Instituée lors de la 64e session de l’Assemblée générale des Nations Unies le 2 décembre 2009, à l'initiative de la République du Kazakhstan, la date du 29 août est devenue depuis 2010, avec l’adoption de la Résolution 64/35, la Journée internationale contre les essais nucléaires.
L'origine de cette Journée
La Résolution 64/34 a été portée par le Kazakhstan dont le territoire (polygone de Semipalatinsk d’une superficie de 18 500 kilomètres carrés) a été le théâtre de 456 explosions nucléaires réalisées par les autorités soviétiques. Le choix de cette date revêt un caractère doublement symbolique pour ce pays. En effet, le 29 août 1949, l'Union soviétique a fait exploser sa première bombe nucléaire sur ce site, qui sera officiellement fermé le 29 août 1991, par le Kazakhstan alors sur la voie de l’indépendance.
Adoptée sans être soumise au vote des États (à la Première commission, comme à l’Assemblée générale), la Résolution 64/35 est avant tout « destinée à éduquer le public et à le sensibiliser aux effets des explosions expérimentales d’armes nucléaires et autres explosions nucléaires et à la nécessité d’y mettre fin, en tant que moyen parmi d’autres de parvenir à l’objectif d’un monde sans armes nucléaires » (point 1).
Cela fait désormais 14 ans que, chaque année, État et société civile marquent cette fin de mois d’août par ce temps de recueil. Comme le mentionne la résolution, l’Assemblée générale est « convaincue qu’il ne faut ménager aucun effort pour mettre fin aux essais nucléaires, afin d’éviter leurs effets dévastateurs et nocifs sur la vie et la santé des populations et sur l’environnement » (§ 2). Toutefois, bien que, fort logiquement, cette journée ait rapidement été associée comme moyen de promouvoir le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), désormais, elle porte aussi un message venant des victimes des essais d’armes nucléaires.
La promotion du TICE
Si la Résolution 64/35 souligne que « l’arrêt des essais nucléaires est l’un des principaux moyens d’atteindre l’objectif d’un monde sans armes nucléaires » (§ 3), force est de constater que le TICE connaît une situation des plus ambiguës. En effet, bien que ce traité dispose de 178 ratifications et de 187 signatures – ce qui représente l’écrasante majorité de la communauté internationale – celui-ci n’est toujours pas en vigueur en raison de l’absence de ratification de huit États clés : la Chine, la Corée du Nord, l’Égypte, les États-Unis, l’Inde, l’Iran, Israë et le Pakistan. Ces États font partie de la liste des 44 États (qui possédaient en 1996 des infrastructures militaires et/ou civiles) de l’annexe 2, et rien ne laisse à penser que l’un d’eux va franchir ce pas dans un futur proche. En 2023, la Russie a même révoqué sa ratification, tout en restant signataire du traité.
Le TICE n’est pas en vigueur en droit, mais il fonctionne, et c’est là aussi une autre de ses particularités. L’Organisation du Traité d'interdiction complète des essais (OTICE), dont le siège est à Vienne (Autriche), gère et met en œuvre un réseau mondial de stations d’écoute (hydroacoustique, sismique, infrason, radionucléide), qui forme le système de surveillance international pour détecter tout essai nucléaire. Remarquons qu’un certain nombre de stations sont installées aussi dans des États clés comme la Chine, l’Iran ou les États-Unis.
Le lourd héritage des armes nucléaires
Le paragraphe 2 susmentionné peut désormais être lu comme une phrase clé de cette Résolution 65/35 en raison de la véritable prise en compte par la communauté internationale, depuis quelques années, des conséquences des essais nucléaires sur les populations. En effet, alors que le TICE aurait dû comporter des éléments sur l’assistance aux victimes et sur la remise en état de l’environnement, ses rédacteurs (en 1995, à la Conférence du désarmement) ont ignoré ces sujets.
Il a fallu attendre 2017, avec le processus de négociation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) pour que soient prises en compte, au niveau international, ces questions. Avec son article 6 intitulé « Assistance aux victimes et remise en état de l’environnement » et son article 7 intitulé « Coopération et assistance internationales », ce traité, en vigueur depuis le 21 janvier 2022, a donc ouvert un nouveau chapitre sur les essais nucléaires.
Les témoignages de ces victimes des conséquences sanitaires, environnementales et sociales étaient globalement très peu mis en avant pour montrer l’impact des armes nucléaires et la nécessité d’agir pour qu’il n’y ait plus jamais d’essais nucléaires. Cet « oubli » est donc désormais comblé via le TIAN et, depuis 2023, via la Résolution 78/240 sur le « Le lourd héritage des armes nucléaires », portée par le Kazakhstan et les Kiribati (théâtre de 33 explosions nucléaires réalisées par le Royaume-Uni et les États-Unis). Adoptée par 171 États (avec le vote contre de la France, du Royaume-Uni, de la Corée du Nord et de la Russie), cette résolution veut utiliser le cadre des traités multilatéraux pour promouvoir l'assistance aux victimes et l'évaluation et l'assainissement de l'environnement.
