7 mai 2016

ACTU : Corée du Nord : premier congrès du parti unique en près de 40 ans

Catherine MAIA

C'est une première en près de quarante ans. La Corée du Nord a inauguré, le 6 mai, sa première grande assemblée politique depuis 1980, un congrès du parti unique qui doit consacrer le règne absolu de Kim Jong-Un, avec pour toile de fond l'éventualité d'un nouvel essai nucléaire.

Des milliers de délégués triés sur le volet et venus de toute la Corée du Nord se sont rendus le 6 mai à Pyongyang pour assister à ce rassemblement exceptionnel du Parti des travailleurs de Corée (PTC) dans l’imposant Palais du 25 Avril, dont la façade était décorée de portraits géants des deux dirigeants défunts.

Les préparatifs de l’événement ont mobilisé le pays tout entier pendant 70 jours, une campagne dénoncée comme du travail forcé par l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch.

Le dernier Congrès du PTC remonte à 1980. Kim Jong-Un, âgé aujourd’hui de 33 ans, n’était donc pas né lors du dernier événement du genre qui avait désigné son père Kim Jong-Il comme l’héritier de Kim Il-Sung, fondateur de cette dictature dynastique qui perdure depuis bientôt 70 ans.

Près de quarante ans plus tard, son fils a prononcé une allocution liminaire et inauguré un renouvellement des cadres du régime, avec l’ascension d’une nouvelle génération de ténors, choisis pour leur loyauté. La Chine, qui avait dépêché en 1980 une importante délégation dirigée par Li Xiannian, devenu ensuite chef de l'État, n'était cette fois pas représentée au congrès selon les médias officiels chinois, peut-être le signe d'un froid entre Pyongyang et son seul allié majeur.

Les détails de la réunion, dont les journalistes ont été soigneusement tenus à l’écart, ne sont pas connus. Quant à la télévision officielle nord-coréenne, celle-ci s'est abstenue de toute couverture en direct, consacrant ses émissions à des images d'archives sur les prouesses du parti et des concerts patriotiques.

Le congrès doit également confirmer, comme doctrine du parti, la stratégie du «byungjin» initiée par Kim Jong-Un, c’est-à-dire le fait de mener en tandem développement économique et programmes nucléaire et balistique.

Depuis l’arrivée du jeune dirigeant au pouvoir en décembre 2011, à la suite du décès de son père, la Corée du Nord a mené deux essais nucléaires et deux tirs réussis de fusée, généralement considérés comme des essais déguisés de missiles balistiques. 

Opposant une fin de non-recevoir à l’inquiétude de la communauté internationale et aux dernières sanctions du Conseil de sécurité, Kim Jong-Un a poursuivi ses tests. Et les spéculations se sont multipliées sur la possibilité que Pyongyang mène un cinquième essai nucléaire qui coïnciderait avec la tenue du congrès. 

A cette occasion, les médias officiels ont d’ailleurs salué le dernier test nucléaire nord-coréen, mené le 6 janvier, témoignage «de la grandeur et du prestige» de la Corée du Nord «en tant qu'Etat nucléaire».

Toutefois, selon les spécialistes de la question, les dernières images satellitaires du principal site nord-coréen d’essais nucléaires à Punggye-ri ne permettent pas de se prononcer sur l’imminence ou non d’un essai. Le Gouvernement sud-coréen estime, pour sa part, que Pyongyang serait prêt à mener un test dès que l’ordre en sera donné.


© Ed Jones/AFP


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