Catherine MAIA
La Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda, présentant son dernier rapport aux membres du Conseil de sécurité concernant la Libye, a demandé, le 5 novembre, aux autorités libyennes de remettre à la Cour, dans les plus brefs délais, Saif Al-Islam Qadhafi, qui est visé par un mandat d’arrêt délivré le 27 juin 2011. Les autorités de son pays sont engagées à s’acquitter de leurs obligations internationales, a assuré le représentant libyen, après que les 15 membres du Conseil ont pris la parole.
La Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda, présentant son dernier rapport aux membres du Conseil de sécurité concernant la Libye, a demandé, le 5 novembre, aux autorités libyennes de remettre à la Cour, dans les plus brefs délais, Saif Al-Islam Qadhafi, qui est visé par un mandat d’arrêt délivré le 27 juin 2011. Les autorités de son pays sont engagées à s’acquitter de leurs obligations internationales, a assuré le représentant libyen, après que les 15 membres du Conseil ont pris la parole.
La Procureure a
commencé son exposé en soulignant la lueur d’espoir que suscite la création
d’un Gouvernement d’entente nationale en Libye. « Une ère de
redevabilité et d’État de droit semble être à la portée des mains des
Libyens », a-t-elle estimé. Mme Bensouda a ensuite détaillé les
derniers éléments des affaires portées à l’encontre de Saif Al-Islam Qadhafi et
Abdullah Al-Senussi.
Les autorités
libyennes n’ont pas respecté leur obligation de remettre Saif Qadhafi à la
Cour, a-t-elle déploré, en insistant pour qu’il soit transféré à La Haye dans
les plus brefs délais. Plusieurs délégations, dont celle de la France, ont
appuyé cet appel, en demandant que le Conseil de sécurité fasse davantage
d’efforts pour que cela soit fait sans tarder.
Mme Bensouda a
ensuite rappelé que son Bureau avait demandé à la CPI d’enjoindre à la Libye de
ne pas exécuter Saif Qadhafi, avant de préciser que les autorités libyennes
avaient assuré la Cour que cette condamnation à mort n’était pas applicable car
Saif Qadhafi avait été jugé par contumace. Le 28 juillet 2015, la Cour
d’assises de Tripoli avait condamné à mort le fils de l’ancien dirigeant libyen
et Abdullah Al-Senussi, au terme d’un procès qui, selon le rapport présenté ce
matin, n’aurait pas respecté les principes fondamentaux garantissant un procès
équitable. Le délégué de la Nouvelle-Zélande a ainsi regretté la condamnation à
mort de Saif Qadhafi.
En ce qui concerne
l’affaire Al-Senussi, la Procureure a rappelé la décision de la Chambre
préliminaire I relative à l’irrecevabilité devant la Cour. Le Bureau n’est
actuellement pas en mesure d’affirmer avec certitude que les raisons pour
lesquelles cette affaire a été jugée irrecevable peuvent être infirmées,
a-t-elle déclaré, tandis que le représentant de l’Espagne a estimé « que
cette décision d’irrecevabilité pourrait être revue ».
« Les autorités
libyennes sont engagées à s’acquitter de leurs obligations internationales,
même si la Libye n’est pas partie au Statut de Rome », a répondu le
représentant libyen, tout en faisant remarquer que le Bureau du Procureur
général libyen, qui se trouve en territoire contrôlé par les milices, était
confronté à de sérieuses contraintes. « Le Gouvernement libyen estime que
l’on ne peut pas parler de procès équitable quand ce procès se déroule dans une
zone contrôlée par des groupes hors la loi et violents ».
Citant les attaques
perpétrées par les parties en Libye, y compris l’armée nationale libyenne,
Daech ou autres « acteurs internationaux », Mme Bensouda a fait
observer qu’au cours de la période considérée, 634 incidents et au moins
1 539 civils avaient été tués. Elle a affirmé que Daech était
responsable du plus grand nombre de ces morts et que 26 des 37 attaques-suicide
enregistrées lui étaient imputables. Les auteurs de ces crimes, a-t-elle
estimé, pourraient être poursuivis tant par les autorités libyennes que par le
Bureau du Procureur de la CPI.
Partageant ce point
de vue, la représentante des États-Unis a souligné que « la justice doit
être rendue pour les atrocités commises en 2011 en Libye, mais aussi pour les
crimes perpétrés actuellement par les groupes affiliés à Daech ».
Elle a encouragé les États à poursuivre les combattants terroristes
étrangers qui sont enrôlés dans les rangs de Daech, dont la « cruauté des
actes » a notamment été condamnée par le représentant de l’Espagne.
Répondant au représentant
du Tchad, qui déplorait « les trainements inhumains auxquels les migrants
africains sont soumis en Libye en raison de leur appartenance raciale ou
religieuse », M. Ibrahim Omar Ali Dabbashi a soutenu que la couleur de la
peau ne signifiait rien en Libye. Ces
rumeurs ont commencé lorsque Mouammar Qadhafi a enrôlé des personnes issues de
pays subsahariens pour lutter contre la révolution. Or, « de nombreux
frères africains vivent et travaillent sous la protection de familles
libyennes », a-t-il soutenu.
