Catherine MAIA
Un peu plus d'un an après
l'incident survenu dans la province ukrainienne de Donetsk, au cours duquel 298
passagers, dont 196 Néerlandais, avaient trouvé la mort à bord de l'appareil de
la compagnie Malaysia Airlines, la Fédération de Russie a bloqué le projet de
résolution présenté au Conseil par la Malaisie sur les suites à donner à cette
catastrophe.
Outre la Fédération
de Russie, qui a voté contre le projet de résolution, l’Angola, la Chine et le
Venezuela se sont abstenus. Le texte avait, par ailleurs, recueilli les votes favorables de
11 délégations.
Avant le vote, le ministre des transports de la Malaisie, M. Liow Tiong Lai, qui a présenté le texte de résolution, a
déclaré que la communauté internationale avait été « choquée » par
l’accident du MH17. Le Conseil de sécurité a réagi avec une rapidité exemplaire en
adoptant la Résolution 2166 (2014) et en demandant que les responsables
soient jugés. L’enquête mixte a été appuyée par de nombreux pays, y
compris par la Fédération de Russie, l’Ukraine et les Pays-Bas.
Selon lui, il est temps
que le Conseil prenne les mesures qui s’imposent contre les responsables de
l’accident du MH17 et envoie un signal clair aux groupes non étatiques que les
attaques contre les aéronefs sont inadmissibles. Il a ajouté qu’un tribunal spécial serait le mieux placé pour rendre justice aux familles
des victimes. Le statut du tribunal permettra de veiller sur l’indépendance
des juges. Les familles des victimes n’attendent pas
moins de nous, a-t-il conclu.
Après le vote, le ministre
des transports de la Malaisie s’est dit très déçu de cet échec qu’il a qualifié de
« pas en arrière et de message confus aux familles des 298 victimes
par rapport à la Résolution 2166 (2014) ».
Plusieurs
délégations ont estimé que ce véto russe envoyait un message dangereux
d’impunité et constituait une menace à la sûreté de l’aviation civile.
La ministre des
affaires étrangères de l’Australie, Mme Julie Bishop, qui a perdu 39 de
ses compatriotes dans la catastrophe, a prévenu que « les responsables ne
pourront se cacher derrière le véto russe et ne pourront pas échapper à la justice ».
À l’instar des représentants des États-Unis et du Royaume-Uni, elle a estimé
que ce véto représentait un affront à la mémoire de l’ensemble des
298 victimes et à leurs familles.
Le ministre des Affaires
étrangères des Pays-Bas, M. Bert Koenders, a également exprimé sa profonde
déception par le recours au droit de véto en expliquant que son pays ne
cesserait jamais de rechercher la justice pour les 196 victimes
néerlandaises de cette catastrophe.
« Lorsque l’on
a peur de la vérité, on se retrouve isolé, y compris au sein de ce
Conseil », a lancé à la Fédération de Russie, son homologue ukrainien,
M. Pavlo Klimkin.
Expliquant son vote,
le représentant russe a estimé que ce projet de tribunal était
« prématuré, mal pensé et non fondé sur le plan juridique », alors
que toutes les opportunités de la Résolution 2166 n’ont pas été
exploitées. Il s’est, par ailleurs, demandé comment un tel tribunal
résisterait aux pressions de ceux qui semblent avoir désigné par avance les
coupables.
Le délégué de la
Fédération de Russie a regretté que la proposition de son pays de créer un
poste de représentant spécial du Secrétaire général, qui, selon lui, aurait pu
contribuer à une véritable enquête internationale transparente, n’ait pas été
entendue, qualifiant par ailleurs d’« indignes d’un diplomate » les
propos tenus par le ministre ukrainien.
« Si nous
comprenons les sentiments des coauteurs de ce projet de résolution et sommes
conscients de la douleur des familles des victimes, nous regrettons que le
Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de s’entendre sur un projet de
consensus qui aurait permis d’avancer de la manière la plus opportune pour
rechercher la vérité », a expliqué, pour sa part, le représentant de la
Chine pour expliquer l’abstention de sa délégation.
Le texte du projet
de résolution soumis au Conseil de sécurité constatait que « cet acte de
violence et ses conséquences pour la sécurité de l’aviation civile constituent
une menace pour la paix et la sécurité internationales », et suggérait que
le fonctionnement et la compétence du tribunal pénal international ainsi créé
agirait au titre du chapitre VII de la Charte des Nations Unies.
À cet égard, les
représentants de l’Angola et du Venezuela ont expliqué leurs abstentions par la
référence inappropriée, à leurs yeux, au chapitre VII. « La
qualification de menace à la paix et la sécurité internationales rend politique
le traitement du dossier alors que nous sommes encore à une phase
technique », a regretté le délégué vénézuélien, avant de rappeler que les
responsables de l’attentat de 1976 contre le vol 455 de la compagnie Cubana Airlines, qui
avait fait 73 morts, n’avaient jamais été poursuivis.
Tout en notant que
le vote du 29 juillet marquait un grave échec pour le Conseil de sécurité, le
représentant de la France a estimé que le rejet de ce projet de résolution
n’abrogeait pas la Résolution 2166 (2014), qui appelle à l’élucidation du
drame, à l’établissement des responsabilités et à l’exigence de justice. Aussi, l'enquête internationale se poursuivra-t-elle et devrait rendre ses conclusions prochainement.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire