Le régime juridique relatif à la conservation de la biodiversité dans les zones maritimes internationales est actuellement au cœur des discussions entre États au sein des Nations Unies. En effet, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, véritable «Constitution des océans», ne permet pas d’assurer une conservation effective de la biodiversité dans la Zone et en haute mer.
En 1982, lorsqu’elle a été adoptée, la notion de « biodiversité » n’existait pas encore, la Convention s’y référant alors uniquement de manière indirecte. Certaines ressources comme les ressources génétiques marines ne sont ainsi pas couvertes par la Convention, de même que certaines activités, ou outils de protection tels que les aires marines protégées. De plus, la division des océans en différentes zones aux régimes juridiques distincts et fragmentés ne permet pas aux États de mettre en œuvre leurs obligations conventionnelles de manière efficace. L’adoption d’un nouvel accord de mise en œuvre de la Convention dans le cadre des Nations Unies pourrait permettre, dans une certaine mesure, de pallier ces diverses insuffisances. Cependant, l’issue des négociations reste encore incertaine.
Finalement, il convient d’observer que seule une approche plus globale, fondée sur la reconnaissance de l’existence d’une obligation générale de conservation de la biodiversité dans les zones maritimes internationales, pourrait permettre de dépasser les limites inhérentes à une approche exclusivement spatiale de la conservation de la biodiversité dans des espaces communs à tous les États, aux régimes distincts voire opposés.
Le présent ouvrage s’attache à montrer que les outils nécessaires pour permettre une conservation plus effective de la biodiversité dans les zones maritimes internationales existent, bien que leur utilisation leur articulation mutuelle constitue, à l’heure actuelle, un véritable défi pour le droit international.
TABLE DES MATIÈRES
Préfaces, Évelyne Lagrange - Annick de Marffy
Avant-propos
Sommaire
INTRODUCTION
§ 1. La conservation de la biodiversité dans les zones maritimes internationales, une préoccupation actuelle
A. La nécessité de combler les « lacunes » du droit de la mer§ 2. Les difficultés liées à la définition d’un régime unique relatif à la conservation de la biodiversité dans les zones maritimes internationales
B. Le développement d’initiatives concurrentes ou parallèles pour la protection des océans
C. Un premier état des discussions interétatiques relatives à l’adoption d’un nouvel accord de mise en œuvre de la CNUDM
A. La nature indivisible de la biodiversité§ 3. Le droit international confronté à la conservation de la biodiversité dans les espaces maritimes internationaux
B. L’appréhension de la conservation de la biodiversité par le droit de la mer
C. La conciliation nécessaire entre droits de la mer et de l’environnement
A. Le caractère subversif de la conservation de la biodiversité dans les espaces maritimes internationaux
B. Le dépassement de l’approche spatiale traditionnelle et l’appréhension globale de la conservation de la biodiversité : « un nouveau défi pour le droit international »
PARTIE I
LES LIMITES DE L’APPROCHE SPATIALE DANS LA MISE EN ŒUVRE
D’OBLIGATIONS CONVENTIONNELLES SPÉCIFIQUES
LES LIMITES DE L’APPROCHE SPATIALE DANS LA MISE EN ŒUVRE
D’OBLIGATIONS CONVENTIONNELLES SPÉCIFIQUES
Titre 1. La conservation de la biodiversité marine appréhendée par « zones maritimes » internationales
Chapitre 1. La conservation de la biodiversité à l’épreuve de la division des zones maritimes internationales
Section I. La coexistence d’obligations conventionnelles spécifiques selon les zones maritimes
§ 1. La dualité des zones maritimes internationalesSection II. L’insuffisante prise en compte de l’indivisibilité des espaces et de la biodiversité dans la CNUDM
§ 2. La nature sectorielle des obligations conventionnelles
§ 1. Les interactions « horizontales » entre zones maritimesChapitre 2. La conservation de la biodiversité dans les zones maritimes internationales à l’épreuve des prétentions des états en mer
§ 2. Les interactions « verticales » entre zones maritimes
§ 3. L’interprétation des standards de comportement de la CNUDM pour atténuer la fragmentation des espaces
Section I. Les prétentions des États côtiers dans les zones adjacentes aux zones maritimes internationales et l’indétermination du champ d’application des obligations de conservation
§ 1. Les conséquences du caractère résiduel de la ZoneSection II. Les prétentions des États dans les zones maritimes internationales et l’atténuation de la portée des obligations de conservation
§ 2. Les conséquences du caractère résiduel de la haute mer
§ 1. L’extension de l’emprise de l’État côtier en haute mer et ses conséquences sur la mise en œuvre des obligations de conservationTitre 2. La conservation de la biodiversité marine appréhendée par « zones écologiques de protection »
§ 2. L’extension de l’emprise des États dans les zones maritimes internationales et ses conséquences sur la mise en œuvre des obligations de conservation
Chapitre 3. Les aires marines protégées, outil privilégié de conservation de la biodiversité
Section I La construction « d’assemblages » de zones protégées dans les zones maritimes internationales
§ 1. La désignation de zones protégées sectorielles par les organisations globalesSection II. Les raisons d’une extension limitée des aires protégées dans les zones maritimes internationales
§ 2. La désignation d’aires marines protégées par les organisations de mers régionales
§ 3. Tableau récapitulatif des catégories de zones écologiques
