Le droit international est-il universel ? Peut-il recouvrir autre chose que la volonté des acteurs qui sont en mesure d’imposer leurs valeurs et leurs intérêts ? Au-delà des objectifs stratégiques que l’on peut poursuivre ? que ce soit comme avocat devant une juridiction, comme représentant d’un État devant une organisation internationale ou face à une opinion publique, comme auteur en quête de reconnaissance, ou comme citoyen intéressé par le droit ?, peut-on l’interpréter de manière convaincante et argumentée, à défaut d’être objective ? Telles sont les questions à l’origine de cet ouvrage qui, dans le cadre d’une approche critique, met l’accent sur la profonde ambivalence du droit international.
L’ambition de ce livre est de permettre à la lectrice ou au lecteur, sur la base de ces éléments, de se positionner en sélectionnant et en défendant les arguments qui lui semblent les plus convaincants, et de comprendre plus fondamentalement les termes juridiques et politiques de la controverse…
TABLE DES MATIERES
Avant-propos
Chapitre I. Les ambivalences de l’ordre juridique international
I. Le droit international, une belle histoire ?
A. Le droit international classique doctrinal (XVe-XVIe siècle) : droit mondial, chrétienté et papautéII. Le droit international est-il du « droit » ?
B. L’émergence d’un droit international moderne des Etats nations (du XVIe au XVIIIe siècle) : droit naturel rationnel et souveraineté
C. La consolidation du droit international moderne (du XIXe siècle à 1945) : l’avènement du positivisme et ses limites
D. La période de la « guerre froide » (de 1945 à 1990), consécration d’un droit international libéral ?
E. La proclamation d’un « nouvel ordre mondial » (de 1990 à nos jours), vers une déformalisation et une fragmentation du droit international
A. Quelles sont les différences essentielles entre droit international et droits internes ?III. Qui peut et comment doit-on interpréter le droit international ?
B. Le droit international est-il un « ordre juridique » ?
C. Le droit international représente-il un « discours », que l’on peut distinguer de la morale ou de la politique
A. La souplesse de l’interprétation
B. La variété des techniques d’interprétation
PREMIÈRE PARTIE. LES SUJETS DE L’ORDRE JURIDIQUE INTERNATIONAL
Chapitre II. La création de l’Etat
I. L’existence de l’Etat, une question de fait ? La théorie des éléments constitutifs et ses ambiguïtés
A. Le territoire : une assise matérielleII. La création de l’État, une question de droit ?
B. La population : une assise humaine
C. Le gouvernement : une autorité politique
D. La souveraineté : une indépendance effective et stable
E. L’État peut-il être défini par le droit ?
A. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes comme droit de créer un nouvel ÉtatIII. La reconnaissance, déclarative ou constitutive de l’État ?
B. Les conséquences du principe ex injuria jus non oritur sur l’existence de l’État
A. La reconnaissance, une compétence discrétionnaire ?IV. La succession d’États : quel rôle pour le droit ?
B. La reconnaissance, constitutive ou déclarative de l’État ?
C. La reconnaissance, des effets juridiques relatifs ?
A. Peut-on succéder à un autre État au sein d’une organisation internationaleChapitre III. Les frontières de l’État
B. La succession aux droits et obligations de l’État prédécesseur : « table rase » ou succession automatique ?
I. L’accord comme critère fondamental de délimitation : la relativité de la frontière
A. L’importance du critère de l’accordII. Le principe de l’uti possidetis juris : un substitut à l’accord
B. Le caractère formel ou informel de l’accord : la souplesse du critère
C. Une méthode alliant titres, effectivités voire équité
A. La permanence des frontières internationales : la consécration de l’accordIII. Le cas des frontières maritimes et spatiales : la mer et l’espace, « patrimoine commun de l’humanité » ou espaces à partager entre États ?
B. La transformation de limites administratives décidées unilatéralement par la métropole en frontières internationales : une technique acceptée par les États lors du processus de décolonisation
C. L’uti possidetis : règle universelle ou technique dépendant de l’accord des États ?
A. Les espaces maritimes : ouverture ou fermeture des océansChapitre IV. L’exercice de la souveraineté
B. L’espace extra-atmosphérique : ouverture ou fermeture de l’univers
C. Les principes applicables en cas de contentieux maritimes : un régime dérogatoire au droit commun ?
I. Une souveraineté encadrée par le droit : un paradoxe ?
A. L’indépendance formelle : l’engagement international comme exercice de la souverainetéII. Les compétences nationales des États confrontées aux impératifs de la coopération
B. Les limites de l’indépendance formelle
C. Des conceptions divergentes de l’ordre juridique international
A. Les compétences territoriales : un droit et un devoirIII. Le principe de non-intervention : une limite générale à l’exercice par les États de leur souveraineté ?
B. Les compétences extraterritoriales
A. Un principe fondamental du droit international positifIV. Les immunités comme limites spécifiques à l’exercice de la souveraineté : entre intérêts étatiques et aspirations morales universelles
B. Une interprétation délicate : les incertitudes des deux éléments constitutifs du principe
C. Un principe à faible « valeur juridique ajoutée » ?
D. Un succès rhétorique lié à des mécanismes d’instrumentalisation politique
A. Les fondements du principe : le concept d’égalité souveraine et ses ambivalencesChapitre V. Les organisations internationales
B. La portée des immunités : la difficile articulation entre justice et égalité souveraine
C. Les remises en cause du principe : immunités des États versus droits de la personne ?
I. La définition et la personnalité juridique de l’organisation internationale : institution propre ou simple résultat d’un accord entre Etats ?
A. La définition : qu’est-ce qu’une « organisation internationale » ?II. Les compétences des organisations internationales : fruit de l’attribution par les États ou pouvoirs autonomes ?
B. Les conséquences de la personnalité juridique des organisations internationales
A. Le principe de spécialité ou d’attribution : la prégnance de la dimension conventionnelleIII. L’Organisation des Nations Unies, incarnation de la communauté internationale ?
B. Les pouvoirs ou les compétences implicites : les influences du pôle institutionnel
A. L’Assemblée générale, démocratique mais sans réel pouvoir ?Chapitre VI. Les personnes privées
B. Le Conseil de sécurité, autoritaire et hyperpuissant ?
C. La Cour internationale de Justice, un juge constitutionnel ?
I. Le développement des droits de la personne : portée et limites de l’universalité
A. Le foisonnement d’instruments protecteurs des droits de la personne : une tendance à l’universalitéII. Les mécanismes de mise en œuvre : au-delà de l’État ?
B. La multiplication des droits garantis
C. La relativité des droits garantis
A. La protection traditionnelle : le rôle de l’ÉtatIII. Le développement des obligations pour les individus : un droit de la « communauté internationale » ?
B. Les organisations internationales : la protection institutionnelle et les recours individuels
A. Le développement du droit international pénal : vers un droit communautariste ?
B. La relativité du droit international pénal
C. Les mécanismes de répression : au-delà de l’État ?
DEUXIÈME PARTIE. LES SOURCES DU DROIT INTERNATIONAL
Chapitre VII. La coutume
I. La place de la coutume dans le système des sources du droit international : les approches volontariste et objectiviste en tension
A. Les approches divergentes du phénomène coutumier et du système des sourcesII. Les éléments constitutifs de la coutume : comment un fait peut-il se transformer en droit ?
B. Les relations entre la coutume et les autres sources du droit international
A. La pratique, élément objectif ?III. L’évolution de la coutume : les paradoxes d’une source à la fois dynamique et stabilisatrice
B. L’opinio juris sive necessitatis, élément (inter-)subjectif ?
Chapitre VIII. Les traités
I. La définition et la validité des traités : l’accord, une construction ?
A. Les caractéristiques de l’accord : simple reflet de l’intention des parties ou construction juridique ?II. Les conditions de naissance, d’extinction ou de suspension des obligations conventionnelles : un régime objectif ?
