L’arme nucléaire est un sujet qui nous entoure à chaque instant. Pourtant, l’immense majorité de la population mondiale a oublié son danger ou suppose que ce danger ne les concerne plus. La majorité de la population mondiale a accepté de ne plus s’interroger sur un ensemble de postulat qui ont été répétés ces 70 dernières années : l’arme nucléaire est facteur de prestige, une garantie ultime de sécurité par la dissuasion, une dépense obligatoire et peu coûteuse, elle garantit une place au Conseil de sécurité des Nations Unies, et est un système sûr qui assure notre indépendance car la dissuasion fonctionne toujours. Enfin, on ne peut pas « désinventer la bombe »… Des affirmations répétées à outrance par les tenants de la dissuasion, telles les règles d’un texte sacré.
Pourtant, l’arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump capable d’« user d’un bouton rouge » plus gros que celui du leader nord-coréen, les 37 milliards d’euros alloués à la force de dissuasion nucléaire de la France au cours de la prochaine loi de programmation militaire (2019-2025), la signature en 2017 d’un Traité d’interdiction des armes nucléaires, sans compter les risques d’intrusion ennemi dans les systèmes de commandement par des cyber-attaques sont des réalités qui ont une influence directe sur notre vie.
Il ne s’agit pas, dans cet ouvrage, de faire du catastrophisme. Toutefois, devons-nous attendre, comme l’avait fait remarquer Thérèse Delpech, spécialiste internationalement reconnue des questions stratégiques, dans son ouvrage L’ensauvagement (2005) que « l’humanité n’apprend pas grand-chose des événements qui n’ont pas eu lieu. Elle a besoin de commettre des erreurs, et même parfois de vivre des catastrophes, car ce sont elles qui la contraignent à emprunter de nouvelles voies » ?
Cet essai, co-écrit par Paul Quilès, Jean-Marie Collin et Michel Drain, souhaite réveiller les consciences et montrer que le maintien d’une politique de dissuasion nucléaire ne signifie rien d’autre que l’acceptation du risque d’un suicide collectif.
Les auteurs décryptent ainsi les mythes entourant les armes nucléaires, les accidents, les coups de chance, les atteintes à la crédibilité de la dissuasion, l’opacité budgétaire, le manque de contrôle parlementaire. À travers 22 récits clair et précis, il est démontré que la défense de la politique de dissuasion nucléaire utilise trois techniques classiques de la propagande : la déformation de la vérité, la dissimulation de la vérité et la sous-estimation de certaines données. C’est ainsi que se fabrique « l’illusion nucléaire ».
TABLE DES MATIÈRES
Partie I. LES FAUSSES CERTITUDES
Chapitre 1. La bombe atomique a fait capituler le Japon
Chapitre 2. La bombe atomique a permis de maintenir la paix pendant soixante-dix ans
Chapitre 3. On ne peut pas désinventer la bombe
Chapitre 4. La France est au Conseil de sécurité grâce à sa bombe atomique
Chapitre 5. La France mène une politique de « stricte suffisance »
Chapitre 6. Un avertissement de nature nucléaire peut rétablir la dissuasion
Chapitre 7. La bombe atomique assure notre indépendance
Chapitre 8. en France, il y a un consensus sur la bombe atomique
Chapitre 9. On ne peut pas se passer de la composante aérienne
Chapitre 10. Seul le président peut donner l’ordre de tir
Partie II. LES OMISSIONS
Chapitre 11. L’affrontement nucléaire secret de la crise de Cuba
Chapitre 12. Des plages espagnoles toujours radioactives, cinquante-deux ans après un accident nucléaire militaire
Chapitre 13. Une mission nucléaire aérienne française lancée par erreur
Chapitre 14. Une collision s’est bien produite entre deux sous-marins nucléaires français et britannique
Chapitre 15. Le 26 septembre 1983 : un officier soviétique sauve le monde d’une apocalypse nucléaire
Chapitre 16. Le risque d’un hiver nucléaire est réel
Chapitre 17. Le cyber, la technologie qui peut « tuer » la dissuasion nucléaire
Partie III. LES SOUS-ESTIMATIONS
Chapitre 18. Le secret budgétaire autour de la bombe
Chapitre 19. La dissuasion coûtera bientôt plus de 6 milliards d’euros par an
Chapitre 20. Le programme de simulation des essais nucléaires a vu son coût exploser
Chapitre 21. Le rôle du complexe militaro-industriel
Chapitre 22. Le temps : un paramètre oublié
Paul QUILÈS, Jean-Marie COLLIN, Michel DRAIN, L’illusion nucléaire : la face cachée de la bombe atomique, Paris, Éditions Charles Léopold Mayer (176 pp.)
Jean-Marie Collin est expert sur les questions de sécurité internationale et de désarmement, notamment dans les domaines de la dissuasion et de la non-prolifération nucléaires. Entre autres fonctions, il occupe la vice-présidence d’IDN et il est Expert et porte-parole de la branche française de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN), prix Nobel de la paix 2017.
Michel Drain a été administrateur des services de l’Assemblée nationale où il a notamment été chargé d’assister les rapporteurs spéciaux du budget de la Défense. Il est membre de Justice et Paix France et de Pax Christi France.
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