En une formule tout à fait politiquement incorrecte, que l’on m’a parfois reprochée, j’ai écrit ailleurs que la souveraineté c’est comme la virginité, on l’a ou on ne l’a pas. L’image n’est pas forcément de très bon goût (surtout en cette période de retour de l’ordre moral), mais je maintiens l’idée : la souveraineté est un concept qui caractérise l’État ; elle ne se limite pas (ce sont les compétences de l’État, qui trouvent leur fondement dans la souveraineté, qui peuvent être limitées) ; et elle ne peut être «saucissonnée» en souverainetés «économique», «culturelle», «territoriale» ou ... «pénale». Ces expressions sont pourtant d’un usage commode en ce qu’elles attirent l’attention sur l’étendue, particulièrement importante, des compétences de l’État (ou serait-ce des compétences revendiquées par les États ?) dans ces différents domaines. Va donc pour la «souveraineté pénale» de l’État – mais de qui d’autre pourrait-il s’agir ? Seul il est souverain au plan international, étant remarqué qu’elle va de pair avec (ou qu’elle est l’une des manifestations de) cette autre «tranche» de souveraineté qu’est la souveraineté territoriale, manifestation la plus accomplie des compétences de l’État.
(Extrait de la préface d'Alain Pellet)
TABLE DES MATIÈRES
RemerciementsRAPPORT INTRODUCTIF
Préface, Alain Pellet
Avant-propos, Fatou Bensouda
Muriel Ubéda-Saillard, Le lien entre souveraineté et droit de punirI. L’EXERCICE RATIONE MATERIAE DU DROIT DE PUNIR : L’ÉLARGISSEMENT DES VALEURS POLITIQUES ET SOCIALES PROTÉGÉES
Louis de Carbonnières, Le droit pénal, expression de l’autorité du souverain : imperium ou jurisdictioII. L’APPLICATION RATIONE PERSONAE DU DROIT DE PUNIR : LA MULTIPLICATION DES COMPÉTENCES JURIDICTIONNELLES CONCURRENTES
Theodor Meron, L’esquisse d’une politique pénale mondiale
Bertrand Repolt, Le principe de neutralité d’Interpol comme vecteur d’une protection croissante des droits et intérêts individuels
Olivier Cahn, Les interactions normatives entre les régimes de common law et de droit romano-germanique
Marina Eudes, Punir en marge du droit ?
Julie Alix, Le juge national comme juge naturel ?III. ATELIERS THÉMATIQUES CONSACRÉS À LA COOPÉRATION ENTRE LES AUTORITÉS COMPÉTENTES EN MATIÈRE PÉNAL
Marc Henzelin, La souveraineté pénale nationale à l’heure de la concurrence des États et des procureurs : vues d’un praticien
Paola Gaeta, La concurrence du juge international
Daniel Fransen, Face à l’internationalisation : existe-t-il des compétences irréductibles du juge interne?
Atelier I. L’évolution des techniques de la coopération « mineure », sous la présidence de Audrey Darsonville, Patrick Meunier,
Jonathan Bourguignon, Les atteintes aux intérêts financiers de l’Union européenne : réponses institutionnelles et reconnaissance du pouvoir de punir de l’UnionAtelier II. La géométrie variable de la coopération « majeure », sous la présidence de Pascal Beauvais, Florence Bellivier
Aude Brejon, Le contrôle de l’exécution des peines prononcées par la Cour pénale internationale :une confiance démesurée de laCPI à l’Etat ?
Manon Dosen, Les défaillances de la coopération post-jugement des Etats avec les juridictions pénales internationales
Philippe Ch.-A. Guillot, La coopérationpolicière et judiciaire internationale enmatièrede lutte contreletrafic illicite de biens culturels
Maxime Lassalle, Souverainetés et responsabilitésdans la collecte internationale de preuves L’exemple de l’accès aux données bancaires en matière pénale
Juan Manuel Bradi, La colaboración internacional en materia penal y el derecho internacional público. El caso argentino en el contexto latino americanoAtelier III. Les résistances nationales ou régionales, sous la présidence de Julian Fernandez, Hélène Tigroudja
Philippe Flory, La coopération majeure entre les États et les juridictions pénales internationales: vers la fin de la verticalité?
Rachel Lucas, Le dénuement de la Cour pénale internationale face aux défauts d’exécution des demandes d’arrestation et de remise
Crescence Marie-France Okah, Le mandat d’arrêt européen face à la souveraineté pénale des États : une plaie ou un atout ?
Olga Bodnarchuk, L’effet relatif de la compétence complémentaire de la CPI sur la souveraineté pénale de l’État : exemple de la Fédération de RussieIV. L’APPLICATION SPATIALE DU DROIT DE PUNIR : LE DÉPASSEMENT DES FRONTIÈRES
Gabin Fabrice Eyenga Seke, La régionalisation du droit international pénal : «une résistance à la justice internationale pénale»
Scott Fougère, Les résistances à la mise en œuvre de l’obligation internationale de répression des violations graves des droits de l’homme : l’exemple des pays d’Amérique latine
Mathilde Massé, La politique juridique de la France à l’égard des crimes de guerre
Michel Massé, Les aménagements conventionnels de l’exercice de la puissance publique sur le territoire nationalCONCLUSIONS
Benjamin Juratowitch, QC, Alexandra van Der Meulen, Daniel Müller, L’extraterritorialité du droit pénal et les sanctions
Denis Alland, La communauté internationale malade de la peste : quelques notes conclusives (?) sur la souveraineté « pénale » de l’État
SFDI, La souveraineté pénale de l’État au XXIe siècle, Paris, Pedone, 2018 (520 pp.)
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