§ 1. La cohabitation complexe entre zones écologiques diversesChapitre 4. L’adaptation de l’outil « aire marine protégée » pour une mise en œuvre de l’approche écosystémique dans les zones maritimes internationales
§ 2. L’articulation délicate entre zones écologiques et zones maritimes
§ 3. Des limites techniques liées à l’éloignement des zones
Section I. L’approche écosystémique dans le cadre d’un futur accord de mise en œuvre de la CNUDM
§ 1. Développement d’un cadre unificateur relatif à la création d’aires marines protégéesSection II. La nécessaire prise en compte des interdépendances écologiques et sociales des zones protégées
§ 2. La complémentarité des autres éléments du « package deal » pour une mise en œuvre de l’approche écosystémique
§ 1. La construction de réseaux écologiques
§ 2. Le développement de réseaux d’acteurs
PARTIE II
LA CONSTRUCTION D’UNE APPROCHE HOLISTIQUE : DÉVELOPPEMENT
D’UNE OBLIGATION GÉNÉRALE DE CONSERVATION
Titre 3. La formation progressive d’une obligation coutumière de conservation
Chapitre 5. L’existence d’une obligation générale de conservation
Section I. L’émergence de l’obligation
§ 1. Les prémices de la construction d’une obligation générale de conservationSection II. La consolidation d’une obligation coutumière
§ 2. La rationalisation initiée à travers la CNUDM et la consécration de l’obligation
§ 1. L’affirmation et le renouvellement normatif de l’obligationChapitre 6. Le contenu de l’obligation générale de conservation
§ 2. Le renforcement et la généralisation de l’obligation
Section I. Fondement de l’obligation : la notion de « préoccupation commune de l’humanité »
§ 1. Distinction entre la notion de « préoccupation commune de l’humanité » et les notions voisinesSection II. Consistance de l’obligation : une obligation de diligence
§ 2. Caractère malléable et évolutif de la notion de « préoccupation commune de l’humanité »
§ 1. Une obligation positive de comportementChapitre 7. La dimension relationnelle de l’obligation générale de conservation
§ 2. Une obligation impliquant une mise en œuvre renforcée des principes du droit international de l’environnement
Section I. Les destinataires de l’obligation
§ 1. Les ÉtatsSection II. Les bénéficiaires de l’obligation
§ 2. Les organisations internationales
§ 3. Les opérateurs privés
§ 1. La communauté internationale dans son ensemble
§ 2. Les personnes privées
PARTIE III
LA MISE EN ŒUVRE DES OBLIGATIONS DE CONSERVATION DE LA
BIODIVERSITÉ DANS LES ESPACES MARITIMES INTERNATIONAUX
Titre 4. Mise en œuvre par l’État, destinataire principal des obligations
Chapitre 8. La mise en œuvre par l’état et ses effets au regard du droit international
Section I. Une mise en œuvre facteur d’extension des titres de compétence de l’État
§ 1. La remise en cause de l’exclusivité de la compétence de l’État du pavillon en haute merSection II. Une mise en œuvre nécessitant l’articulation d’obligations potentiellement concurrentes
§ 2. L’extension de la compétence de l’État à travers le commerce international
§ 1. L’articulation de l’obligation de conservation avec les obligations relatives au commerce internationalChapitre 9. Les réponses à la violation des obligations de conservation par l’État
§ 2. La conciliation des obligations avec la liberté de navigation en haute mer
Section I. Le fondement de l’engagement de la responsabilité de l’État
§ 1. L’établissement de la responsabilité de l’État pour fait internationalement illiciteSection II. Les conséquences de l’engagement de la responsabilité
§ 2. L’hypothèse d’une responsabilité fondée sur la réalisation d’un dommage
§ 1. Maintien du devoir de respecter l’obligation violée, cessation et garanties de non-répétitionSection III. La mise en œuvre de la responsabilité de l’État
§ 2. Réparation du préjudice
§ 1. L’invocation de la responsabilité de l’État par un autre ÉtatTitre 5. Mise en œuvre par les autres destinataires de l’obligation générale de conservation
§ 2. L’adoption de contre-mesures dans l’intérêt de l’humanité ?
Chapitre 10. La mise en œuvre de l’obligation par les organisations internationales
Section I. Mise en œuvre de l’obligation par les organisations dans les limites de leurs compétences et de leurs pouvoirs
§ 1. La mise en œuvre de l’obligation à travers leurs pouvoirs normatifsSection II. Responsabilité des organisations internationales pour la violation de leur obligation de conservation
§ 2. La mise en œuvre de l’obligation à travers leurs pouvoirs opérationnels
§ 3. L’appropriation décisive mais limitée de l’obligation par les organisations régionales de gestion des pêches
§ 1. L’engagement de la responsabilité de l’organisation pour fait internationalement illiciteChapitre 11. La mise en œuvre de l’obligation par les personnes privées
§ 2. La mise en œuvre et les conséquences de la responsabilité
Section I. La mise en œuvre de l’obligation par les opérateurs privés
§ 1. La mise en œuvre imposée de l’obligation par l’entreprise privée patronnéeSection II. L’invocation de l’obligation générale de conservation par les personnes privées
§ 2. La mise en œuvre suggérée de l’obligation par les autres opérateurs privés
§ 1. L’invocation de la responsabilité par un individu, fondée sur la violation du « droit à la conservation de la biodiversité »Conclusion générale
§ 2. L’invocation de l’obligation par les ONG au nom des bénéficiaires de l’obligation
§ 3. L’invocation par ou pour le compte des opérateurs privés
Bibliographie
Index thématique
Table des matières
Pascale RICARD, La conservation de la biodiversité dans les espaces maritimes internationaux : un défi pour le droit international, Paris, Pedone, 2019 (662 pp.)
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