16 avril 2013

ACTU : La Corée du Nord lance un ultimatum à Séoul après des manifestations hostiles au régime

Catherine MAIA
 
Pyongyang a lancé le 16 avril un ultimatum à Séoul, menaçant de l'attaquer à moins que la Corée du Sud s'excuse des manifestations hostiles à son régime. Un avertissement qui intervient au lendemain du départ du secrétaire d'Etat américain John Kerry d'Asie du nord-est, où il a effectué une tournée de quatre jours pour apporter son soutien à ses alliés sud-coréens et japonais, et incité la Chine à calmer son voisin nord-coréen.

Le porte-parole du ministère de la Défense a réagi en estimant "regrettable que le Nord s'irrite d'informations parues dans la presse" et s'en serve pour "lancer des menaces à notre encontre". "Nous répondrons par des représailles sévères et résolues en cas de provocations orchestrées quelles qu'en soient les raisons", a ajouté Kim Min-Seok.

DES ACTES DE "MONSTRUEUX" ET "TROIS FOIS MAUDITS"

Le 15 avril 2013, date du 101e anniversaire de la naissance du fondateur de la Corée du Nord et grand-père du dirigeant actuel, une quarantaines de manifestants ont brûlé à Séoul des portraits des dirigeants nord-coréens : le fondateur Kim Il-Sung, le fils Kim Jong-Il – tous deux décédés – et le petit-fils Kim Jong-Un.

Qualifiant ces actes de "monstrueux" et "trois fois maudits", le commandement suprême de l'armée nord-coréenne a averti dès le lendemain que "[son] action de représailles débutera sans aucun avertissement à partir de maintenant tant que ces actes criminels blessant la dignité du commandement suprême de la Corée du Nord se poursuivront".

La communauté internationale craignait depuis plusieurs semaines que le Nord marque l'anniversaire du 15 avril en procédant à un tir de missile. Mais l'armée s'est contentée de cet ultimatum, ajoutant que si la Corée du Sud voulait vraiment le dialogue et les négociations, "elle devrait s'excuser pour toutes les actions hostiles à la Corée du Nord".

Le 15 avril, depuis Tokyo, John Kerry, a souligné que "les Etats-Unis rest[ai]ent ouverts à des négociations honnêtes et crédibles sur la dénucléarisation", mais que "la balle [était] dans le camp de Pyongyang."

LÉGER INFLÉCHISSEMENT DANS LES PROPOS

"L'accent est à présent placé sur les conditions de reprise du dialogue et ça vaut la peine d'être noté", observe Kim Yong-Hyun, expert de la Corée du Nord à la Dongguk University de Séoul, notant un léger infléchissement dans les propos de Pyongyang. Jusqu'à présent, le Nord avait rejeté les ouvertures au dialogue et qualifié par exemple de "sournois" l'appel de Séoul à une négociation à propos du site industriel intercoréen de Kaesong, quasiment fermé.

A Washington, la Maison Blanche a précisé le 15 avril que les conditions de reprise de dialogue avec Pyongyang restaient inchangées. "Cela a toujours été notre position (...). La Corée du Nord doit s'engager à respecter les obligations internationales comme cela a été convenu", a rappelé le porte-parole Jay Carney. Washington a par ailleurs invité la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye le 7 mai.

La péninsule coréenne connaît un très vif regain de tensions depuis qu'un nouveau train de sanctions a été adopté à l'ONU contre la Corée du Nord suite à son troisième essai nucléaire le 12 février dernier. Irrité aussi par des manœuvres militaires américano-sud-coréennes, le régime de Pyongyang a menacé de "guerre thermonucléaire" les Etats-Unis et la Corée du Sud, et du "feu nucléaire" le Japon, qui a déployé des moyens pour détruire tout missile nord-coréen qui menacerait son territoire.

Selon les services de renseignements sud-coréens, le Nord a récemment déployé sur sa côte orientale deux missiles Musudan, d'une portée théorique de 3 000 à 4 000 kilomètres, capables d'atteindre la Corée du Sud, le Japon et l'île américaine de Guam. Le ministère de la Défense sud-coréen a prévenu le 15 avril que les mesures de protection ne seraient pas levées même si la Corée du Nord ne tirait pas ce jour là. "Cette situation, a-t-il assuré, pourrait durer un moment".

Sources : AFP / Le Monde

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