Catherine MAIA
Condamnant « dans les termes les plus vifs » les
frappes aériennes contre le Palais présidentiel à Aden, les attaques contre
l’aéroport international et les attentats à la bombe contre deux mosquées à
Sanaa et à Saada qui ont fait au moins 126 morts et de nombreux blessés,
le Conseil de sécurité s’est réuni d’urgence, le 22 mars, pour réaffirmer sa
disposition à prendre de nouvelles mesures à l’encontre de toute partie qui
n’appliquerait pas ses résolutions sur le Yémen, en particulier la Résolution 2201 (2015). Pour éviter un scénario à l’iraquienne, à la libyenne ou à
la syrienne, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Yémen a
demandé la « marge de manœuvre » nécessaire pour engager le dialogue
avec toutes les parties, y compris les Houthis et le Président Hadi.
Dans la déclaration présidentielle qu’il a adopté après avoir entendu le Conseiller spécial du Secrétaire général et les représentants du Yémen et du Qatar, le Conseil de sécurité appuie la légitimité du Président du Yémen, Abdo Rabbo Mansour Hadi, et condamne les mesures unilatérales prises par les Houthis qui n’ont pas donné suite aux exigences de la Résolution 2201 (2015), à savoir qu’ils retirent leurs forces des institutions de l’État, y compris dans la capitale Sanaa, ramènent à la normale la situation en matière de sécurité dans la capitale et dans d’autres provinces, et cèdent le contrôle des institutions gouvernementales et de sécurité. Le Conseil se déclare de nouveau préoccupé par la capacité d’Al-Qaida dans la péninsule arabique de profiter de la détérioration de la situation politique et de la sécurité au Yémen.
Il
insiste donc sur le fait qu’il a demandé à toutes les parties au Yémen,
notamment les Houthis, les représentants de l’État, les dirigeants des partis
et mouvements politiques, et les membres de « comités populaires »,
de choisir la voie du dialogue et de la consultation pour régler leurs
différends, de renoncer à recourir à la violence à des fins politiques et de
s’abstenir de toute provocation et de toute mesure unilatérale de nature à
compromettre la transition politique. Le Conseil souligne que toutes les
parties devraient prendre des mesures concrètes pour s’entendre sur une
solution politique consensuelle, qui soit conforme à l’Initiative du Conseil de
coopération du Golfe et à son mécanisme de mise en œuvre, aux résultats des
travaux de la Conférence de dialogue national sans exclusive, et à l’Accord
pour la paix et un partenariat national ainsi qu’à son annexe relative à la
sécurité.
Le
Conseil se félicite que le Conseil de coopération du Golfe compte organiser, à
la demande du Président du Yémen, une conférence à Riyad, à laquelle seront
associées toutes les parties yéménites, afin de continuer à appuyer la
transition politique au Yémen et de soutenir et renforcer les négociations
menées sous l’égide de l’ONU. Il demande à tous les États Membres de
s’abstenir de toute ingérence et réaffirme, après le gel des avoirs et
l’interdiction de voyager décrétés par la Résolution 2140 (2014), qu’il est
disposé à prendre de nouvelles mesures à l’encontre de toute partie qui
n’appliquerait pas ses résolutions sur le Yémen, en particulier la Résolution
2201 (2015).
Il
y a des extrémistes des deux côtés qui veulent voir l’échec des négociations et
qui y travaillent, a mis en garde le Conseiller spécial du Secrétaire général
pour le Yémen. Il serait illusoire, s’est expliqué M. Jamal Benomar, de
penser que les Houthis pourraient monter une offensive et prendre le contrôle
du pays tout entier, y compris le Mareb, Taez et le sud. Il serait tout aussi
illusoire de penser que le Président Hadi pourrait rassembler suffisamment de
forces pour libérer le pays des Houthis. La volonté de l’une ou l’autre
partie de pousser le pays vers telle ou telle direction mènerait à un conflit
prolongé semblable au scénario combiné de l’Iraq, de la Libye et de la Syrie, a
prévenu le Conseiller spécial.
