Catherine MAIA
Alors
que le nombre de migrants fuyant la violence dans leurs pays d'origine à
destination de l'Europe ne cesse d'augmenter, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, a exhorté les pays de l'Union
européenne à changer les fondements de sa politique migratoire.
A
l'heure où l'Union européenne (UE) prépare une série de réunions d'urgence
visant à prendre des mesures pour faire face à la crise actuelle des réfugiés
et des migrants, M. Guterres a déclaré dans un communiqué de presse que la
situation exige « un gigantesque effort commun impossible à réaliser avec
l'approche fragmentée actuelle ».
«
Plus de 2.600 d'entre eux n'ont pas survécu à cette traversée dangereuse, y
compris le petit Aylan, âgé de trois ans, dont la photo a bouleversé l'opinion
publique mondiale », a déploré M. Guterres, en référence au choc provoqué par
la diffusion dans la presse mondiale de la photographie du corps sans vie,
échoué sur une plage turque, d'Aylan Kurdi, cet enfant syrien qui fuyait la
guerre avec sa famille.
Après
leur arrivée sur les côtes et les frontières de l'Europe, les migrants et
réfugiés continuent leur voyage, confrontés au chaos et subissant l'indignité,
l'exploitation et le danger aux frontières et le long du chemin, a dénoncé le
Haut-Commissaire.
«
La générosité désintéressée des citoyens privés et des organisations de la
société civile en vue d'accueillir et d'aider les nouveaux arrivants est une
véritable source d'inspiration », a-t-il cependant souligné. « Sans oublier le
leadership politique et moral exemplaire d'un certain nombre de pays ».
Mais, dans l'ensemble, l'Europe n'a pas réussi à trouver une réponse commune
efficace, et les gens continuent d'en souffrir, a constaté M. Guterres, avant
d'énoncer un certain nombre de points fondamentaux à l'attention des pays
européens.
« Il s'agit principalement d'une crise de réfugiés, et non pas seulement d'un
phénomène de migration », a tout d'abord précisé le Haut-Commissaire. Dans la
mesure, a-t-il dit, où la grande majorité de ceux qui arrivent en Grèce
proviennent de zones de conflit comme la Syrie, l'Iraq ou l'Afghanistan, ils
ont droit à une protection en tant que réfugiés du point de vue du droit
international.
La
seule façon de résoudre ce problème pour l'Union européenne et tous ses États
membres est de mettre en œuvre une stratégie commune, fondée sur la
responsabilité, la solidarité et la confiance, a ensuite souligné M. Guterres.
Selon
lui, la première mesure collective à mettre en œuvre de toute urgence est de
débloquer les ressources nécessaires pour la réception, l'assistance et
l'identification des réfugiés, principalement en Grèce, en Hongrie, mais
également en Italie.
Les
personnes considérés comme pouvant légitimement prétendre à une protection
doivent bénéficier immédiatement de programmes de réinstallation massifs, a
estimé le Haut-Commissaire, tout en préconisant la création d'au moins 200.000
places supplémentaires dans tous les Etats de l'UE.
Ceux
considérés comme ne pouvant pas légitimement prétendre à une protection doivent
être le plus vite possible reconduits dans leurs pays d'origine, dans le
respect de leurs droits humains, a-t-il ajouté.
«
Les pays européens, ainsi que les Gouvernements dans d'autres régions du monde,
doivent réaliser des changements fondamentaux pour permettre une réinstallation
plus importante et élargir les quotas d'admission humanitaire, les visas et les
programmes de parrainage, les bourses et les autres façons d'entrer légalement
en Europe », a déclaré le M. Guterres.
«
L'Europe est confrontée à un moment de vérité », a déclaré M. Guterres. « Le
temps est venu de réaffirmer les valeurs sur lesquelles elle s'est construite
».
© UNHCR
GENÈVE, 28 août (HCR) – Avec
près de 60 millions de personnes déplacées par la force à l'échelle mondiale et
les traversées par bateau de la Méditerranée qui font les manchettes des
journaux presque quotidiennement, il devient de plus en plus usuel de voir les
termes « réfugié » et « migrant » être utilisés de façon
interchangeable par les médias et le public. Toutefois, y a-t-il une différence
entre les deux termes? Et est-elle importante?
Oui, il existe une
différence et elle est importante. Les deux termes ont des significations
distinctes et différentes. En les utilisant à tort, on pose des problèmes à ces
deux populations. Voici pourquoi :
Les réfugiés sont
des personnes qui fuient des conflits armés ou la persécution. Leur situation
est souvent si périlleuse et intolérable qu'ils traversent des frontières
nationales afin de trouver la sécurité dans des pays voisins, et sont par
conséquent reconnus internationalement comme des réfugiés ayant accès à l'aide
des États, du HCR et d'autres organisations. On les reconnaît ainsi précisément
parce qu'il est dangereux pour eux de retourner dans leur pays et qu'ils ont
besoin d'un refuge ailleurs. Refuser l'asile à ces personnes aurait
potentiellement des conséquences mortelles.
Le terme réfugié est
défini par le droit international et les réfugiés sont protégés par ce dernier. La Convention de
1951 relative aux réfugiés et son protocole de 1967, ainsi que
d'autres textes juridiques comme la Convention de l'OUA de 1969 sur les
réfugiés, restent les pierres angulaires de la protection moderne
des réfugiés. Les principes juridiques que ces documents énoncent ont été
intégrés à d'innombrables autres instruments et pratiques internationales, régionales
et nationales. La Convention de 1951 définit ce qu'est un réfugié et souligne
les droits fondamentaux que les États doivent leur garantir. Un des principes
les plus fondamentaux énoncés par le droit international est celui voulant que
les réfugiés ne doivent pas être expulsés ou renvoyés à une situation où leur
vie et leur liberté seraient menacées (principe du non-refoulement).
La protection des réfugiés
revêt de nombreux aspects. Ceux-ci comprennent: l'assurance de ne pas être
renvoyé chez eux face aux dangers qu'ils ont fuis; l'accès à des procédures
d'asile justes et efficaces; et des mesures visant à assurer que leurs droits
fondamentaux sont respectés afin de leur permettre de vivre dans la dignité et
la sécurité, tout en les aidant à trouver une solution à long terme. Les États
assument la responsabilité principale de cette protection. Par conséquent, le
HCR collabore étroitement avec les Gouvernements afin de les conseiller et de
les appuyer s'il y a lieu pour assumer leurs responsabilités.
Les migrants choisissent
de s'en aller non pas en raison d'une menace directe de persécution ou de mort,
mais surtout afin d'améliorer leur vie en trouvant du travail, et dans certains
cas, pour des motifs d'éducation, de regroupement familial ou pour d'autres
raisons. Contrairement aux réfugiés qui ne peuvent retourner à la maison en
toute sécurité, les migrants ne font pas face à de tels obstacles en cas de
retour. S'ils choisissent de rentrer chez eux, ils continueront de recevoir la
protection de leur Gouvernement.
Pour les Gouvernements,
cette distinction est importante. Les pays gèrent les migrants en vertu de
leurs propres lois et processus en matière d'immigration. Les pays gèrent les
réfugiés en vertu des normes sur la protection des réfugiés et de l'asile aux
réfugiés qui sont définies dans les lois nationales et les normes internationales. Les pays ont des responsabilités précises envers les
demandeurs d'asile sur leurs territoires et à leurs frontières. Le HCR aide les
pays à gérer ces responsabilités en matière d'asile et de protection des
réfugiés.
En effet, la politique a
sa façon d'intervenir dans de tels débats. La confusion entre les réfugiés et
les migrants peut avoir des conséquences graves sur les vies et la sécurité des
réfugiés. Interchanger les deux termes détourne l'attention de la protection
juridique précise dont les réfugiés ont besoin. Cela peut saper le soutien de
la population pour les réfugiés et l'institution de l'asile à un moment où,
plus que jamais auparavant, les réfugiés ont besoin d'une telle protection. Nous
devons traiter tous les êtres humains avec respect et dignité. De plus, nous
devons nous assurer que les droits fondamentaux des migrants sont respectés.
Par le fait même, nous devons également agir de façon juridiquement appropriée
en ce qui concerne les réfugiés, en raison de leur situation particulière.
Par conséquent, songeons
de nouveau à l'Europe et au nombre important de personnes qui sont arrivées au
cours de cette année et de l'année dernière par bateau en Grèce, en Italie et
ailleurs. Que sont-elles? Des réfugiés ou des migrants?
En réalité, elles
appartiennent aux deux groupes. La majorité des personnes arrivant cette année
en Italie et en Grèce plus particulièrement, proviennent de pays plongés dans
la guerre ou que l'on considère comme des pays produisant des réfugiés, qui ont
besoin de la protection internationale. Toutefois, une plus petite proportion
provient d'autres pays, et pour nombre d'entre eux, le terme
« migrant » serait plus exact.
Ainsi, au HCR, nous disons
« réfugiés et migrants » lorsque nous faisons référence aux
mouvements de personnes par voie maritime ou dans d'autres circonstances
lorsque nous pensons que les deux groupes peuvent être présents – les
mouvements par bateau en Asie du Sud-Est sont un autre exemple de ce phénomène.
Nous appelons « réfugiés » les personnes qui fuient la guerre ou la
persécution en franchissant une frontière internationale. Et nous appelons
« migrants » les personnes qui se déplacent pour des motifs qui ne
sont pas inclus dans la définition légale de ce qu'est un réfugié. Nous
espérons que d'autres songerons à faire de même. Le choix des mots est
important.
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