Quel est le rôle que joue le droit international sur les différentes sociétés du monde ? Quels sont ses effets sur les différents rapports de domination et d’exploitation qui traversent et structurent ces sociétés ? Doit-il être envisagé comme étant davantage favorable aux groupes dominants ou aux subalternes ? Ces derniers devraient-ils en faire leur principale arme de combat contre les différentes formes de subordination, ou ne devrait-il être utilisé que dans certaines circonstances bien stratégiques ? C’est, entre autres, à ces questions que cet ouvrage propose des hypothèses.
Cherchant notamment à radicaliser le vocabulaire utilisé par les internationalistes critiques, ce livre a comme objectif de théoriser les effets provoqués par le droit international sur les rapports entre les groupes dominants et subalternes des différentes sociétés du monde. Plus spécifiquement, il cherche à comprendre son rôle sur la reproduction, la légitimation, la contestation et la transformation des systèmes de rapports sociaux de subordination que sont le capitalisme, le patriarcat, le racisme et l’impérialisme, systèmes qui constituent les matrices de subordination de ces sociétés. Essentiellement, il estime que ces effets se produisent lors de quatre moments distincts, à savoir lorsque le droit structure la société internationale, par exemple en l’organisant territorialement en États souverains et formellement égaux; lorsque ses règles et ses institutions sont utilisées de manière formelle par les différents acteurs qui sont en mesure de le faire ; lorsqu’il constitue un facteur influençant les différentes formations idéologiques du monde ; puis, enfin, lorsqu’il est utilisé comme langue permettant de défendre légitimement des prétentions politiques.
L’ambition de ce livre est de montrer que de par sa structure, le droit international constitue un outil extrêmement puissant pour favoriser la reproduction et la légitimation des rapports sociaux de subordination. Bien sûr, il contient aussi des règles, des institutions et des régimes qui sont perçus comme étant des outils de résistance et des propositions de projets d’émancipation pour les subalternes et est régulièrement utilisé comme tels. Dans ces derniers cas toutefois, il y a lieu de convenir que ce qu’il propose en matière de résistance et d’émancipation n’outrepasse jamais ce qui est tolérable par les dominants.
TABLE DES MATIÈRES
Chapitre 1. Les fondements d’une théorie subalterniste du droit international
Les choix ontologiques d’une théorie subalterniste du droit internationalChapitre 2 la forme juridique des relations internationales
Quels systèmes de rapports sociaux de subordination ? Quelles catégories de positionnement ?
Les enseignements de la théorie du positionnement et d’une lecture critique de l’histoire du droit international
Les leçons de l’histoire du droit international : pour une herméneutique de la suspicion
Qui peut donc parler pour les subalternes ?
Pour une systématisation des effets du droit international
L’identification des sujets de droit internationalChapitre 3. Les règles et les institutions du droit international
Le mode de création normative
La gestion des différends et des violations des règles
Les règles et les institutions du droit internationalChapitre 4. Le droit international comme élément idéologique
Les enjeux de l’indétermination du droit
L’influence des règles sur la société internationale
La normalisation des situations de domination et d’exploitation : l’exemple de la légitimation du narratif nationalisteChapitre 5. La langue du droit international comme marqueur de légitimité de la politique internationale
Les droits humains comme élément central des matrices de subordination
Le droit de la guerre comme justificatif aux agressions des dominantsConclusion
Le droit international comme langue de résistance et d’émancipation : quatre problèmes et quelques hypothèses de pratique
Rémi BACHAND, Les subalternes et le droit international : une critique politique, Paris, Pedone, 2018 (256 pp.)
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