Catherine MAIA
Le 25e sommet de
l’Union africaine (UA), qui s’est déroulé à
Johannesburg (Afrique du Sud) les 14 et 15 juin 2015, ne
laissera peut-être pas la trace que le président sud africain, Jacob
Zuma, souhaitait. La polémique ne cesse d’enfler après le départ, contre
l’avis de la justice sud-africaine, du président soudanais Omar
el-Béchir, recherché pour génocide au Darfour par la Cour pénale internationale
(CPI) et venu participer au 25e sommet de l’UA à Johannesburg.
«
L’attitude [des autorités] qui ont échoué à prendre des mesures pour
interpeller et arrêter le président du Soudan Omar el-Béchir est en
contradiction avec la Constitution de la République sud-africaine », a déclaré
le juge Dunstan Mlambo, qui avait interdit la sortie du territoire
sud-africain au président soudanais. Le jugement a été rendu alors qu’Omar
el-Béchir était déjà dans l’avion pour Khartoum.
Les
autorités soudanaises disent avoir reçu des assurances
L’avocat
de l’État n’a fait aucun commentaire, sinon pour annoncer une enquête
approfondie sur les circonstances du départ d’Omar el-Béchir. Le tribunal avait
été saisi en urgence par une ONG, sans que cela inquiète outre mesure les
autorités soudanaises qui avaient indiqué, avant l’issue de l’audience, avoir
reçu des assurances sur la liberté de mouvement du président el-Béchir.
« C’est
embarrassant pour l’Afrique du Sud qui aurait pu éviter cette situation, tout
simplement en ne l’autorisant pas à venir », a commenté Jakkie Cilliers,
directeur général de l’Institut des Études de Sécurité. « Mon impression est
qu’en le laissant venir, ils [les dirigeants sud-africains] voulaient démontrer
au reste du monde qu’ils partagent le point de vue de l’Afrique sur la CPI »,
a-t-il ajouté.
Tandis qu’une partie de l’opinion publique sud-africaine
demande au Gouvernement de justifier pourquoi le dirigeant soudanais
a pu quitter sans encombre le pays depuis une base militaire, pour l’heure,
toujours muet sur le sujet, le président Jacob Zuma vise sans doute le pourrissement de la situation pour
minimiser les dommages politiques que celle-ci pourrait entraîner.
La
CPI exprime sa déception
Dès
le 28 mai, la CPI avait notifié à l’Afrique du Sud son obligation statutaire,
en tant qu’État membre de la Cour, d’arrêter et de lui remettre le président
soudanais si celui-ci se rendait sur son territoire. Le 15 juin, le
procureur-adjoint de la CPI, James Stewart, a fait part de sa
déception : « Nous sommes déçus qu’il n’ait pas été interpellé ». Il
a ajouté que : « Notre position a toujours été que l’obligation incombant
à l’Afrique du Sud est claire, elle devait l’arrêter ».
La CPI
fait face à une virulente campagne en Afrique. Elle
est accusée de racisme – notamment par les dirigeants africains – et de ne
pourchasser que des Africains, ce qu’elle dément. Sur huit dossiers en
procès, tous concernent des dirigeants ou chefs rebelles africains, mais dans
la majorité de ces cas, la CPI a été saisie par les Gouvernements des pays
concernés eux-mêmes.
Sources
: AFP/Jeune Afrique
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