Mme FATOU BENSOUDA, Procureure de la Cour pénale internationale
(CPI), a souligné les progrès qui ont été faits en Libye sur la voie de la
paix et de la stabilité grâce, notamment, à la création d’un gouvernement
d’entente nationale. Le dialogue national en cours est un espoir pour une
transition et une paix durables, a-t-elle dit, avant de se féliciter également
des pourparlers fructueux qui se sont tenus pour résoudre la question de
Tawergha.
« Une ère de redevabilité et d’état de droit semble être
à la portée des mains des Libyens », a-t-elle affirmé. Elle a, de
même, souligné que la communauté internationale ne saurait rester inactive en
Libye alors que le pays glisse vers le chaos et l’instabilité. Réitérant
la volonté de son Bureau d’enquêter sur les atrocités commises en Libye, elle a
rappelé que son Bureau avait sollicité auprès des États parties des ressources
pour mener des enquêtes additionnelles. Il semblerait que ces ressources
ne seront pas débloquées, a-t-elle déploré, en soulignant qu’il était important
pour le bon fonctionnement de son Bureau de disposer des ressources
nécessaires. Elle a ainsi exhorté le Conseil à appuyer son Bureau afin
qu’il obtienne ces ressources, en application de l’article 115(b) du Statut de
Rome.
Abordant le cas de M. Saif Al-Islam Qadhafi, elle a indiqué
que les autorités libyennes n’avaient pas respecté leur obligation de remettre
ce dernier à la Cour. La Libye doit remettre M. Qadhafi dans les plus
brefs délais, a-t-elle dit. La Procureure s’est dite cependant très
préoccupée par les vidéos montrant des actes de torture subis par M. Qadhafi et
M. Al-Senussi à la prison Al-Habda, tout en précisant que les autorités
libyennes l’avaient assurée qu’elles enquêtaient sur ces actes.
Rappelant que son Bureau avait demandé à la Chambre
préliminaire I d’enjoindre à la Libye de ne pas exécuter M. Qadhafi, Mme
Bensouda a indiqué que la Libye avait répondu que la condamnation à mort de ce
dernier n’était pas applicable puisqu’il avait été jugé par contumace. Les autorités libyennes ont reconnu qu’elles n’avaient pas la garde de M.
Qadhafi, a-t-elle dit, en se référant à leur lettre du 20 août 2015.
En ce qui concerne M. Al-Senussi, le Bureau du Procureur
continue de suivre le dossier et de collecter des informations aux fins
d’identifier de nouveaux faits pouvant justifier une demande de réexamen de la
décision de la Chambre préliminaire I relative à l’irrecevabilité devant la
Cour. Elle a précisé que le Bureau n’était actuellement pas en mesure
d’affirmer avec certitude que les raisons pour lesquelles cette affaire avait
été jugée irrecevable pouvaient être infirmées.
Mme Bensouda s’est dite préoccupée par les attaques commises
par toutes les parties libyennes, y compris l’armée nationale libyenne, Daech
et des « acteurs internationaux », causant la mort de civils. Sur la période considérée, 634 incidents et au moins
1 539 civils tués dans des circonstances violentes ont été recensés,
a-t-elle dit, en affirmant que Daech était responsable du plus grand nombre de
ces morts. Elle a précisé que 26 des 37 attaques-suicide enregistrées
étaient le fait de Daech. Elle a fait observer que Daech exécute des
personnes pour des chefs d’espionnage, d’homosexualité et d’activisme social. Mme Bensouda a rappelé que les auteurs de ces crimes pouvaient être
poursuivis au niveau national ou devant la CPI.
La poursuite de la coopération, de la coordination et de la
consultation entre mon Bureau et les autorités libyennes demeure cruciale pour
l’application de l’accord conclu en novembre 2013 sur le partage du fardeau
relatif aux enquêtes et poursuites diligentées en Libye, a déclaré Mme
Bensouda. Elle a encouragé les efforts du Procureur général de la Libye
pour coopérer avec la Cour et dit son appréciation des efforts de coopération
d’États parties et non parties et des organisations internationales. Elle
a souligné qu’il était nécessaire de renforcer les capacités nationales de la
Libye pour répondre aux crimes identifiés par le Statut de Rome par le biais de
la formation d’un groupe de contact international sur les questions
judiciaires. Les avancées récentes enregistrées en vue de la création
d’un gouvernement d’entente nationale pourraient permettre une revitalisation
des discussions sur cette question dans un futur proche, a déclaré Mme
Bensouda.
« J’appelle tous les autres États, qui ne l’ont pas
encore fait, à coopérer avec mon Bureau », a-t-elle conclu, en soulignant
que certaines personnes pour lesquelles son Bureau a un intérêt se trouvaient
hors de la Libye.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire