, les candidatures de femmes doivent retenir toute notre attention ».
Ce
vœu a été partagé par les représentants du Royaume-Uni, de la Colombie ou
encore de l’Allemagne, ce dernier rappelant, au terme d’une déclaration
conjointe avec la France, que la résolution précitée de l’Assemblée invite les
États Membres à considérer la candidature de femmes. « Nous soutenons
fermement cet appel », a-t-il déclaré. Son homologue de la Pologne s’est
dit en faveur de ce « pas significatif pour l’égalité entre les
sexes », tout en demandant la mise en place d’une rotation régionale pour
ce poste.
Si
la quasi-totalité des délégations ont plaidé pour un processus de sélection
« plus transparent et inclusif » du Secrétaire général, le délégué de
la Fédération de Russie a estimé qu’il était prématuré que les États Membres
débattent, à ce stade, de cette question, en rappelant que l’échéance de la
sélection du prochain Secrétaire général de l’Organisation était fixée à 2016. « Cela
met plus de pression sur les épaules de l’actuel Secrétaire général et risque
d’introduire à l’ONU le concept de canard boiteux », a-t-il prévenu.
Comme
à l’accoutumée, un certain nombre de délégations ont saisi cette occasion pour
réclamer une réforme approfondie du Conseil de sécurité. Le Mexique, conjointement
avec la France, avait proposé une initiative visant à encadrer l’usage du veto
lorsque le Conseil examine des cas de crimes les plus graves, à laquelle 80
États se sont ralliés, a rappelé son représentant. « Le droit de veto est
une responsabilité et non pas un privilège », a-t-il tenu à préciser. Comme
d’autres intervenants, il a également salué l’initiative « complémentaire »
du Groupe ACT – « Responsabilité, Cohérence et Transparence » –
présentée par la Suisse, qui a élaboré un code de conduite appuyant cette
initiative.
De
nombreux États Membres ont souhaité une réforme de la composition du Conseil
afin de donner à ses décisions, comme l’a affirmé le délégué de l’Inde,
« la légitimité nécessaire » et de l’adapter, selon l’expression du
représentant de la Suède, « aux réalités géopolitiques qui ont
considérablement changé depuis sa création ». Le Président de
l’Assemblée générale a fait part, à ce sujet, de son intention de faire
progresser le processus de négociation intergouvernemental relatif à la réforme
du Conseil. L’Espagne va donner suite à la réunion de ce jour sous la
forme d’un résumé des recommandations qui ont été avancées, a conclu le
représentant de l’Espagne, Président du Conseil pour le mois d’octobre 2015.
Source : ONU
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