Thibauld MOULIN
Faut-il, dès lors, considérer que « tout ce qui n’est pas interdit est permis », y compris en matière de cyber-espionnage ? Il convient de répondre par la négative, et souligner que le cyber-espionnage est sujet à un évitement normatif. Il n’est, en effet, ni interdit ni permis. D’une part, il n’est pas « interdit », car la commission de tels actes ne saurait constituer un fait internationalement illicite. D’autre part, il n’est pas « permis », « autorisé » ou ne constitue pas un « droit », car les États peuvent tout à fait prendre des mesures pour empêcher d’autres États d’exercer des activités de cyber-espionnage à leur encontre.
D’un côté, les États souhaitent profiter de cette absence de règlementation internationale et ne sont pas favorables à une prohibition expresse de l’espionnage. D’un autre côté, ils ne souhaitent pas pour autant consacrer un « droit » à l’espionnage, dans la mesure où l’activité peut aller à l’encontre de leurs intérêts. C’est bien le cas en matière de cyber-espionnage, et ce phénomène d’évitement normatif se manifeste tant à l’égard des règles connectées à l’intégrité territoriale (Première partie), dont l’application est nécessairement perturbée par les caractéristiques uniques du cyber-espace, qu’à l’égard des règles déconnectées de l’intégrité territoriale (Deuxième partie).
LES RÈGLES CONNECTÉES À L’INTÉGRITÉ TERRITORIALE
Section 1. L’impossible assimilation de l’intrusion numérique per se à une violation de souverainetéChapitre 2. Le droit de la sécurité collective
Section 2. L’impossible assimilation de l’intrusion numérique causant un dommage à une violation de souveraineté
Section 1. L’absence de règlementation du cyber-espionnage selon une lecture traditionnelle de la Charte
Section 2. L’absence de règlementation du cyber-espionnage selon une lecture alternative de la Charte
Section 1. La vocation territoriale des règles relatives à l’espionnage entre belligérantsChapitre 2. Le droit applicable entre États belligérants et États neutres
Section 2. Le relatif désintérêt des États quant à la précision des règles applicables au cyber-espionnage
Section 1. L’absence de règlementation du cyber-espionnage par les règles applicables aux opérations matérielles
Section 2. Une restriction limitée du cyber-espionnage par les règles applicables à l’utilisation des moyens de télécommunication
LES RÈGLES DÉCONNECTÉES DE L’INTÉGRITÉ TERRITORIALE
Section 1. La règlementation indirecte de l’espionnage par les ambassadesChapitre 2. Le droit international économique
Section 2. La règlementation indirecte de l’espionnage sur les ambassades
Section 1. L’absence d’interdiction du cyber-espionnage économique
Section 2. La préservation de certaines formes de cyber-espionnage politique
Section 1. Une interdiction unanime de l’espionnage en droit pénal nationalChapitre 2. Un droit international coutumier spécifique à l’espionnage ?
Section 2. Une autorisation majoritaire des activités de renseignement dirigées contre d’autres États en droit national
Section 1. La pratique
Section 2. L’opinio juris
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