B. Les parties à l’accord : les États, les organisations internationales… et au-delà ?
C. Les problèmes (exceptionnels) de validité : respect de l’intention des parties ou sécurité juridique ?
A. La naissance des obligations conventionnellesIII. Le principe de relativité des traités et ses limites
B. L’extension ou la suspension des obligations conventionnelles
A. Le principe de la relativité des traitésChapitre IX. Les autres sources du droit international
B. Les réserves: une consécration de la relativité ?
C. .Les relations entre traités
I. Les engagements unilatéraux : une source spécifique ?
A. Origines et fondement : un engagement peut-il être purement unilatéral ?II. Les actes des organisations internationales : du droit dérivé ?
B. Les conditions nécessaires à la naissance d’obligations : qu’est-ce qu’un « engagement juridique » ?
A. Un droit conventionnel dérivé ?III. Les « principes généraux de droit » : une source autonome ?
B. Des effets juridiques par le biais d’autres sources de droit international ?
A. Une source autonome ?IV. La jurisprudence et la doctrine : des « moyens auxiliaires de détermination du droit » ?
B. Des éléments constitutifs strictement définis ?
A. La jurisprudence, moyen auxiliaire de détermination du droit
B. La doctrine, moyen auxiliaire de détermination du droit ?
TROISIÈME PARTIE. LA MISE EN ŒUVRE DU DROIT INTERNATIONAL
Chapitre X. Le droit international et la guerre
I. La portée de l’interdiction du recours à la force : jus contra bellum ou jus ad bellum
A. L’intervention sur invitationII. La légitime défense, un « droit naturel » ?
B. L’action militaire menée sous supervision du Conseil de sécurité
C. Un « droit d’ingérence humanitaire ? »
A. La « légitime défense préventive » : un oxymore ?III. Le droit des conflits armés (jus in bello) : peut-on humaniser la guerre ?
B. La « guerre contre le terrorisme » : quelle responsabilité pour les « États défaillants » ?
C. La nécessité et la proportionnalité : des critères juridiques ?
A. L’applicabilité du droit des conflits armés : les débats entourant la qualification du conflitChapitre XI. La responsabilité internationale
B. Les règles de base du droit des conflits armés : droit humanitaire et nécessités militaires
C. L’application du jus in bello exclut-elle celle d’autres branches du droit international ?
I. Les difficultés liées à l’attribution du comportement à un État
A. L’attribution de principe du comportement des organes officiels et des entités habilitées à exercer des prérogatives de puissance publiqueII. La reconnaissance de « circonstances excluant l’illicéité » : une consécration du réalisme ?
B. L’attribution exceptionnelle à l’État du comportement de personnes ou entités privées
A. Le consentement de l’État victimeIII. La mise en œuvre aléatoire de la responsabilité internationale...
B. La légitime défense
C. Les contre-mesures
D. La force majeure
E. La détresse
F. L’état de nécessité
A. Qui peut ou doit mettre en œuvre la responsabilité ?IV. La responsabilité limitée des organisations internationales
B. Les modalités de la réaction : rétorsion et contre-mesures
A. Les difficultés liées à l’établissement et à la mise en œuvre de la responsabilité des organisations internationalesChapitre XII. Le règlement pacifique des différends
B. La responsabilité des États : une solution aux problèmes liés à la mise en œuvre de la responsabilité des organisations internationales ?
I. Un principe juridique autonome ?
A. Règlement pacifique des différends et non-recours à la forceII. Un droit souverain : un libre choix entre les moyens pacifiques de règlement ?
B. Règlement pacifique des différends et mesures de rétorsions ou de représailles
C. Règlement pacifique des différends et règles judiciaires procédurales
A. Les modes diplomatiques de règlement des différends : mécanismes juridiques, choix politiquesIII. Une limitation par le droit ? La Cour internationale de Justice comme juridiction universelle
B. Les modes juridictionnels de règlement des différends: mécanismes juridiques, choix politiques
A. La compétence contentieuse et ses limitesIV. Le développement des modes de règlement et des domaines du droit international : vers une fragmentation du droit international ?
B. La compétence consultative et ses limites
A. La fragmentation comme stratégie des acteursListe des cartes et des illustrations
B. Vers une fragmentation du droit international ?
Bibliographie sélective
Olivier CORTEN, François DUBUISSON, Anne LAGERWALL, Vaios KOUTROULIS, Une introduction critique au droit international, Bruxelles, Editions de l'Université de Bruxelles, 2017 (608 pp.)
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