« Je
dois avoir la marge de manœuvre nécessaire pour engager un dialogue avec toutes
les parties », a-t-il plaidé, arguant qu’un accord définitif sur le
partage du pouvoir ne peut se matérialiser que si l’on implique toutes les
parties, y compris les Houthis et le Président Hadi, ces derniers étant
désormais « un élément capital » de la solution. Les Nations
Unies continuent leur contact avec toutes les parties d’une manière qui ne
donne pas de légitimité à ceux qui recourent à la force pour interrompre le
processus politique, qui ne diminue pas la légitimité du Président et du
Gouvernement et qui ne compromet pas non plus l’impartialité de l’Organisation,
a-t-il affirmé.
Le
Conseil de sécurité doit stopper la guerre que préparent les responsables du
« coup d’État » de septembre 2014, avec le soutien de l’Iran, a
estimé le représentant du Yémen, M. Khaled Aleymani. La paix au
Yémen et dans la région passe par la coopération et le respect mutuel entre
pays, « sans ingérence aucune dans les affaires intérieures », a
souligné, à son tour, la représentante du Qatar, Mme Alya Ahmed Saif Al-Thani,
au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Déclaration présidentielle
Le
Conseil de sécurité rappelle ses résolutions 2014 (2011), 2051 (2012), 2140
(2014), 2201 (2015) et 2204 (2015) et les déclarations de son président en date
du 15 février 2013 et du 29 août 2014.
Le
Conseil réaffirme son ferme attachement à l’unité, la souveraineté,
l’indépendance et l’intégrité territoriale du Yémen, et son engagement à
soutenir le peuple yéménite.
Le
Conseil soutient les efforts du Conseil de coopération du Golfe et salue
l’engagement que celui-ci a pris d’accompagner la transition politique au
Yémen.
Le
Conseil appuie la légitimité du Président du Yémen, Abdo Rabbo Mansour Hadi, et
demande à toutes les parties et aux États Membres de s’abstenir de tout acte
susceptible de porter atteinte à l’unité, à la souveraineté, à l’indépendance
et à l’intégrité territoriale du Yémen, et à la légitimité du Président du
Yémen.
Le
Conseil réaffirme son plein appui et attachement à l’action menée par le
Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Jamal Benomar, et
aux négociations engagées sous l’égide de l’ONU.
Le
Conseil condamne les mesures unilatérales prises par les Houthis, qui
compromettent la transition politique au Yémen et mettent en péril la sécurité,
la stabilité, la souveraineté et l’unité du pays, et se déclare profondément
préoccupé par la mise en œuvre insuffisante de la résolution 2201 (2015).
Le
Conseil déplore que les Houthis n’aient pas donné suite aux exigences qu’il
avait formulées dans la résolution 2201 (2015), à savoir qu’ils retirent leurs
forces des institutions de l’État, y compris dans la capitale Sanaa, ramènent à
la normale la situation en matière de sécurité dans la capitale et dans
d’autres provinces, et cèdent le contrôle des institutions gouvernementales et
de sécurité.
Le
Conseil se déclare vivement préoccupé par la poursuite des détentions
arbitraires, de la part de toutes les parties, en particulier les Houthis, ce
qui est contraire à la résolution 2201 (2015), et exige de nouveau que toutes
les personnes arbitrairement détenues soient remises en liberté sans conditions
et sans qu’il leur soit fait de mal.
Le
Conseil se félicite que le Premier Ministre, Khalid Bahah, et d’autres membres
du Gouvernement ne soient plus soumis à l’assignation à résidence imposée par
les Houthis.
Le
Conseil exhorte les acteurs non étatiques à se retirer des institutions de
l’État, notamment dans le sud du Yémen, et à ne pas tenter de s’emparer de ces
institutions.
Le
Conseil condamne dans les termes les plus vifs les frappes aériennes contre le
Palais présidentiel à Aden et les attaques contre l’aéroport international
d’Aden. Il condamne dans les termes les plus vifs les horribles attentats à la
bombe commis le 20 mars contre deux mosquées à Sanaa et Saada (Yémen), qui ont
fait au moins 126 morts et de nombreux blessés. Le Conseil invite instamment
toutes les parties à s’abstenir de tout nouveau recours à la force militaire,
de toute action militaire offensive et toute autre forme de violence.
Le
Conseil demande de nouveau instamment à toutes les parties de convenir de
dates, et de les annoncer publiquement, pour l’achèvement du processus de
consultation constitutionnelle, d’organiser un référendum sur la constitution
et de tenir des élections régies par la nouvelle loi électorale découlant de la
nouvelle constitution et, à ce propos, exige des parties qu’elles prennent
toutes les mesures nécessaires pour y parvenir, notamment en mettant pleinement
en œuvre la résolution 2201 (2015).
Le
Conseil se déclare de nouveau préoccupé par la capacité d’Al-Qaida dans la
péninsule Arabique de profiter de la détérioration de la situation politique et
de la sécurité au Yémen, considérant que tous les actes de terrorisme, quels
qu’ils soient, sont criminels et injustifiables, quels qu’en soient les
motivations, l’époque, le lieu et les auteurs.
Le
Conseil souligne que la solution à la situation qui règne au Yémen passe par
une transition politique pacifique, ordonnée et sans exclusive, dirigée par les
Yéménites, répondant aux exigences et aspirations légitimes du peuple yéménite
qui réclame un changement pacifique et de véritables réformes politiques,
économiques et sociales, comme il découle de l’Initiative du Conseil de
coopération du Golfe et de son mécanisme de mise en œuvre, des résultats de la
Conférence de dialogue national sans exclusive et de l’Accord pour la paix et
un partenariat national ainsi que de son annexe relative à la sécurité.
Le
Conseil engage vivement toutes les parties, en particulier les Houthis, à se
conformer aux dispositions arrêtées dans le cadre de l’Initiative du Conseil de
coopération du Golfe et de son mécanisme de mise en œuvre, aux résultats des
travaux de la Conférence de dialogue national sans exclusive et à l’Accord pour
la paix et un partenariat national ainsi qu’à son annexe relative à la sécurité
et aux résolutions du Conseil de sécurité sur la question, à faire avancer plus
rapidement les négociations sans exclusive menées sous l’égide de l’ONU,
notamment sur les questions de gouvernance, à poursuivre la transition
politique en vue de parvenir à une solution de consensus, et souligne
l’importance d’appliquer dans leur intégralité les accords conclus et d’honorer
les engagements pris à cette fin.
Le
Conseil insiste sur le fait qu’il a demandé à toutes les parties au Yémen,
notamment les Houthis, les représentants de l’État, les dirigeants des partis
et mouvements politiques, et les membres de « comités populaires »,
de choisir la voie du dialogue et de la consultation pour régler leurs
différends, de renoncer à recourir à la violence à des fins politiques et de
s’abstenir de toute provocation et de toute mesure unilatérale de nature à
compromettre la transition politique. Il souligne que toutes les parties
devraient prendre des mesures concrètes pour s’entendre sur une solution
politique consensuelle à la crise au Yémen, qui soit conforme à l’Initiative du
Conseil de coopération du Golfe et à son mécanisme de mise en œuvre, aux
résultats des travaux de la Conférence de dialogue national sans exclusive, et
à l’Accord pour la paix et un partenariat national et à son annexe relative à
la sécurité, et mettre cette solution en œuvre.
Le
Conseil salue l’intention manifestée par le Président du Yémen, Abdo Rabbo
Mansour Hadi, de participer de bonne foi aux négociations menées sous l’égide
de l’ONU.
Le
Conseil se félicite que le Conseil de coopération du Golfe compte organiser, à
la demande du Président du Yémen, une conférence à Riyad, à laquelle seront
associées toutes les parties yéménites, afin de continuer à appuyer la
transition politique au Yémen et de soutenir et renforcer les négociations
menées sous l’égide de l’ONU.
Le
Conseil rappelle qu’il importe que toutes les parties permettent à tous les
Yéménites de se réunir pacifiquement sans peur d’être attaqués, blessés ou
arrêtés, ni de subir de représailles.
Le
Conseil demande à toutes les parties de s’acquitter des obligations que leur
impose le droit international, y compris le droit international humanitaire et
le droit des droits de l’Homme applicables.
Le
Conseil exige de nouveau que toutes les parties au conflit au Yémen cessent
toute hostilité armée à l’encontre de la population et des autorités légitimes
du Yémen et déposent les armes qu’elles ont saisies de l’armée et d’autres
institutions chargées de la sécurité, conformément à l’Accord pour la paix et
un partenariat national et à son annexe relative à la sécurité.
Le
Conseil exhorte également toutes les parties à permettre aux acteurs
humanitaires d’accéder en toute sécurité et sans entrave aucune aux populations
qui ont besoin d’assistance. Il réaffirme également que toutes les parties
doivent assurer la sécurité des civils, notamment ceux qui reçoivent une aide,
ainsi que celle du personnel humanitaire, du personnel des Nations Unies et du
personnel associé.
Le
Conseil note avec satisfaction l’action menée par le Conseiller spécial du
Secrétaire général pour le Yémen, Jamal Benomar, souligne combien il importe
que l’ONU agisse en étroite coordination avec ses partenaires internationaux,
dont le Conseil de coopération du Golfe, le Groupe des ambassadeurs à Sanaa et
d’autres parties prenantes, afin de contribuer à la réussite de la transition.
Le
Conseil demande à tous les États Membres de s’abstenir de toute ingérence qui
viserait à attiser le conflit et à aggraver l’instabilité et d’appuyer au
contraire la transition politique.
Le
Conseil exige de toutes les parties qu’elles mettent pleinement en œuvre toutes
ses résolutions sur le Yémen, notamment la résolution 2201 (2015).
Le
Conseil réaffirme qu’il est disposé à prendre de nouvelles mesures à l’encontre
de toute partie qui n’appliquerait pas ses résolutions sur le Yémen, en
particulier la résolution 2201 (2015).
Déclarations
M.
JAMAL BENOMAR, Conseiller spécial du Secrétaire général de
l'ONU pour le Yémen, a rappelé que lors de sa dernière intervention devant
le Conseil qui avait alors adopté la résolution 2201, le 15 février 2015, il
avait regretté que toutes les exigences internationales furent restées lettre
morte. Aujourd’hui, la seule nouvelle positive est que le Premier
Ministre Khaled Bahah et quatre de ses Ministres ont été libérés. Je n’ai
cessé, a-t-il souligné, de répéter aux parties que le seul moyen de surmonter
l’impasse politique est de parvenir à un consensus conforme à l’initiative du
Conseil de coopération du Golfe et à son Mécanisme de mise en œuvre, aux
résultats de la Conférence de dialogue national et à l’Accord pour la paix et
un partenariat national et son annexe sur la sécurité. C’est dans ce
contexte, a t-t-il dit, que j’ai poursuivi la facilitation des négociations
avec 12 partis politiques, y compris les Houthis. Le Conseiller spécial a
dit être resté en contact avec le Président Abd Rabbo Mansour Hadi et avoir
travaillé avec toutes les parties dans l’espoir de résoudre l’impasse actuelle
et de prévenir une guerre civile pour pouvoir remettre la transition politique
sur les rails.
Malheureusement,
a-t-il poursuivi, les évènements de ces dernières semaines et de ces derniers
jours semblent éloigner encore le Yémen d’un règlement pacifique et le
rapprocher d’une guerre civile. Depuis que le Président Hadi est arrivé à
Aden, il a déclaré la ville, « capitale provisoire du Yémen » et a
commencé à étendre ses « comités populaires » qui ont désormais pris
le contrôle d’Aden. Le Président Hadi a accusé l’ancien Président Ali
Abdullah Saleh et les Houthis d’avoir lancé « un coup » contre
lui. De leur côté, les Houthis ont rejeté le Président Hadi comme leader
légitime du Yémen et continué à occuper les institutions publiques et à
s’étendre dans d’autres territoires malgré les demandes répétées du Conseil de
sécurité.
Au
début du mois de mars, le Président Hadi a décidé de remplacer le chef des
Forces centrales de sécurité (CSF) à Aden qui, soupçonné d’être resté fidèle au
Président Saleh et aux Houthis, est resté sourd aux injonctions, provoquant
plusieurs cycles de combats entre ses troupes et les « comités
populaires », dont des attaques aériennes contre l’aéroport international
et le Palais présidentiel, ce que le Conseil a dûment condamné. Le 20
mars, des terroristes ont fait exploser deux mosquées à Sanaa, tuant 140
personnes et blessant 350 autres. Le lendemain, les « comités
populaires » ont saisi des installations militaires à Lahj, dans le sud et
en réaction, le Comité révolutionnaire des Houthis a appelé à la mobilisation
de ses unités du nord pour une campagne dans le sud.
Les
21 et 22 mars, les Houthis, appuyés par les unités de l’armée yéménite, sont
apparus en grand nombre à Taez, un réseau industriel du sud-est commandant la
voie vers Aden. Aujourd’hui-même, des informations font état du contrôle,
par les Houthis, de l’aéroport de Taez et d’autres parties de la ville.
Des soldats auraient dispersé des manifestations à coup de gaz lacrymogène et
de tirs à balles réelles. Des manifestations anti-houthis ont également
eu lieu à Sanna et dans d’autres villes, a dit le Conseiller spécial qui s’est
déclaré préoccupé par les arrestations et détentions arbitraires, les
enlèvements et les cas de violence.
Il
semble, a-t-il dit, qu’avec l’aide des forces armées yéménites, les Houthis se
dirigent vers le sud, à savoir les villes de Lahj et d’Aden. Les
Yéménites sont d’autant plus inquiets que le conflit prenne des allures de
tensions sectaires et aggrave les divisions nord-sud. Ils craignent aussi
qu’Al-Qaida dans la péninsule arabe n’exploite l’instabilité actuelle pour
aggraver le chaos.
À
ceux qui s’interrogent sur l’utilité d’une présence de l’ONU, le Conseiller spécial
a répondu: « nous n’avons pas d’autre choix ». Ce serait
illusoire, s’est-il expliqué, de penser que les Houthis pourraient monter une
offensive, prendre le contrôle du pays tout entier, y compris le Mareb, Taez et
le sud. Il serait tout aussi illusoire de penser que le Président Hadi
pourrait rassembler suffisamment de forces pour libérer le pays des
Houthis. La volonté de l’une ou l’autre partie de pousser le pays vers
telle ou telle direction mènerait à un conflit prolongé semblable au scénario combiné
de l’Iraq, de la Libye et de la Syrie, a prévenu le Conseiller spécial.
Il y a des extrémistes des deux côtés qui veulent voir l’échec des
négociations et qui y travaillent.
Le
dialogue pacifique est la seule option à notre disposition, a souligné le
Conseiller spécial. « Je dois protéger l’intégrité des négociations
comme médiateur. Je dois avoir la marge de manœuvre nécessaire pour
engager un dialogue avec toutes les parties, y compris celles qui sont
responsables d’interrompre la transition politique par la force. À ce
jour, nous avons été capables de jouer un rôle constructif parce que l’ONU
s’est engagée avec toutes les parties, de manière impartiale, et qu’elle est
convaincue que c’est dans le meilleur intérêt de tous les Yéménites ».
Un
accord définitif sur le partage du pouvoir, a poursuivi le Conseiller spécial,
pour permettre la fin de la transition ne peut se matérialiser que si l’on
implique toutes les parties dans le processus de paix, y compris les Houthis et
le Président Hadi, ces derniers étant désormais « un élément
capital » de la solution. Les Nations Unies continuent leur contact
avec toutes les parties d’une manière qui ne donne pas de légitimité à ceux qui
recourent à la force pour interrompre le processus politique, qui ne diminue
pas la légitimité du Président et du Gouvernement et qui ne compromet pas
l’impartialité de l’Organisation.
Le
Conseiller spécial a conclu en appelant toutes les parties, en ce moment de
tensions croissantes et de rhétoriques incendiaires, à prendre toute la mesure
de la gravité de la situation et à la désamorcer, en faisant preuve d’un
maximum de retenue, en cessant les hostilités et en s’abstenant de toute
provocation et de toute violence pour réaliser des objectifs politiques.
« Le dialogue pacifique est la seule manière d’aller de l’avant », a
conclu le Conseiller spécial.
M.
KHALED ALEYMANI (Yémen) a exprimé sa
reconnaissance à la présidence du Conseil pour avoir convoqué cette réunion
d’urgence face à « un coup d’État », qui a commencé le 21 septembre
2014. L’ensemble de la population yéménite, a-t-il affirmé, rejette
« ce coup d’État » qui exacerbe les risques d’une guerre civile et se
matérialise par un terrorisme effroyable qui a touché deux mosquées cette
semaine et des frappes aériennes contre le Palais présidentiel et l’aéroport
international d’Aden. Ce sont « des mains invisibles » qui ont
organisé ces attentats, a-t-il accusé.
Pourtant,
a regretté le représentant, dans l’étape de la transition politique, il ne
restait plus qu’à adopter une constitution et convoquer des élections selon un
calendrier fixé. « Le partenariat national n’exclut personne »,
a martelé le représentant qui a rejeté l’idée de recourir à la force pour des
gains politiques. Le seul moyen de sortir de la crise est de respecter
les différentes résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution
2201 (2015) qui demande à Ansar Allah de renoncer à son « coup
d’État ». Concrètement, cela signifie qu’Ansar Allah doit se retirer
des institutions gouvernementales, de Sanaa et des autres villes du Yémen;
rendre les armes lourdes qu’il a saisies; honorer les résolutions du Conseil de
sécurité; et abandonner les positions prises depuis septembre 2014 pour
commencer immédiatement la mise en œuvre de la feuille de route du processus de
transition politique du Conseil de coopération du Golfe.
Le
représentant a appelé à des mesures rapides pour mettre fin à la logique de
violence des Houthis qui menace non seulement la paix et la sécurité du Yémen,
mais également celles de la région. Le pouvoir constitutionnel,
représenté par M. Hadi, souhaite appliquer les résolutions du Conseil de
sécurité ainsi que ses déclarations présidentielles. Le représentant a
prié le Conseil de sécurité de stopper la guerre que préparent les responsables
du « coup d’État », avec le soutien de l’Iran. Toutes les
parties doivent être bien conscientes de la situation et des risques
politiques. Elles doivent privilégier la transition politique pacifique
et éviter que le Yémen ne sombre dans une guerre civile. Il a remercié le
Conseil de Coopération du Golfe et l’Arabie saoudite pour l’appui qu’ils
apportent au Yémen, ainsi que les Nations Unies et la Ligue des États arabes,
en particulier la Jordanie et l’Égypte, pour leur appui indéfectible au peuple
yéménite.
Mme
ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar), au nom
du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a
déclaré que le CCG réaffirme son soutien à l’unité, l’intégrité territoriale et
la souveraineté du Yémen, tout comme il réaffirme son soutien au Président
yéménite. Nous espérons que le Yémen ne sera pas le siège d’organisations
terroristes, a-t-elle déclaré, rappelant que depuis l’adoption de la résolution
2201 (2015) du Conseil de sécurité, le 15 février dernier, les Houthis ont
continué de déstabiliser la transition politique au Yémen. « Ils ont
refusé de retirer leurs forces des institutions nationales et continuent de
séquestrer des représentants du Gouvernement », a-t-elle déploré.
Elle a aussi déploré le fait que le Palais présidentiel ait été bombardé,
un acte qui va contribuer à envenimer la situation, a-t-elle prédit.
Les
Houthis continuent d’exercer le contrôle sur le pays, a-t-elle poursuivi,
ajoutant que face aux atrocités dont ils se sont rendus coupables, le CCG
appelle le Conseil de sécurité à prendre des mesures pratiques et urgentes afin
que la résolution 2201 (2015) soit mise en œuvre. Mme Al Thani a par
ailleurs invité le Conseil de sécurité à adopter une résolution, en vertu du
Chapitre 7 de la Charte des Nations Unies, afin de s’assurer du respect
des précédentes résolutions. Elle a fait part de son inquiétude face au
regain d’activités d’Al-Qaida dans la péninsule arabique. Elle a condamné
les attentats de vendredi dernier au Yémen, soulignant que la stabilité du pays
ne sera réalisée que par le biais d’un dialogue sérieux entre toutes les
composantes du pays, et assurant que c’est dans cette optique que le Conseil de
coopération du Golfe a accepté d’organiser une conférence sur la paix au Yémen,
à la suite de la demande adressée au Roi d’Arabie saoudite par le Président du
Yémen. Elle a conclu en réaffirmant que la paix au Yémen et dans la
région passe par la coopération et le respect mutuel entre pays, « sans
ingérence aucune dans les affaires intérieures ».
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