14 janvier 2021

OUVRAGE : R.K. Koudé, La fondamentalité des droits de l’homme

Roger K. KOUDÉ

Les droits de l’homme passent parfois pour des évidences premières ou des vérités révélées, indiscutables pour ainsi dire ! Aussi, a-t-on longtemps soutenu que les droits de l’homme n’étaient qu’une simple constatation des vérités évidentes par elles-mêmes, antérieures à toute expérience sociale, imprescriptibles et inaliénables. Or, en remontant la généalogie et les différents courants de pensée qui ont contribué à leur émergence progressive, on s’aperçoit bien vite que les droits de l’homme sont essentiellement fondés sur des présupposés anthropologiques extrêmement divers qui sont avant tout des productions historiques liées à des contextes socioculturels, intellectuels et métaphysiques spécifiques. En effet, la diversité des sources de légitimation et les contradictions intrinsèques à ces constructions intellectuelles montrent à l’évidence que l’indiscutabilité supposée des droits de l’homme relève davantage d’une logique idéologique que démonstrative.

Cependant, bien que la thèse selon laquelle les droits de l’homme seraient un simple dévoilement des vérités immuables demeure discutable, il ressort des différents discours qui les fondent une certaine convergence quant au statut spécifique de l’homme comme un être digne de respect. Ce statut spécifique de l’homme lui confère une dignité et une personnalité qui semblent être les principaux schèmes justificateurs de l’exigence d’inviolabilité des droits, considérés eux-mêmes comme inhérents à la nature de l’homme. Dès lors, ces « droits naturels » de l’homme sont entendus comme ceux de l’individu en tant que tel, indépendamment des contingences spatio-temporelles !

Le passage de la réflexion fondamentale à la production des normes juridiques, opposables tant à l’individu qu’à l’Etat, confère aux droits de l’homme des fonctions multiples qui se rapportent toutes à la question déterminante du vivre-ensemble, voire de l’être-ensemble des sociétés au niveau national et mondial. Aussi, les droits de l’homme sont-ils désormais considérés comme les fondements d’une charte éthico-juridique universelle, essentielle à la gouvernance mondiale, et comme des éléments nécessaires de structuration des relations internationales.

Au-delà des spécificités socioculturelles, des antagonismes idéologiques récurrents et des contradictions inhérentes à la multiplicité de leurs discours, comment penser les droits de l’homme du point de vue de leur fondamentalité même, notamment dans leurs prétentions à l’universalité ?


TABLE DES MATIÈRES
Introduction : État de la question
Des pièges de la certitude à l’émergence des incertitudes
PREMIÈRE PARTIE : AUX FONDEMENTS D’UN DISCOURS SUR L’HOMME AUX SOURCES MULTIPLES ET AUX PRÉTENTIONS UNIVERSELLES
L’ancienneté de la question
Les grandes tendances anthropologiques et politiques classique
La modernité de la question
Le tournant décisif du contractualisme
Première conclusion
Une pensée féconde, universellement expérimentée mais toujours incertaine et inachevée
DEUXIÈME PARTIE : LA CONQUÊTE MONDIALE DES DROITS DE L’HOMME : DES EXPÉRIENCES PARTICULIÈRES A L’ÉMERGENCE PROGRESSIVE D’UNE AXIOLOGIE JURIDIQUE A VOCATION UNIVERSELLE
De l’axiologie à la norme juridique opposable à l’État 
De la communauté internationale à la communauté de valeurs
Deuxième conclusion
Les droits de l’homme : Un patrimoine commun de l’humanité, pour l’humanité
Conclusion générale
De la fondamentalité à la fonctionnalité des droits de l'homme

Roger K. KOUDÉ, La fondamentalité des droits de l’homme, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2020 (182 pp.)

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire