Selon un rapport accablant rendu public le 1er mars 2017 par la commission d'enquête internationale de l'ONU sur la Syrie, le Gouvernement et les rebelles sont tous deux responsables de graves exactions commises entre le 21 juillet 2016, date du début du siège de la partie est d'Alep par les forces du régime et le 22 décembre 2016, date de la reddition. Les frappes aériennes qui ont délibérément visé des hôpitaux et des convois humanitaires constituent des crimes de guerre, de même que l'accord d'évacuation des civils d’Alep, conclu entre le régime et l'insurrection en décembre 2016.
Le rapport repose sur 291 entretiens, notamment avec des résidents de la ville, ainsi que sur l'examen d'images satellitaires, de photographies, de vidéos et de dossiers médicaux.
La Commission d'enquête a ainsi documenté au quotidien les attaques aériennes syriennes et russes qui ont frappé sans relâche la partie est d'Alep pendant des mois. Le rapport note que les attaques ont détruit des infrastructures civiles vitales ciblant délibérément des hôpitaux et des cliniques. Les conséquences de ces frappes furent désastreuses pour les civils, tuant et mutilant nombre d'entre eux et réduisant la partie orientale d'Alep à l'état de décombres.
Le rapport indique également que les forces gouvernementales et leurs alliés ont empêché la population civile de la partie est d'Alep d'avoir accès à la nourriture et aux fournitures de base, utilisant ainsi des tactiques brutales de siège pour forcer les redditions rappelant les guerres médiévales.
Lorsque les forces progouvernementales sur le terrain ont pris le contrôle de l'est d'Alep à la fin novembre 2016, il ne restait plus d'hôpitaux fonctionnels ni d'autres installations médicales. Le ciblage intentionnel de ces installations médicales équivaut à des crimes de guerre, a conclu la Commission mandaté par le Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies.
Dans son rapport, la commission constate également que des groupes armés ont bombardé indistinctement des zones habitées avec des armes improvisées, causant de nombreuses victimes civiles. Un certain nombre de ces attaques ont été menées sans objectif militaire clair et n'ont eu d'autre but que de terroriser la population civile.
«La violence à Alep documentée dans notre rapport devrait amener la communauté internationale à se concentrer sur le mépris continu, cynique des lois de la guerre par les parties belligérantes en Syrie», a déclaré le président de la Commission, Paulo Pinheiro. «Le ciblage délibéré de civils a entraîné la perte immense de vies humaines, y compris celles de centaines d'enfants».
Cibler délibérément des travailleurs humanitaires équivaut à des crimes de guerre
Dans l'une des attaques les plus horribles sur laquelle la Commission a eu à enquêter, l'armée de l'air syrienne a délibérément ciblé un convoi humanitaire des Nations Unies et du Croissant-Rouge arabe syrien à Orum al-Kubra, dans la partie rurale d'Alep. L'attaque a tué 14 travailleurs humanitaires, détruit 17 camions transportant de l'aide et mené à la suspension de toute l'aide humanitaire en Syrie, aggravant encore les souffrances indescriptibles des civils syriens.
«En aucun cas, les travailleurs humanitaires ne peuvent être ciblés», a déclaré la membre de la Commission, Carla del Ponte. «Une attaque délibérée contre eux comme celle qui a eu lieu à Orum al-Kubra équivaut à des crimes de guerre et les responsables doivent rendre compte de leurs actes».
Les bombardements répétés ont détruit des écoles, des orphelinats, des marchés et des maisons rendant la vie civile impossible et provoquant la capitulation. Le rapport souligne en outre que les avions syriens ont utilisé du chlore - un agent chimique interdit par le droit international - contre la population civile de l'est d'Alep, causant d'importants dommages physiques et psychologiques à des centaines de civils.
Alors que la prise de la partie est d'Alep par les forces pro-gouvernementales devenait imminente, toutes les parties ont continué à commettre des violations brutales et généralisées, précise le rapport.
