5 décembre 2016

ACTU : Nouveau rejet d’un projet de résolution du Conseil de sécurité sur la Syrie en raison du veto de la Russie et de la Chine

Catherine MAIA

Un projet de résolution demandant une trêve à Alep, en Syrie, a été rejeté le 5 décembre par le Conseil de sécurité de l'ONU en raison du veto émis par deux membres permanents du Conseil, la Russie et la Chine.

Le Venezuela, membre non-permanent, a également voté contre ce texte soumis par l'Espagne, l'Egypte et la Nouvelle-Zélande. L'Angola s'est abstenu.

Le projet de résolution déclarait notamment que toutes les parties au conflit syrien devaient mettre fin dans les 24 heures à toutes les attaques menées dans la ville d'Alep, sans exception et quelles que soient les armes utilisées, de façon à ce que les besoins humanitaires urgents puissent être satisfaits, pour une période de 7 jours.

Il exigeait, par ailleurs, que toutes les parties autorisent le personnel humanitaire de l'ONU et de ses partenaires d'exécution à accéder immédiatement, durablement, en toute sécurité et sans entrave à l'ensemble de la ville d'Alep et qu'elles facilitent cet accès.

Le texte exigeait également que toutes les parties procèdent immédiatement à la cessation des hostilités et veillent à sa pleine mise en œuvre, et qu'elles donnent suite notamment à la demande tendant à permettre aux organismes humanitaires un accès rapide, sûr et sans entrave à l'ensemble du territoire syrien.

Il y a deux mois, le 8 octobre 2016, les membres du Conseil de sécurité de l'ONU n'étaient pas parvenus à se mettre d'accord sur deux projets de résolution ayant pour objectif de mettre fin au conflit en Syrie. Le premier projet de résolution, soumis au vote par la France et l'Espagne, avait été rejeté en raison du veto de la Russie. Ce texte appelait à la cessation des bombardements à Alep. Le deuxième projet de résolution, soumis au vote par la Russie, avait aussi été rejeté car n'ayant pas obtenu suffisamment de votes favorables. Ce texte appelait à une cessation des hostilités mais sans demander spécifiquement un arrêt des bombardements à Alep.

Avant le vote, le délégué de la Fédération de Russie a affirmé que le texte avait été distribué le matin même, à 11 heures, et que le vote aurait dû avoir lieu le lendemain, en vertu d’une règle de procédure selon laquelle un délai d’au moins 24 heures est nécessaire pour l’examen d’un texte. « Si nous avions disposé de plus de temps, peut-être aurions-nous pu aboutir à un consensus pour améliorer la situation en Syrie », a-t-il affirmé. Le projet de résolution, a-t-il également regretté, ne prévoit pas le retrait des combattants de la ville d’Alep, contrairement au plan sur lequel travaillent la Fédération de Russie et les États-Unis.

La Russie se soucie davantage de « préserver ses gains militaires » sur le terrain que de trouver une solution, a fait remarquer la représentante des États-Unis. Elle a qualifié « d’invention » l’assertion selon laquelle la mise aux voix de ce projet de résolution ferait obstacle aux avancées diplomatiques réalisées par ailleurs.

Après le vote, les partisans de ce projet de résolution ont exprimé leur déception, notamment le délégué de la Nouvelle-Zélande, qui a estimé que l’incapacité du Conseil de sécurité à agir nuisait à sa réputation et adressait à la population syrienne « un terrible message ».

Une nouvelle fois, la Russie a empêché l’unité du Conseil de sécurité, a déploré le délégué de la France, en indiquant que les raisons motivant cette décision étaient « claires ». « En l’espace de quelques jours, le régime de Bashar Al-Assad et ses soutiens – au premier chef la Russie et l’Iran – ont tout fait pour accélérer la chute d’Alep, alors même que la date d’adoption du projet de résolution était déjà fixée, pour que la trêve exigée par les Nations Unies et par l’écrasante majorité de ses États membres n’ait plus lieu d’être mise en œuvre », a expliqué le représentant de la France.

Cette position a été réfutée par le délégué du Venezuela, qui a estimé que l’objectif de ce texte visait à instrumentaliser la question humanitaire pour saper les efforts de la Fédération de Russie en Syrie.

La mise aux voix de ce texte, en dépit de divergences, n’est pas de nature à renforcer les initiatives de la Fédération de Russie et des États-Unis, a appuyé le représentant de la Chine. Ce dernier a, par ailleurs, dénoncé les accusations lancées contre son pays par le délégué du Royaume-Uni, en soulignant que de telles accusations allaient à l’encontre du caractère solennel des réunions du Conseil de sécurité.

Le représentant du Royaume-Uni avait déclaré qu’en votant contre ce texte, la Chine avait choisi de se mettre aux côtés de la Russie, car tous les deux « font confiance en un despote qui s’est retourné contre son peuple ».

Assurant que l’Espagne, qui préside ce mois le Conseil de sécurité, n’avait « aucun regret » concernant son vote, l’ambassadeur espagnol Román Oyarzun Marchesi, a rappelé que l’Assemblée générale se réunirait, dans trois jours, pour demander au Conseil d’agir en Syrie.

Source : Conseil de sécurité


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