C'est une première en près de quarante ans. La Corée du Nord a inauguré, le 6 mai, sa première grande assemblée politique depuis 1980, un
congrès du parti unique qui doit consacrer le règne absolu de Kim Jong-Un, avec
pour toile de fond l'éventualité d'un nouvel essai nucléaire.
Les préparatifs de l’événement ont mobilisé le pays tout
entier pendant 70 jours, une campagne dénoncée comme du travail forcé par
l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch.
Le dernier Congrès du PTC remonte à 1980. Kim Jong-Un, âgé
aujourd’hui de 33 ans, n’était donc pas né lors du dernier événement du genre
qui avait désigné son père Kim Jong-Il comme l’héritier de Kim Il-Sung,
fondateur de cette dictature dynastique qui perdure depuis bientôt 70 ans.
Près de quarante ans plus tard, son fils a prononcé une
allocution liminaire et inauguré un renouvellement des cadres du régime, avec
l’ascension d’une nouvelle génération de ténors, choisis pour leur loyauté. La
Chine, qui avait dépêché en 1980 une importante délégation dirigée par Li
Xiannian, devenu ensuite chef de l'État, n'était cette fois pas représentée au
congrès selon les médias officiels chinois, peut-être le signe d'un froid
entre Pyongyang et son seul allié majeur.
Les détails de la réunion, dont les journalistes ont
été soigneusement tenus à l’écart, ne sont pas connus. Quant à la télévision
officielle nord-coréenne, celle-ci s'est abstenue de toute couverture en
direct, consacrant ses émissions à des images d'archives sur les prouesses du
parti et des concerts patriotiques.
Le congrès doit également confirmer, comme doctrine du
parti, la stratégie du «byungjin» initiée par Kim Jong-Un, c’est-à-dire le
fait de mener en tandem développement économique et programmes nucléaire et
balistique.
Depuis l’arrivée du jeune dirigeant au pouvoir en décembre
2011, à la suite du décès de son père, la Corée du Nord a mené deux essais
nucléaires et deux tirs réussis de fusée, généralement considérés comme des
essais déguisés de missiles balistiques.
Opposant une fin de non-recevoir à
l’inquiétude de la communauté internationale et aux dernières sanctions du Conseil de sécurité, Kim Jong-Un a poursuivi ses
tests. Et les spéculations se sont multipliées sur la possibilité que Pyongyang
mène un cinquième essai nucléaire qui coïnciderait avec la tenue du congrès.
A
cette occasion, les médias officiels ont d’ailleurs salué le dernier test
nucléaire nord-coréen, mené le 6 janvier, témoignage «de la grandeur et du
prestige» de la Corée du Nord «en tant qu'Etat nucléaire».
Toutefois, selon les spécialistes de la question, les
dernières images satellitaires du principal site nord-coréen d’essais nucléaires
à Punggye-ri ne permettent pas de se prononcer sur l’imminence ou non d’un
essai. Le Gouvernement sud-coréen estime, pour sa part, que Pyongyang serait
prêt à mener un test dès que l’ordre en sera donné.
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