Dans certains districts, des groupes armés ont tiré sur des civils pour les empêcher de partir, les utilisant efficacement comme boucliers humains. Les forces pro-gouvernementales sur le terrain, composées pour la plupart de milices syriennes et étrangères, ont exécuté des combattants hors de combat, des partisans soupçonnés d'appartenir à l'opposition, y compris des membres des familles des combattants. D'autres personnes ont été arrêtées et leur sort demeure inconnu.
Utilisation des populations civiles comme monnaie d'échange politique
Dans certains districts, des groupes armés ont tiré sur des civils pour les empêcher de partir, les utilisant efficacement comme boucliers humains. Les forces pro-gouvernementales sur le terrain, composées pour la plupart de milices syriennes et étrangères, ont exécuté des combattants hors de combat, des partisans soupçonnés d'appartenir à l'opposition, y compris des membres des familles des combattants. D'autres personnes ont été arrêtées et leur sort demeure inconnu.
Utilisation des populations civiles comme monnaie d'échange politique
Le rapport note également que l'accord sur l'évacuation de la partie est d'Alep a obligé des milliers de civils - malgré un manque de nécessité militaire ou de déférence au choix des individus touchés - de se déplacer à l'ouest de la ville contrôlée par le gouvernement tandis que d'autres ont été transportés à Idlib où ils vivent à nouveau sous les bombardements.
Dans la ligne des précédents de Moadamyia et de Darayya, cet accord confirme la regrettable utilisation des populations civiles comme monnaie d'échange à des fins politiques par les parties au conflit en Syrie.
«Certains de ces accords équivalent à des déplacements forcés», a déclaré la membre de la Commission, Karen AbuZayd. «Il est impératif que les parties s'abstiennent d'accords futurs semblables et fournissent les conditions pour le retour en toute sécurité de ceux qui souhaitent rentrer chez eux à l'est d'Alep».
Source : ONU
Dans la ligne des précédents de Moadamyia et de Darayya, cet accord confirme la regrettable utilisation des populations civiles comme monnaie d'échange à des fins politiques par les parties au conflit en Syrie.
«Certains de ces accords équivalent à des déplacements forcés», a déclaré la membre de la Commission, Karen AbuZayd. «Il est impératif que les parties s'abstiennent d'accords futurs semblables et fournissent les conditions pour le retour en toute sécurité de ceux qui souhaitent rentrer chez eux à l'est d'Alep».
Report of the Independent International Commission of Inquiry on the Syrian Arab Republic (A/HRC/34/64)
Summary
The battle for
control over Aleppo city was a stage of unrelenting violence, with civilians on
both sides falling victim to war crimes committed by all parties. As part of a
strategy to force surrender, pro-Government forces encircled eastern Aleppo
city in late July and trapped civilians without adequate food or medical
supplies. Between July and December 2016, Syrian and Russian forces carried out
daily air strikes, claiming hundreds of lives and reducing hospitals, schools
and markets to rubble. Syrian forces also used chlorine bombs in residential
areas, resulting in hundreds of civilian casualties.
Armed groups persistently
shelled civilians in western Aleppo city. Using improvised weapons, these
groups often fired indiscriminately in attacks that killed and injured dozens,
including women and children. When launched without a clear military target,
these attacks intentionally terrorized the civilian population. As the
situation deteriorated in eastern Aleppo and people tried desperately to flee,
some armed groups violently prevented them and used them as human shields.
In a
particularly egregious attack, Syrian air forces targeted a humanitarian aid
convoy in Aleppo countryside, killing more than a dozen aid workers and
destroying vital supplies for civilians in need. The convoy had been authorized
by the Government of the Syrian Arab Republic, which was aware of its location
at the time of the attack. The attack led to the suspension of aid convoys
throughout the Syrian Arab Republic, depriving civilians from access to
essential goods.
As pro-Government forces recaptured eastern Aleppo city in
December, some executed hors de combat fighters and perceived armed group
supporters. Hundreds of men and boys were separated from their families and
forcibly conscripted by the Syrian army. The fate of others remains unknown.
The evacuation of eastern
Aleppo city, amounting to forced displacement, leaves thousands of civilians in
a perilous situation. While many civilians were permitted to move to western
Aleppo, others were transported to Idlib, where they lack adequate living
conditions and fear future attacks as warring parties continue to fight for
control of territory.
Source : ONU
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