La Journée internationale contre les essais nucléaires porte donc dorénavant deux messages : « plus jamais d’essais nucléaires » et agir pour une véritable « justice nucléaire ».
La Résolution 64/34 a été portée par le Kazakhstan dont le territoire (polygone de Semipalatinsk d’une superficie de 18 500 kilomètres carrés) a été le théâtre de 456 explosions nucléaires réalisées par les autorités soviétiques. Le choix de cette date revêt un caractère doublement symbolique pour ce pays. En effet, le 29 août 1949, l'Union soviétique a fait exploser sa première bombe nucléaire sur ce site, qui sera officiellement fermé le 29 août 1991, par le Kazakhstan alors sur la voie de l’indépendance.
Adoptée sans être soumise au vote des États (à la Première commission, comme à l’Assemblée générale), la Résolution 64/35 est avant tout « destinée à éduquer le public et à le sensibiliser aux effets des explosions expérimentales d’armes nucléaires et autres explosions nucléaires et à la nécessité d’y mettre fin, en tant que moyen parmi d’autres de parvenir à l’objectif d’un monde sans armes nucléaires » (point 1).
Cela fait désormais 14 ans que, chaque année, État et société civile marquent cette fin de mois d’août par ce temps de recueil. Comme le mentionne la résolution, l’Assemblée générale est « convaincue qu’il ne faut ménager aucun effort pour mettre fin aux essais nucléaires, afin d’éviter leurs effets dévastateurs et nocifs sur la vie et la santé des populations et sur l’environnement » (§ 2). Toutefois, bien que, fort logiquement, cette journée ait rapidement été associée comme moyen de promouvoir le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), désormais, elle porte aussi un message venant des victimes des essais d’armes nucléaires.
La promotion du TICE
Si la Résolution 64/35 souligne que « l’arrêt des essais nucléaires est l’un des principaux moyens d’atteindre l’objectif d’un monde sans armes nucléaires » (§ 3), force est de constater que le TICE connaît une situation des plus ambiguës. En effet, bien que ce traité dispose de 178 ratifications et de 187 signatures – ce qui représente l’écrasante majorité de la communauté internationale – celui-ci n’est toujours pas en vigueur en raison de l’absence de ratification de huit États clés : la Chine, la Corée du Nord, l’Égypte, les États-Unis, l’Inde, l’Iran, Israë et le Pakistan. Ces États font partie de la liste des 44 États (qui possédaient en 1996 des infrastructures militaires et/ou civiles) de l’annexe 2, et rien ne laisse à penser que l’un d’eux va franchir ce pas dans un futur proche. En 2023, la Russie a même révoqué sa ratification, tout en restant signataire du traité.
Le TICE n’est pas en vigueur en droit, mais il fonctionne, et c’est là aussi une autre de ses particularités. L’Organisation du Traité d'interdiction complète des essais (OTICE), dont le siège est à Vienne (Autriche), gère et met en œuvre un réseau mondial de stations d’écoute (hydroacoustique, sismique, infrason, radionucléide), qui forme le système de surveillance international pour détecter tout essai nucléaire. Remarquons qu’un certain nombre de stations sont installées aussi dans des États clés comme la Chine, l’Iran ou les États-Unis.
Le lourd héritage des armes nucléaires
Le paragraphe 2 susmentionné peut désormais être lu comme une phrase clé de cette Résolution 65/35 en raison de la véritable prise en compte par la communauté internationale, depuis quelques années, des conséquences des essais nucléaires sur les populations. En effet, alors que le TICE aurait dû comporter des éléments sur l’assistance aux victimes et sur la remise en état de l’environnement, ses rédacteurs (en 1995, à la Conférence du désarmement) ont ignoré ces sujets.
Il a fallu attendre 2017, avec le processus de négociation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) pour que soient prises en compte, au niveau international, ces questions. Avec son article 6 intitulé « Assistance aux victimes et remise en état de l’environnement » et son article 7 intitulé « Coopération et assistance internationales », ce traité, en vigueur depuis le 21 janvier 2022, a donc ouvert un nouveau chapitre sur les essais nucléaires.
Les témoignages de ces victimes des conséquences sanitaires, environnementales et sociales étaient globalement très peu mis en avant pour montrer l’impact des armes nucléaires et la nécessité d’agir pour qu’il n’y ait plus jamais d’essais nucléaires. Cet « oubli » est donc désormais comblé via le TIAN et, depuis 2023, via la Résolution 78/240 sur le « Le lourd héritage des armes nucléaires », portée par le Kazakhstan et les Kiribati (théâtre de 33 explosions nucléaires réalisées par le Royaume-Uni et les États-Unis). Adoptée par 171 États (avec le vote contre de la France, du Royaume-Uni, de la Corée du Nord et de la Russie), cette résolution veut utiliser le cadre des traités multilatéraux pour promouvoir l'assistance aux victimes et l'évaluation et l'assainissement de l'environnement.
La Journée internationale contre les essais nucléaires porte donc dorénavant deux messages : « plus jamais d’essais nucléaires » et agir pour une véritable « justice nucléaire ».
Opération Licorne en 1971, en Polynésie française.
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